Nombre de Québécois extrémistes se réfugient sur le « Facebook russe » VKontakte (VK) pour fuir les autorités québécoises. On peut par exemple penser à l’influenceur Pierre Dion, qui a été banni de Facebook pour ses appels à la haine.
Mais une fois entre eux, sur VK, les propagateurs de haine continuent à se radicaliser mutuellement et peuvent devenir des bombes à retardement.
Valentin Auclair en est un exemple parmi d’autres. Voici comment il apprécie son nouveau foyer virtuel :
(Avertissement avant d’aller plus loin : contenu extrême)
Qui est Auclair?
Une publication pdf du Cégep de Granby montre qu’il y était stagiaire en « traitement documentaire numérique » vers 2010. À l’époque où il avait encore des cheveux :
Sur son compte LinkedIn, il confirme son expérience au Cégep de Granby et soutient désormais travailler pour l’organisme l’Autre Versant, établi à Granby :
Son compte VK indique qu’il aurait 38 ans:
Auclair sévit depuis des années sur les réseaux sociaux, dans une relative impunité. On peut ainsi l’observer se faire bloquer d’un blogue en mai 2017, pour ses propos glorifiant Hitler :
Plus récemment, dans un post du 8 octobre 2019, on apprend qu’il aurait reçu la visite de flics qui le soupçonnaient d’incitation à la haine :
Mais l’inaction globale dans son cas est étonnante. Il appelle couramment – et publiquement – au génocide de Juifs, de musulmans, à pendre des Noirs, etc., sans qu’on lui fasse le moindre procès.
Le 4 novembre, il va jusqu’à encourager l’achat d’armes pour que « la chasse » puisse commencer :
Il a partagé des plans pour fabriquer des armes artisanales, telle celle-ci :
Notons que ce type est dangereux même pour son entourage à Granby :
Résolument nazi
Il n’y a aucun doute sur l’engagement néonazi de M. Auclair. Il réfère à Adolf Hitler en tant que « notre bon Führer » et utilise le « nous » lorsqu’il parle des nazis :
Appels aux génocides
Valentin Auclair dépasse largement les limites de la liberté d’expression en faisant des appels publics à la violence envers les minorités. Que ce soit sur Twitter, Facebook, sur des blogues d’autres gens, sur VK, il ne cesse de semer ses fantasmes génocidaires partout où il passe.
Je ne présenterai pas tous ces appels mais seulement un échantillon. Commençons par ses souhaits de Nouvel An pour les Juifs, les musulmans et les Noirs :
Il incite à tuer des gens, et ce n’est pas nouveau, il disait la même chose il y a 6 mois :
Potentiel terroriste?
On peut rapidement constater que sa propagande toxique pourrait inciter des gens à passer à l’action. Puis il va plus loin en admirant des terroristes notoires :
Photo de profil qu’il a autrefois utilisée sur FB
Menaces envers les Noirs
L’homme vénère le KKK et a une fascination pour les actes de pendaison :
Il souhaite l’extermination des Noirs :
Son idéologie qui sous-tend cette haine est tout aussi répugnante : il soutient que les Noirs sont des animaux et que le métissage serait de la zoophilie…
Le pire est qu’il osera ensuite soutenir qu’il n’est absolument pas « raciste » :
Et comme si ce n’était pas suffisant, M. Auclair vante également sa consommation de pornographie ultra-trash et souhaite l’abaissement de l’âge de consentement sexuel à 9 ans :
Conclusion
Cette personne a sûrement besoin de soin et d’être tenue loin des réseaux sociaux.
De plusieurs manières, il pose un danger, pour les minorités, pour les enfants, pour n’importe qui…
Rappelons que sur VK, il a un réseau, on y est quasiment à la droite de l’extrême-droite… Des gens qui étaient un peu xénophobes au départ, s’y radicalisent exponentiellement.
Il y a notamment Pierre Dion qui le repartage :
Il y a sans doute différentes leçons à tirer de ce cas particulier.
Je suis encore employé d’un CISSS, mais plus pour longtemps (loi 21 et dégradation des conditions de travail ont achevé toute motivation à servir le public, ma femme, nos trois enfants et moi préparons une migration dans le ROC ou à l’étranger. Nos démarches d’émigration, vers Canada ou overseas sont enclenchées. D’ici 24 mois départ.
Anyway c’est une anecdote banale. En 16 ans au Québec (à moins d’une heure de Montréal seulement!), j’ai observé une montée de racisme, entre autres venant du personnel clinique et de soutien. Incluant “maudits nègres”, etc. Mais aussi discrimination systémique sur la base de la langue (un patient ne parlant pas ou peu français au Québec est de facto privé de soins adéquats et diligents et tant les cadres que les cliniciens s’en « calissent » et refusent même d’utiliser le service de traducteurs médicaux dûment formés, pouvant offrir des services par téléphone. Mais Marois a marqué une rupture, puis Lisée et la CAQ ont achevé le mythe du Québec « tolérant » (quel terme odieux, arrogant, contraire au devoir humain d’hospitalité).
Dans ce contexte, voici une banale anecdote: je travaille à l’urgence d’un CH, plusieurs résidentes en médecine ces derniers années sont de jeunes femmes musulmanes avec foulard (“étrangement” aucune ne semble établir sa pratique dans la région si on se fie à nos listes de MD par spécialité et ça ne va pas s’améliorer avec la CAQ/PKP/PQ). Nous avons aussi des spécialistes juifs/juives qui se déplacent de MTL, certains avec des accessoires vestimentaires traduisant leur identité. Le personnel est débordé, professionnel et a vraiment peu de temps pour propos ou jokes racistes!
Malgré tout, parfois, des usagers réfugiés (Syrie, Congo) ou immigrants qualifiés provoquent des propos déplacés prononcés loin du patient et surtout des pratiques non déontologiques concernant langue, culture et communication, pourtant cruciales pour établir un diagnostic différentiel. Ainsi des femmes venant d’une zone de guerre, avec viols et autres violences de genre, avec signes et symptômes possiblement neuro. ou psy., et la traduction bancale est effectuée, au mieux, par un mari, ou par un fils ou une jeune fille, ou une « amie ». Et jamais durant l’hospitalisation ces patients n’auront accès à un service de traduction médicale professionnelle.
Mais revenons à l’anecdote « loi 21 ». Donc arrive une jeune femme blanche qui est immobilisée sur civière, elle demande du personnel féminin pour l’aider à uriner dans un bassin (évidemment nos infirmières sont formées en agressions sexuelles, trop de consultations pour cela). Une résidente en médecine (jeune femme adorable avec foulard) est au poste ainsi qu’une infirmière « pure laine » (une mince porte sépare le poste inf/MD de la civière de cette patiente située à 5/7 mètres max) qui lâche à haute voix « coudonc cte patiente stu une voilée? Elle veut pas d’homme pour l’aider à pisser, elle va attendre! »
La résidente musulmane continue ses notes, imperturbable (en apparence).
J’ai beau être blindé, avoir vu et entendu infiniment pire, la fatigue des longues heures en sons critique aidant, c’en est trop cette journée-là! je lui réponds que son propos est inacceptable, elle ne semble avoir aucun remords, aucune empathie, ce qui me décide; je vais voir la personne responsable, cadre.
Quelques minutes dans le bureau à raconter l’anecdote, souligner le fait que la patiente, et la résidente, ont probablement entendu; qu’une jeune femme refusant la nudité devant un homme professionnel de la santé pourrait suggérer histoire d’agression sexuelle; que de toute façon c’est un cas flagrant et pitoyable de manquement au code de déontologie et au professionnalisme, qu’il y a une politique (théorique) de zéro tolérance envers les incivilités dans l’établissement, propos discriminants etc. Qu’un rappel sur ces politiques serait apprécié. La réponse raciste et méprisante de la personne cadre, je préfère la taire…
Il y a aussi le cas de cette belle jeune femme, de confession hindoue, qui a droit à un mépris à peine dissimulé, du fait qu’elle demande des soins intimes par des femmes. Des propos racistes incohérents sont marmonnés au poste par plusieurs soignants.
Il y a aussi tout ces moments magiques, comme les confidences touchantes de cette femme âgée « de souche », catholique et toute la patente, visiblement métissée contrairement à ses frères, sœurs qui eux ont une peau et des traits des immigrants/envahisseurs européens. Elle me raconte son enfance au magnifique Lac St-Jean: entre le bonheur de la nature, des rares visites à la réserve proche avec de beaux moments de savoirs ancestraux partagés par les femmes indigènes. Et la violence du racisme quotidien: « sale indienne », « tes cheveux de sauvagesse », « t’es sale », « ta mère a couché avec un sauvage »… Et les abus sexuels qu’elle révèle à mots couverts, avec pudeur, immense privilège pour l’inconnu que je suis. Elle revient en quelques mots économes et précis sur la joie de son exil loin de l’étouffoir du Lac, à 16 ans, révolution tranquille en préparation, la grande ville, les amies, le travail dans une shop de la banlieue ultra conservatrice de Québec, ou elle restera malgré tout une « étrange » et une marginale (elle aime les plantes, les chats, les livres et le gazon trop long, autant de tares inacceptable dans ce village ouvrier/agricole blanc) malgré les années qui passent, elle me glisse « c’était une belle époque, les discours de René Lévesque, les larmes, l’espoir… »
Autre anecdote banale d’un soignant de musulmanie en région: une patiente âgée (scolarité niveau primaire) sur un étage, s’adressant à l’AIC (Assistante Infirmière Chef) pour se plaindre du service « pourquoi qui obligent pas les zimmigrants à être bénévoles pour nous soigner, zont pas besoin d’argent, y zont toute en arrivant icitte eux ». L’AIC, qui a une expérience hors Québec, de lui répondre offusquée qu’il est inacceptable et illégal de vouloir forcer des gens a travailler sans salaire et contraints. (Pour ma part, je ne l’ai évidemment pas confronté sur le terrain politique, appliquant strictement la neutralité bienveillante du soignant, même envers des patients racistes ou antécédents pédophiles). La Charmante patiente esclavagiste n’est évidemment pas réceptive, et repart en marmonnant sur les immigrants « qui ont toute»… Au moins 30% de la clientèle âgée a un torchon de PKP sur la table de chevet durant leurs séjours.
Et les propos de ce genre, souhaitant un esclavage de facto des immigrants racisés pour combler la pénurie structurelle de main d’œuvre dans les secteurs traditionnellement féminins, sont légion… En même temps qu’un désir d’invisibilité de ce cheap labor fantasmé.
Je vais quitter le réseau de la santé dans quelques mois. Le Québec, pourtant débordant de potentiel et de créativité, ce territoire autochtone soumis à des siècles de génocide et de pillage, aurait pu se tailler un destin de réconciliation, de guérison, mais des élites aussi stupides que vicieuses ont choisi le chemin de la France, une sournoise descente dans l’obscurantisme néocolonial et l’apartheid soft. Une contre-révolution « tranquille » et absolument hypocrite. Nos enfants, multilingues, multiculturels, impliqués dans la communauté et accumulant les réussites scolaires, ne subiront pas cet environnement médiocre, lâche et mesquin. Reste Montréal, cœur économique et culturel, assiégé et cristallisant les frustrations sociales, les angoisses identitaires et l’héritage colonial de plusieurs régions.
Ces pauvres gens votent et PKP, fils à papa d’une rare incompétence, est le faiseur de régime, leur Duplessis postmoderne.
Quant à l’argument selon lequel la jeunesse de région serait miraculeusement moins xénophobe et moins imprégnée par cette socialisation de village colonial, ou sont les preuves scientifiques?
Un futur ex-Québécois ».
***
En complément, j’ajoute quelques témoignages recueillis sur mon mur Facebook, suite à la publication du texte (je masque les noms car plusieurs sont des employés.es) :
Dans les semaines à venir, Québec solidaire aura à préciser sa position quant au port de signes religieux dans la fonction publique. La tentation est grande d’embrasser le « compromis » Bouchard-Taylor, à la fois pour des raisons idéologiques et stratégiques.
Mais, dans une perspective progressiste, est-ce vraiment la position la plus raisonnable?
7 bonnes raisons de rejeter les projets d’interdiction
(1) La commission Bouchard-Taylor cherchait à mettre fin à la « crise des accommodements raisonnables » qui a sévi de l’automne 2006 jusqu’à son point culminant en janvier 2007, lorsque le village d’Hérouxville adopta un « code de conduite » destiné aux nouveaux arrivants : interdiction de la lapidation, de l’excision, etc.
En d’autres termes, il fallait cette commission pour calmer la grogne populaire contre certaines minorités confessionnelles. Les médias ont largement contribué à alimenter ce sentiment de panique autour d’un faux problème. Savez-vous que la Commission des droits de la personne (CDPDJ) reçoit 13 fois plus de demandes d’accommodement pour cause d’handicaps que pour motifs religieux (0,69% des demandes, toutes religions confondues)?
Maintenant que la soi-disant « crise des accommodements » est chose du passé – la question des accommodements n’est plus d’actualité depuis onze ans – le « compromis » Bouchard-Taylor n’est plus nécessaire.
(2) Dans ce même ordre d’idées, les commissaires Bouchard et Taylor ont pris leurs distances de ce rapport rédigé il y a plus de dix ans. Le philosophe Charles Taylor recommande de ne rien faire : « Nous nous trouvons dans une situation où les choses s’arrangeront d’elles-mêmes avec le temps, parce que les gens viennent à se connaître les uns les autres, les inquiétudes disparaissent » (CBC, 18 octobre 2018).
Quant au sociologue Gérard Bouchard, il souligne une situation inéquitable : « Nous ne pouvons logiquement et honnêtement demander de réduire les droits de certains citoyens, alors que nous avons toujours le crucifix à l’Assemblée nationale. (…). Nous perdons toute crédibilité vis-à-vis des minorités ». « Depuis 10 ans, le débat sur la laïcité est centré sur la question du hidjab ». « Je crois que c’est une façon polarisante de mener le débat et ça ne fait que creuser davantage les divisions et cela rend impossible une conversation » (Montreal Gazette, 26 octobre 2018).
(3) En plus de vouloir résoudre un faux problème et de créer des divisions, l’interdiction du port de signes religieux dans la fonction publique s’attaque frontalement aux droits fondamentaux : les Chartes des droits et libertés ne permettent pas qu’on puisse discriminer des gens sur la base de leurs croyances religieuses. Si un parti comme Québec solidaire souhaite remettre en cause les droits fondamentaux de certaines minorités, alors le fardeau de la preuve lui revient : en quoi ces discriminations sont-elles urgentes et indispensables?
(4) L’argument selon lequel « des femmes se battent dans d’autres pays pour ne pas porter le voile, donc il faudrait le restreindre ici » n’est pas valide. Le point central est la défense des droits fondamentaux. S’il y a des pays où le port du voile est imposé par la force et l’intimidation, cela contrevient à ces mêmes droits fondamentaux, que nous devons chérir.
Au Québec et au Canada, les femmes sont libres de porter ce qu’elles veulent. Leur liberté est garantie. Si l’on interdit le port de signes religieux dans une partie de la fonction publique, cela revient à discriminer ces gens et porter atteinte à leurs droits fondamentaux. De toute façon, le débat n’est pas censé porter spécifiquement sur le hidjab, mais sur tous les signes religieux.
(5) D’où vient ce sentiment d’urgence qu’il faille légiférer pour invisibiliser des signes religieux qu’on ne voudrait pas voir? Un retour du religieux? En fait c’est plutôt la catégorie des non-croyants.es qui semble en plein essor depuis trente ans, tandis que les femmes arborant le voile forment moins de 0,5% de la population québécoise. Et encore là, rappelons que l’écrasante majorité de celles-ci ont le visage découvert, pourquoi la panique?
(6) Depuis le 11 septembre 2001, les médias occidentaux ont fait leurs choux gras de la peur de l’islam et du terrorisme, martelant des images de femmes voilées intégrales en la « Une » de leurs journaux et de n’importe quel topo. Cela a marqué les imaginaires et amplifié démesurément l’inquiétude vis-à-vis de l’islam.
Une étude réalisée à l’Université de l’Alabama démontre que les attaques terroristes commises par des musulmans reçoivent 7 fois plus d’attention que celles commises par des individus adhérant à d’autres croyances. Cette disparité médiatique provoque nécessairement l’impression que les musulmans.es seraient plus enclins au terrorisme (The Guardian, 20 juillet 2018).
Si la vue de signes religieux indispose tant de gens, c’est notamment en vertu de préjugés qui furent consolidés au fil des années. Ce n’est pas en stigmatisant ces femmes que les préjugés s’effaceront…
(7) La CSN ainsi que la Fédération des femmes du Québec (FFQ) s’opposent à l’interdiction de signes religieux en invoquant plusieurs raisons, dont le fait que ce n’est pas en excluant des minorités confessionnelles de la fonction publique qu’on facilitera leur intégration.
Quant aux femmes qu’on prétend vouloir « délivrer » du supposé joug de leur voile – cela reste à démontrer car, au Québec, elles sont libres de le porter ou non, elles arborent généralement leurs signes religieux par simple expression de leur foi – rappelons qu’elles subissent leur lot de violences verbales et physiques avec la montée des courants identitaires partout en Occident. Nul besoin d’une discrimination institutionnelle venant s’ajouter à cet ensemble de pressions sociales non-sollicitées.
Pour toutes ces raisons, on peut penser que Québec solidaire – un parti qui se définit comme inclusif de par son programme – devrait faire le choix de la tolérance face au pluralisme. La laïcité, la vraie, est tout à fait compatible avec l’ouverture au pluralisme.
Il y a un an, en décembre 2017, TVA Nouvelles déchaînait la ferveur des islamophobes en lançant le fameux « Chantiergate », c’est-à-dire un reportage-choc selon lequel deux mosquées de Montréal auraient soi-disant exigé qu’un chantier de construction proscrive « les femmes » y travaillant le vendredi, jour de prières.
Des menaces sérieuses avaient été lancées dans les jours suivants contre les mosquées et des groupes radicaux avaient organisé une manif le vendredi pendant les prières.
Il n’avait fallu que 48 heures pour mes amis.es d’On Jase et moi pour remettre en question la version de TVA et cibler cet individu dont les propos versaient dans la xénophobie :
TVA Nouvelles a ouvert une « enquête interne » et ce n’est qu’un an plus tard que cette vérification s’est conclue… absurde :
JANVIER 2018
Les groupes extrémistes ayant connu leur apogée en 2017, tels La Meute et Storm Alliance connaissent un ralentissement durant l’hiver. L’équipe d’On Jase – un journal web amateur bénévole qui plaide en faveur de la tolérance – met en branle le travail de moine qui consiste à calculer le nombre réel de participants au groupe secret de La Meute.
Les conclusions sont renversantes : alors que les chefs de La Meute prétendent pouvoir compter sur 40 000 à 60 000 membres, on apprend qu’ils sont moins de 4000 et à peine quelques centaines de loups sont réellement actifs sur le groupe secret. Ce résultat se confirme aussi à l’occasion de leurs manifestations dans la vie réelle, où ils peinent à rassembler plus de 200 personnes.
Le 10 janvier, une organisation néonazie de Québec – Atalante – cherche à m’intimider en raison d’une entrevue sur le groupuscule que j’avais accordée à Radio-Canada trois semaines plus tôt. Ils posent des bannières durant toute une nuit :
Atalante vise également des célébrités comme Guy A. Lepage. Les « de souche » sont taxés de « traîtres », tandis qu’Amir Khadir et Jaggi Singh sont taxés de « parasites ». Il ne semble pas que la police les ait embêtés par la suite. Il a fallu que les militants d’Atalante intimident les locaux du média « VICE » pour que la police intervienne enfin.
(Toutes les caricatures en noir et blanc seront d’Alex Fatta)
FÉVRIER 2018
Dans le sillage de mon entrevue sur Atalante, d’autres militants anti-islam cherchent eux aussi à me nuire à leur manière, en portant plainte contre Radio-Canada car je ne serais pas suffisamment « expert » à leur goût.
L’ombudsman rejette leur plainte sans hésiter, estimant que je serais tout à fait crédible et que c’est plutôt eux qui font de l’acharnement. Le principal plaignant, François Doyon, perd ainsi la face et décide de quitter Facebook dans les semaines subséquentes :
(Il était si obsédé par moi que sa bannière Facebook affichait des stickers contre moi qui avaient été posés au métro Joliette, à Montréal)
Coup dur pour l’extrême-droite, la Storm Alliance perdra son leader Dave Treggett pour une sombre histoire de scandales sexuels. Le pauvre « Treg » était pourtant à son apogée. Quand il y eut le « chantiergate », une vidéo de lui en train de piétiner dans la neige avait été partagée plus de 10 000 fois.
(Dave Treg, spécialiste des vidéos dans son char)
MARS 2018
En février et mars, des chroniqueurs comme Mathieu Bock-Côté et Lise Ravary se mettent à marteler que les antiracistes sont les vrais racistes. Voir cette fine analyse de Ravary :
Pendant ce temps, une chroniqueuse française révèle à MBC qu’il est vénéré à l’extrême-droite. Ce dernier réplique : « On ne peut empêcher un cœur d’aimer » ;
Quelques mois plus tard, Marissal causera la surprise en défaisant Lisée, chef du parti québécois, dans ce comté.
Au même moment, une vague de haine déferle contre la candidate solidaire Ève Torres, pour la simple raison qu’elle porte le voile. Même si elle est progressiste et féministe, rien n’y fait. Ce serait une méchante « islamiste », selon Ravary et Benhabib. Denise Bombardier nous prédit « un sombre avenir »…
En avril, il y a aussi eu le « Manifeste » de La Meute, qui était une niaiserie rédigée par leur gourou Sylvain « Maikan » Brouillette. Ç’a avait pour but d’attirer les médias dans son patelin de Saint-Agapit. Quelques femmes avaient été mises à l’avant-scène pour faire accroire que La Meute – machiste – était paritaire :
MAI 2018
On apprend qu’un des plus influents néonazis au monde est le Québécois Gabriel Sohier Chaput, résident du quartier Rosemont. Il était le #2 du site suprémaciste blanc « Daily Stormer »
Sur le plan politique, une amie me fait remarquer qu’une nouvelle candidate du Parti québécois, Mme Muguette Paillé, partage de drôles de choses sur sa page Facebook.
En poussant mes recherches plus loin, je me rends compte qu’elle participe carrément à des forums d’extrême-droite et qu’elle tient des propos tout à fait choquants. Suite à mes deux billets sur le sujet, la direction du Parti québécois décide de retirer sa candidature, même si Lisée l’avait accueilli à bras ouverts en disant qu’elle était « la voix de la sagesse populaire » :
La même semaine, des amis.es insistent pour me signaler qu’au fond, une autre candidate, Michelle Blanc, serait tout autant islamophobe. J’écris donc un billet qui est aussitôt repris par le « Journal de Montréal » :
Mme Blanc ne me pardonnera jamais ce billet. Elle tentera de se venger plus tard.
JUIN 2018
La Meute fait une assemblée officielle à la Brasserie Gueule de loup, à Sainte-Adèle. Non seulement la propriétaire ferme les yeux sur leur racisme, mais va jusqu’à les appuyer, puis des membres de sa famille et du personnel joignent les groupes Facebook de La Meute. Une guerre d’« avis » s’en est suivie sur les médias sociaux, entre racistes qui accordaient une note de 5/5 à la microbrasserie et les antiracistes qui donnaient 0/5.
Sommet du G7 à Québec : les grands médias craignaient les manifestants.es, mais ce sont plutôt les forces de l’ordre qui ont abusé…
Un nouveau groupuscule d’extrême-droite émerge, « Independance Day ». L’un des co-dirigeants est l’ancien chef du volet québécois du KKK dans les années 90’…
JUILLET 2018
Le 1er du mois, La Meute ose se présenter à Montréal, pour un événement « historique ». Les xénophobes seront finalement moins de 100 et seront encerclés par les contre-manifestants antiracistes.
Je publie un billet sur le Front patriotique du Québec qui tient une marche le même jour. Il s’agit d’un groupe d’extrême-droite souverainiste qui s’est lié à la milice du III%.
Ce groupe me menacera avec toujours plus d’intensité, souhaitant même organiser une manif devant un cégep où j’enseigne :
AOÛT 2018
Diane Blain se fait connaître en interrompant une allocution partisane de Justin Trudeau. Elle l’accusait de favoriser l’immigration « illégale », ce qui est faux. Il réplique que les discours d’intolérance n’ont pas leur place au Canada, ce qui va choquer les chroniqueurs identitaires. On révélera peu après qu’elle était intimement liée à l’extrême-droite québécoise :
(ici avec Storm Alliance, à Lacolle)
Une nouvelle figure apparaît dans les rangs xénophobes, Pierre Dion, qui tient des propos racistes et confus. Il organise une manif à Laval contre l’immigration. De grands médias décident de couvrir l’événement et lui tendent le micro même s’ils sont tout juste une vingtaine.
La campagne électorale est officiellement lancée le 23 août. Une personne me contacte pour m’informer qu’un autre candidat du PQ aurait multiplié des commentaires inappropriés sur les réseaux sociaux : Pierre Marcotte, dans Drummond-Bois-Francs.
J’écris un billet le soir même et je vais me coucher. Ç’a pris moins de 5 heures que déjà Jean-François Lisée annonçait en point de presse que son candidat était viré.
C’était donc le troisième candidat péquiste qui se trouvait dans l’eau chaude à cause de moi. Mais en réalité j’avais à peine enquêté sur eux, leurs publications Facebook étaient publiques, à la portée de tous.
J’ai toujours l’intime conviction que la CAQ est un parti plus à droite que le PQ, c’est juste un hasard si on ne m’a signalé aucun de leurs candidats ayant de telles traces islamophobes sur les réseaux sociaux…
SEPTEMBRE 2018
Des chroniqueurs comme Steve E. Fortin, Denise Bombardier, etc., essaient de me traîner dans la boue en me traitant de diffamateur professionnel, etc. Lisée reconnaissait pourtant que mes textes étaient justes et factuels puisqu’ils disaient la vérité.
C’est alors qu’est intervenue la candidate Michelle Blanc – experte en réseaux sociaux – qui m’a diffamé en soutenant que si moi je laissais entendre qu’elle est islamophobe, donc ça lui donne le droit de laisser entendre que j’aimerais « les petites filles de 15 ans ». What??? Elle répéta la même chose dans deux Tweets.
Un avocat m’a contacté rapidement pour me faire part qu’il faudrait la mettre en demeure pour exiger une rétractation, ce que nous avons fait et obtenu :
Tout au long de la campagne électorale, La Meute est allée intimider partis politiques, députés.es, en faisant du vandalisme, avec une certaine tolérance des corps policiers. Ils ont même vandalisé un lieu où je travaille. J’ai dû porter plainte :
OCTOBRE 2018
Québec solidaire remporte dix sièges, autant que le Parti québécois. Philippe Couillard et Lisée quittent la politique. François Legault triomphe et ne trouve rien de mieux à faire que d’annoncer que sa priorité sera d’interdire le port du voile dans la fonction publique.
Manifestation le 7 octobre contre le racisme et les positions intransigeantes de la CAQ. La chroniqueuse Lise Ravary tentera de diaboliser les manifestatants.es en inventant de toutes pièces la présence de drapeaux de Daesh (l’État islamique), puis des bannières du Hamas et du Hezbollah :
Elle se justifiera en invoquant une « source béton » :
Le 20 octobre, je publie un article à propos d’une enseignante remplaçante du nom d’Anne-Marie Thibault, ayant tenu des propos racistes à l’endroit de ses propres élèves, en plus de considérer qu’Alexandre Bissonnette est un « prisonnier politique ». Elle sera démise de ses fonctions 3 jours plus tard :
Cet événement me vaudra tout un backlash. D’une part Pierre Dion qui menaça « de me rendre une petite visite » :
Ainsi que des proches du Front patriotique du Québec qui mettront sur pied un stratagème criminel pour me diffamer auprès de mes employeurs :
J’ai porté plainte à la police pour ces différentes manigances.
NOVEMBRE et DÉCEMBRE 2018
Les différents groupes d’extrême-droite sont toujours en perte de vitesse, bien que la CAQ motive plusieurs à exprimer des opinions décomplexées sur le web.
Au moins deux hommes différents sont entrés dans des MAXI en se filmant, afin de se plaindre des comptoirs « halal » :
La solidaire Catherine Dorion fait l’objet d’une réelle fixation de la part des chroniqueurs réactionnaires et des radio-poubelles. Québec solidaire la soutient heureusement et se définit comme la réelle alternative progressiste au conservatisme ambiant.
21 décembre, je publie un court billet sur le trésorier du Bloc québécois dans Papineau, Jean-François Racine, qui remercie l’aide d’une milice d’extrême-droite durant ses manifs :
Quelques heures plus tard, un faux profil du nom de « Gilles Paquin » se met à me diffamer sous une dizaine de mes publications, par des affirmations scandaleuses à la Michelle Blanc :
Qui est ce mystérieux « Gilles Paquin »? Une recherche sur son compte permet de découvrir que ses deux seules interactions le lient directement à Jean-François Racine, le fameux trésorier bloquiste.
J’ai porté plainte à la police pour confirmer son adresse IP.
CONCLUSION
Merci à toutes celles et ceux qui m’ont soutenu durant l’année 2018. Il s’agit en fait d’un travail collectif, je n’aurais jamais pu écrire 10% de ce que j’ai écrit sans l’aide des dizaines de gens qui m’ont épaulé chaque jour.
Le but de mon blogue est simple, prôner une société plus juste, équitable et inclusive, en critiquant et déconstruisant les discours d’intolérance.
À la manière de l’ex-candidate Muguette Paillé, le compte Facebook de M. Marcotte regorge de centaines de commentaires islamophobes, de partages de sources d’extrême-droite et/ou conspirationniste, et il est même membre du groupe secret de La Meute depuis aussi loin que décembre 2015…
Caricature par Alex Fatta
Coudonc, le PQ recrute-t-il directement dans La Meute? S’il souhaite vraiment se distancier de la droite radicale anti-islam, cette candidature doit être reconsidérée. En voici quelques dizaines de preuves, qui ne sont que la pointe de l’iceberg.
Liens avec l’extrême-droite
Pierre Marcotte est ainsi membre du groupe secret de La Meute, depuis près de 3 ans. Il ne s’est même pas désinscrit maintenant qu’il est politicien :
Si jamais il plaide l’ignorance ou l’oubli, notons qu’il a consciemment partagé une vidéo de propagande de La Meute, promue par leur propagandiste de l’époque, André Pitre (alias Stu Pitt) :
Ici, il partage également un statut que la militante meutonne bien connue, Audrey Black, et il encense aussi le groupe, au détriment des antiracistes du « Plateau » :
Il est sur la défensive, mais pendant un bon bout de temps, il utilisera carrément cette affiche FN comme photo de profil :
Ce n’est pas un hasard. En jetant un coup d’œil sur ses mentions « J’aime », le candidat péquiste a toujours un intérêt pour Marine Le Pen et même pour Marion Maréchal, qui est sans soute tout aussi xénophobe :
Dans la même veine, on peut observer qu’il partage une grande quantité de « fake news » en provenance de sites conspirationnistes tels Dreuz.info, Stop Islamization of the world, Poste de Veille, Nouvel Ordre Mondial, et alouette. Va-t-il siéger à l’Assemblée nationale en s’abreuvant à de pareilles sources? En voici des exemples :
(Ce même Poste de Veille reconnu coupable d’avoir diffamé Dalila Awada)
Interdire l’islam?
Le candidat dans Drummond–Bois-Francs a une drôle conception de la laïcité. Quand il s’agit du christianisme, il affirme qu’il ne faut pas « tourner le dos » à une « tradition pluricentenaire de christianisme », qu’il faut être « fier de nos racines chrétiennes ».
Mais lorsqu’il s’agit de l’islam – duquel il fait une véritable fixation – il devient alors intraitable et propose même son interdiction : « L’islam est dangereux. Point. Il faut interdire cette religion comme on interdit les pitbulls ».
Que fera le Parti québécois d’un député qui veut prohiber l’islam? Il réitère ce souhait à plusieurs reprises, ici en citant le controversé Éric Zemmour :
Encore plus méprisant, on voit parfois soutenir qu’il faudrait faire manger du bacon aux migrants : « leur demander d’avaler une petite tranche de bacon avant de leur ouvrir la porte, n’est pas trop demander, non? ».
Non, mais quelle sorte de candidats va pêcher le PQ? Quel mépris des demandeurs d’asile…
Maintenant candidat officiel avec Michelle Blanc
Sur son blogue personnel
Pierre Marcotte possède un blogue – aux couleurs brunes – du nom de « Bâtir Québec », qui s’emporte souvent contre l’islam. Il y dit que « L’islam enseigne à haïr les juifs » et les chrétiens, qu’elle est « objectivement, factuellement, une religion haineuse et violente » :
Il passe beaucoup de temps et d’énergie à essayer de nous convaincre que l’islam est la source de tous les maux, et qu’aucune autre religion ne peut aboutir au terrorisme. Il dit même souhaiter que ça finisse par arriver :
Quand Alexandre Bissonnette commettra son acte terroriste anti-musulman, M. Marcotte se plaindra quelques jours plus tard d’une séance d’« auto-flagellation » collective en voulant minimiser l’affaire.
Puis au moment où un colis haineux sera déposé à la Mosquée de Québec, le candidat péquiste clamera publiquement qu’il s’agit soit d’un complot islamiste, soit d’un complot de la GRC, en rappelant de vieilles histoires du temps du FLQ. Quel délire! Quelle compassion…
Sa vision des autres partis politiques
À propos de Québec solidaire, M. Marcotte tient des propos tout à fait méprisants, voire calomnieux. Pour commencer, il surnomme la porte-parole Manon Massé « Monsieur » : « Monsieur Manon Massé et son parti fémi-nazi » (femi-nazi?) :
Il partageait aussi de la propagande islamophobe à propos de Françoise David :
Quant au premier ministre Couillard, Marcotte ne trouve rien de mieux à lui reprocher qu’une soi-disant complaisance envers l’État islamique :
Idem pour Justin Trudeau. On nage en pleine théorie conspirationniste d’extrême-droite :
Non pas islamophobe, mais « islamofuge »
Marcotte semble obsédé par l’islam et ne cesse de diaboliser cette religion, tout en refusant l’étiquette d’« islamophobie » :
Des amis.es finissent par quitter sa page à force de le voir s’enfoncer dans sa haine :
Il reconnaît qu’il puisse y avoir des musulmans.es plus « modérés », bien qu’ils soient tous coupables par association :
D’après ce représentant du PQ, les « de souche » paraissent les victimes d’un vaste complot où l’on laisse l’islam envahir progressivement l’Occident :
(L’image est censée représenter des musulmans.es priant à L.A.)
Conclusion
Le candidat Pierre Marcotte est donc à fond dans les théories conspirationnistes anti-islam, réclamant même son interdiction. Il flirte avec l’extrême-droite, se montre sympathique au Front national et totalement insolant face aux « migrants », proposant de leur offrir du bacon pour filtrer les musulmans.es trop pratiquants à son goût.
La direction du Parti québécois va-t-elle vraiment avaliser cette candidature?
La zizanie électorale est bel et bien entamée au sein de l’extrême-droite québécoise, notamment entre les ultranationalistes pro-péquistes et les partisans du parti émergent « Citoyens au pouvoir » (CAP) qui rallie une grande part des xénophobes.
Ces tensions mettent déjà en péril d’importantes manifestations qui devaient se tenir dans les prochaines semaines. Le 26 août à Montréal, il devait y avoir un « Grand rassemblement pour le respect du drapeau québécois », co-organisé par l’Union patriote (UP) et le Front patriotique du Québec (FPQ).
Rappelons que dans les cercles « patriotes » d’extrême-droite, on pousse actuellement les hauts cris contre la mairesse Valérie Plante, qu’ils accusent de ne pas honorer le drapeau du Québec à l’Hôtel de ville et d’être pro-islam (deux accusations farfelues) :
Le Front patriotique du Québec – qui était le plus important organisateur en termes de membres – vient d’annoncer avec fracas qu’il se retire de la manif du drapeau :
La vraie raison étant que l’organisation est résolument pro-péquiste, tandis que plusieurs participants.es à la manif allaient afficher les couleurs d’un parti politique rival. Voir le message d’un dirigeant :
Le Front patriotique avec le PQ
Il ne fait aucun doute que le FPQ appuie le Parti québécois, du sommet jusqu’à la base, comme en fait foi ce message de leur chef :
Nombre de leurs militants.es s’affichent fièrement :
Le militant péquiste Martin Joseph Lamontagne est d’ailleurs très influent dans les milieux identitaires, il pousse énormément pour que ceux-ci votent PQ. Le voici tout d’abord avec Michelle Blanc qui est sa candidate dans Mercier :
Au départ, M. Lamontagne appuyait sans réserve la manif contre Valérie Plante, allant jusqu’à soutenir que Montréal doit être mis « sous tutelle » :
Puis il changea son fusil d’épaule, en apprenant que des partisans de CAP prendraient part à la manif :
Les chefs du Front patriotique ont lancé une campagne de « mèmes » encore plus agressifs envers CAP et la CAQ, afin de les associer au Bonhomme Sept Heures « Power Corporation » :
De leur côté, des fidèles de CAP utilisent des arguments tout aussi étranges, reprochant au PQ d’être mené par un proche de la diabolique Hillary Clinton :
La Meute, de tendance caquiste
Le chef des loups, Sylvain « Maikan » Brouillette, a publié quelques statuts laissant croire qu’il est tenté par François Legault, mais il insiste pour préciser que chaque membre est libre de se faire sa propre idée, en fonction des candidats.es de leurs comtés.
Brouillette invite d’ailleurs les volontaires à se joindre à la manif anti-Plante :
Il ne retirera pas son soutien à la manif, puisqu’elle n’est pas péquiste de son côté. Plusieurs statuts, sur le groupe secret, mettent la CAQ en vedette, avec quelques nuances :
Conclusion
Les groupes d’extrême-droite de type indépendantiste, tel le Front patriotique, appuient traditionnellement le Parti québécois ou le Parti indépendantiste. Mais étant donné leur chute dans les sondages et la montée de Citoyens au pouvoir, cet électorat est de plus en plus divisé et la confrontation s’est embrasée.
Avec Stéphane Blais à sa barre, CAP est quand même parvenu à rallier les appuis de la « Fondation Équipe Québec (dont l’ex-bloquiste Daniel St-Hilaire qui se porte candidat), le chef des « Insoumis », André Pitre (alias Stu Pitt), Ken Pereira, et de nombreux autres personnages relativement influents dans la droitosphère.
Restent la CAQ et le Parti conservateur du Québec (Adrien Pouliot) qui séduisent des ultranationalistes, moins attirés.es par l’indépendance.
Ces luttes intestines risquent de s’aggraver durant la campagne électorale, compliquant les alliances entre groupuscules identitaires pour les mois à venir.
Les grandes théories de la conspiration actuellement en vogue auprès de la droite radicale ont pour point commun de faire la part belle à Donald Trump, et d’être apparues, comme par magie, durant la campagne qui l’opposait à Hillary Clinton.
Comme le faisaient valoir les deux protagonistes ayant participé à une émission spéciale d’André Pitre (ex-membre de La Meute) sur la pédophilie : de nos jours, pour discréditer un.e candidat.e politique, il ne suffit plus de parler d’adultère, il faut aller plus loin en l’associant à des actes vraiment ignobles.
Les deux larrons ne se rendront pas compte qu’ils mettent eux-mêmes en application cette devise, en associant Hillary Clinton – puis les progressistes en général – à la déchéance morale, à la pédophilie, à des messes sataniques et même au cannibalisme…
Je propose une brève présentation du phénomène « Qanon », du « #Pizzagate », puis de l’émission spéciale de Stu Pitt, présentée la semaine dernière.
« We are Q »
Un mystérieux informateur du nom de « Q » s’est manifesté sur le forum anonyme 4chan, le 28 octobre 2017. Depuis cette date, il continue à divulguer de petites révélations sibyllines sur le forum 8chan. Des centaines de milliers de gens le suivent donc sur le web, en essayant de décrypter les informations soi-disant sensibles qu’il souhaite transmettre.
De nombreux fans de Donald Trump lui vouent un véritable culte, car Q aurait la prétention de livrer toute la vérité sur un sombre complot pédophile mondial impliquant toutes nos élites, dont Hillary Clinton, Barack Obama, George Soros, des influenceurs d’Hollywood, etc.
Les rallies de Trump sont de plus en plus envahis par les fans de Q
La lettre « Q » réfère à une habilitation de sécurité « Q », l’une des plus élevées aux États-Unis. Un haut responsable de l’administration Trump opérerait ainsi de petites fuites d’information, de manière anonyme. Après les vastes complots « Illuminati », on pense tout comprendre des mécanismes invisibles mettant le monde en œuvre en se nourrissant religieusement des « miettes de pain » disséminées par Q.
Certains vont jusqu’à croire que la personne derrière Q serait John F. Kennedy Jr. (1960-1999), qui aurait feint sa propre mort… Mais il y a plutôt lieu de croire qu’il s’agit de n’importe quel faussaire pro-Trump.
La comédienne américaine Roseanne Barr fait partie des vedettes ayant promu Q publiquement (en plus des habituels Alex Jones et de Curt Schilling, ex-lanceur étoile de baseball, qui tient un « podcast » pour le compte de Breitbart)
D’autres fanatiques vont jusqu’à poser des gestes de désespoir afin de pousser les autorités à révéler tous les détails de ce pseudo sombre complot. Le 25 juin dernier, un homme a notamment bloqué un pont pendant 90 minutes, au Nevada, à bord d’un gros truck contenant un fusil d’assaut AR-15 et un pistolet :
Cette théorie conspirationniste s’inscrit dans le droit fil de l’histoire du #Pizzagate et a pour but spécifique de laisser croire que Donald Trump serait un authentique libertador en train de se servir de l’« enquête russe » pour se rapprocher du procureur spécial Robert Mueller avec lequel il démantèlera un immense réseau pédophile mondial (?!?).
Autrement dit, si Trump est présentement dans l’eau chaude et perd plusieurs collaborateurs dans la foulée de l’« enquête russe », ses fans préfèrent croire qu’il est en parfait contrôle de la situation et même qu’il mène une campagne héroïque pour assainir les mœurs de Washington.
Maître ès moralité? On oublie peut-être que Trump fut lui-même accusé de toutes parts d’être un multi agresseur sexuel, en plus d’être soupçonné de violence conjugale :
Enfin, pour rendre la chose plus intéressante, les disciples de Q considère que ce dernier nous dévoilerait les arcanes du « Deep State », c’est-à-dire les faits et gestes des éminences grises tirant les ficelles du pouvoir. Le Deep State serait composé d’un côté des « Whites hats », qui s’avèrent les « patriotes » pro-Trump (p.ex. Q lui-même), et des « Black hats », qui seraient les méchants mondialistes comme George Soros…
Tout sur le #Pizzagate (c’est-à-dire rien, du vent)
Les théories du complot à propos de soi-disant réseaux pédophiles mondiaux ont monté en flèche durant la campagne électorale américaine.
Dix jours avant le vote, l’affaire du Pizzagate démarre par le Tweet réalisé d’un avocat new-yorkais qui prétendait qu’Hillary Clinton serait liée indirectement à un réseau pédophile nommé « Lolita Express ».
Dans les jours suivants, un internaute souligne qu’un proche collaborateur de Mme Clinton, John Podesta, aurait écrit des messages à James Alefantis, gérant de la pizzeria Comet Ping Pong, pour une levée de fonds en faveur de Mme Clinton.
Salle de jeux de Comet Ping Pong
Les conspirationnistes se sont alors mis à analyser scrupuleusement les messages codés échangés par John Podesta et Mme Clinton, et entre les deux frères Podesta, par le biais de courriels privés ébruités par WikiLeaks. Ils en ont conclu que les termes « fromages », « nouilles », « domino » et « hotdogs » devaient nécessairement référer à de la prostitution juvénile et qu’Hillary Clinton approuvait ces choses.
Ces allégations sur Mme Clinton n’ont jamais été corroborées, loin de là. Puis quand bien même John Podesta aurait quelque chose à cacher, il n’a jamais été accusé de quoi que ce soit au niveau judiciaire. Nous sommes donc dans le domaine du 100% hypothétique, des amalgames et des culpabilités par association.
Plus ridicule (et inquiétant) encore, un homme armé a déjà fait irruption dans la pizzeria familiale Comet Ping Pong, car les complotistes s’étaient persuadés que le sous-sol du restaurant recelaient des tonnes d’enfants exploités sexuellement. Un des indices étant que les deux raquettes de ping-pong illustrant le menu serait un code international pour « pédophilie ».
Une arme d’assaut utilisée lors du raid dans le restaurant
Le forcené a donc exigé qu’on lui montre la fameuse cave et s’est mis à tirer dans un placard : le restaurant n’avait aucun sous-sol…
Simple placard
Les croyants.es du #Pizzagate n’ont toutefois pas été impressionnés par la démonstration. Ils soutiennent que le forcené en question n’était qu’un acteur payé pour clore l’histoire (tentative de cover-up)…
Le spécial Stu Pitt
Ces théories conspirationnistes sont donc fort populaires par les temps qui courent, via le mouvement Qanon, qui se fait voir et entendre chez les supporters de Trump.
Les deux invités de Stu Pitt se targueront d’être les deux seuls au Québec à mettre ces théories sur la place publique, via les tribunes de RadioX et de Stu Pitt. Selon le « spécialiste complotiste » Ken Pereira, l’élite d’Hollywood serait une sorte d’organe de propagande d’une élite mondiale cherchant à corrompre nos mœurs.
M. Pereira (qui s’est fait connaître à la Commission Charbonneau) mentionne par exemple un certain sorcier, Anton LaVey, proche de Marylin Monroe, ayant performé à Hollywood pour le compte de l’Église de Satan. Puis il ajoute l’exemple de Marina Abramović – une artiste avant-gardiste en art corporel – qui ferait des rituels simulant le cannibalisme (Spirit Cooking). Quel rapport avec un réseau pédophile? Aucun.
D’après Ken Pereira: « L’agenda d’Hollywood est de détruire la famille, de détruire la religion ». Ces déclarations à l’emporte-pièce ravissent les commentateurs.trices de Stu Pitt :
Hollywood procéderait ainsi à un « mainstreaming » de modes de vie pédophiles, pour « pervertir la jeunesse », tout cela avec la complicité du « Deep State » : « Le Deep State vend l’impunité ».
Si Trump a déjà promis d’« assécher le marais » de Washington, en combattant la corruption et les différents establishments du pouvoir, on conçoit désormais cette lutte comme une opposition à la décadence morale et au Deep State des hommes de l’ombre.
Conclusion
En dernière analyse, il saute aux yeux que tous ces échafaudages conspirationnistes n’ont pour but que de diaboliser le progressisme en général, supposément coupable de pervertir les mœurs (le féminisme, les luttes d’émancipation pour l’égalité, etc., car les valeurs modernes entreraient en contradiction avec les bonnes vieilles traditions morales).
Hillary Clinton peut certes être critiquée, même à gauche, mais l’associer au satanisme, au cannibalisme et à n’importe quoi n’a plus aucun contact avec le réel. En outre, elle a perdu ses élections il y a 2 ans, les pro-Trump pourraient peut-être enfin changer de disque, d’autant plus que le milliardaire Trump est issu de cette même élite américaine qu’on prétend supposément combattre…
Samedi matin, le candidat à l’investiture dans Bertrand, Jean Bottari, décide soudain de délaisser sa campagne électorale, alors qu’elle était pourtant annoncée depuis aussi loin que le 16 avril dernier :
Pourquoi ce revirement?
Les raisons de son départ restent obscures : « J’aurais aimé qu’on me guide. Qu’on m’explique la procédure ». Du même souffle, il explique avoir demandé le soutien officiel du chef Jean-François Lisée, ce que ce dernier refusa. Il faut dire que les affaire « Muguette Paillé » et Michelle Blanc en avait ébranlé plus d’un.
Bottari savait être dans l’eau chaude
Il y a quelques semaines, après avoir publié des dossiers sur les candidates péquistes Muguette Paillé et Michelle Blanc, le candidat Jean Bottari m’avait contacté (par bravade, il se trouvait drôle) pour me dire que j’aurai sans doute beaucoup de matériel controversé sur lui, autant sur Facebook que sur Twitter.
J’ai donc relevé le défi de M. Bottari en découvrant qu’il a déjà été membre en ligne de La Meute, interagissant en toute connaissance de cause sur leur groupe secret. Il multipliera aussi les commentaires et « likes » hostiles à l’endroit de l’islam ou de l’immigration, et ce, sur une période d’au moins trois ans.
M. Bottari est surtout connu du grand public comme citoyen engagé à la défense d’un réseau public de santé de qualité
La sortie hâtive de M. Bottari aura au moins le mérite d’alléger le Parti québécois d’une autre patate chaude, étant donné les nombreux commentaires polémiques qui auraient pu rattraper leur candidat en cours de campagne. J’en propose un aperçu.
De La Meute au Parti québécois?
Un premier point à noter c’est que M. Bottari fut membre du groupe secret de La Meute – groupe d’extrême-droite anti-islam –, en 2015 et 2016. Ce dernier ne pourrait pas plaider l’ignorance : il participa activement à certaines conversations. J’en donnerai deux exemples.
La Meute est une organisation extrémiste de défense contre une soi-disant avancée de la charia au Québec
Le 30 septembre 2015, un « loup » du nom d’Augustin Réhel proposa la création d’un parti politique qui aurait pour dessein spécifique la lutte à l’islamisme. Bottari accueillit chaleureusement la proposition : « Allez hop! Comme disait l’autre… Je suis prêt !!! » :
Quatre mois plus tard, notre futur candidat péquiste était toujours dans La Meute, appuyant le statut d’un Meuton clamant être plus fier que jamais de « faire partie de La Meute » pour lutter contre l’islam pro-charia, car « il en va de notre survie à tous (…) dans 10 ans il sera trop tard »… dix ans?
Bottari se liera aussi virtuellement d’amitié avec des personnages peu recommandables, tels Josée Rivard et Véronique Bohémier, bien connues au sein de la droitosphère. Mme Rivard fait d’ailleurs toujours partie de ses « Mentions J’aime » sur Facebook (petit échantillon) :
Concluons cette section par quelques commentaires scabreux et hurluberlus de Mme Bohémier, « liké » par Bottari sur les médias sociaux.
On y « apprend » par exemple que la fille des Clinton serait mariée au neveu du seul et unique George Soros! Qu’on qualifie de « traître diabolique ». L’image a beau contenir le terme « illuminati », elle fut quand même « likée » par Bottari (4 janv. 2018):
D’autres déclarations de Mme Bohémier sont moins comiques. Par exemple ici, où elle taxe « Allah » de « pédophile qui ne vivait que pour combattre et tuer ». Notre champion du PQ était d’accord :
Puis elle annonce qu’elle pense partir dans le Sud, car là au moins ils « refusent les musulmans »:
Ses opinions sur les demandeurs d’asile ne sont guère plus tendres. Bohémier les surnomme « faux réfugiés », relayant des nouvelles les faisant passer en partie pour des pédophiles et des « criminels » :
Bottari avait donc « liké » chacun de ces Tweets. Passons maintenant à ses différentes prises de position sur Facebook.
Une « croisade prioritaire » pour Bottari
Si la question des soins de santé est le principal cheval de bataille de Bottari, il érige son hostilité au « voile » au rang de « priorité ». À l’occasion de la nouvelle révélant qu’une jeune femme musulmane souhaitait devenir policière (avril 2018), l’ex-candidat péquiste laisse tomber cette déclaration :
Il s’inquiète d’ailleurs de l’effet des voiles en CPE:
Pour Bottari, le hijab doit être combattu, car il y voit un symbole sexiste de « soumission ». Il partage même un truc laissant entendre qu’on aurait là du « terrorisme passif » :
Quant à sa vision du vivre-ensemble, il semble plaider pour l’assimilationnisme : « À Rome, fais comme les Romains » :
Pour poursuivre sur son bon rapport à l’islam, il appuie ces commentaires tambourinant qu’ « Allah c’est le diable » et que Mahomet était un « pseudo-prophète psychopathe pédophile et misogyne, amateur de bestialité », quelle classe…
Il soutient aussi un paquet d’amis.es martelant que nous sommes « enhavis » de tous bords tous côtés, la fin approche :
Ça sort et ça rentre, c’est une « évasion » !
Il faut maintenant cette superbe civilisation qui est la nôtre, car contrairement aux Témoins de Jéhovah et aux musulmans, « nous avons évolué » :
(Bottari lors de son passage à Tout le monde en parle, novembre 2016)
Son point de vue sur les politiciens.nes
Pour les islamophobes, l’une des premières critiques adressées aux politiciens.nes sera de les accuser de compromission avec les satanés « islamisssses ». Comme nous pourrons le constater, Bottari n’échappe pas à cette logique. Voyons par hasard Couillard, main dans la main avec les « Allah Akbar», pis les « votes ethniques » :
Couillard serait rien de moins qu’au « service de la communauté musulmane radicale » et il « fréquente » directement les « islamistes » :
Puis on badine sur le fait que le premier ministre aurait lui-même un petit quelque chose de « musulman » :
Pour ce qui est de la scène internationale, l’inénarrable Véronique Bohémier nous suggère que l’ONU collaborerait au « Grand Remplacement » de toute la civilisation occidentale :
Du côté de Québec solidaire, ce serait aussi un parti islamisé :
Tandis que Justin Trudeau, tout le monde sait ça, est un « fou d’Allah », il visite même des mosquées « oulalalah » :
On va donc toutes et tous finir avec « des tapis et un voile » :
Conclusion
Pourquoi le Parti québécois attire-t-il autant de gens angoissés par l’islam et l’immigration? L’épisode de la Charte des valeurs (2013-2014) y est sûrement pour quelque chose.
Nombre de sorties identitaires de Jean-François Lisée ont peut-être également contribué à cet élan. Rappelons par exemple qu’il s’était démarqué de son rival Alexandre Cloutier, durant la course à la chefferie, par des positions fermes sur les questions de « laïcité ».
(Caricatures par Alex Fatta)
Le départ précipité de Bottari, candidat à l’investiture dans Bertrand, est sans doute une bonne nouvelle pour le PQ, qui pourra souffler un peu. Comment éviter ce genre d’imbroglios à l’avenir? Probablement en changeant de discours, en misant sur un Québec ouvert et inclusif, tout simplement.
Dimanche 1er juillet, la manifestation organisée par La Meute fut un échec historique, autant par son incapacité à rassembler plus de 150 membres, que par son impuissance à marcher un seul coin de rue; La Meute ayant été paralysée par le surnombre des contre-manifestants.es.
Le chef du groupuscule, Sylvain « Maikan » Brouillette, reconnaît d’ailleurs explicitement le fiasco monumental, en condamnant notamment le corps policier du SPVM :
L’extrême-droite émergente est toutefois toujours en pleine forme.
Au même moment où La Meute et Storm Alliance donnaient leur triste spectacle anti-immigration sur Saint-Antoine, une autre manif d’extrême-droite se tenait à quelques rues de là, au centre-ville, sous la protection de la milice paramilitaire des III% :
Qu’est-ce que le Front patriotique du Québec?
Ce groupe ultranationaliste existe depuis environ mars 2016. En général, ils parviennent à rassembler de 50 à 150 personnes lors de leurs événements, faisant appel aux services de sécurité des pires milices autoproclamées telles les Soldiers of Odin, Storm Alliance ou les III%.
On peut les voir p.ex. ici avec des néonazis :
Le chef du Front patriotique est Denis Boulanger, un type qui semble se prendre pour le capitaine de L’île de Gilligan. Il mène la barre avec son fils Guy Boulanger :
L’idéologie défendue par Boulanger consiste en ce que les élites libérales nous imposeraient une immigration incompatible avec la culture québécoise, cette immigration serait un véritable « fléau » pour le Québec et son économie :
Denis Boulanger réclame rien de moins que la peine de mort pour les « traîtres » :
Il est aussi évidemment un fan de Trump et de Mathieu Bock-Côté :
Qui en sont les militants.es?
Le 1er juillet, les partisans du Front patriotique (FPQ) se sont réunis au Carré Saint-Louis, afin de plaider pour une « République du Québec » en pleine fête nationale du Canada :
Ils ont refusé de se joindre à la manif de La Meute pour la simple et bonne raison que leur objectif est l’indépendance du Québec, tandis que La Meute et Storm Alliance sont des formations pancanadiennes, binationales, comme en fait foi, p.ex., la page FB de La Meute :
(La Meute et S.A. ont aussi des chapitres ailleurs au Canada)
Ces « patriotes » souhaitent se battre pour l’indépendance, mais en utilisant la xénophobie et l’islamophobie comme moteurs de leurs actions. On retrouve parmi leurs co-dirigeants Michel Malik Éthier, un type qui se prend pour un pirate pour sa part :
(Party d’Halloween?)(Malik Éthier avec son ami Claude Roy)
Si Malik Éthier est un fervent indépendantiste, ça ne l’empêche pas d’aller manifester à Lacolle contre les réfugiés.es, en arborant les couleurs de la Storm Alliance…
Le FPQ est donc un peu mélangé : parfois on se flatte d’être de vrais indépendantistes purs et durs, parfois on se mélange complètement aux autres groupes radicaux pour simplement chialer contre les minorités culturelles.
Une de leurs leaders, Marie-Élaine Boucher, explique qu’elle n’accepte aucun Stormer ou Meuton dans ses contacts Facebook :
Va-t-elle donc bloquer son fidèle ami Malik Éthier qui portait un bouclier de Storm Alliance?
Qui plus est, le FPQ manifeste désormais en partenariat avec le III%, qui est tout aussi pancanadien que les autres groupes. Le 15 avril, dans un événement au cœur de Montréal pour sortir les libéraux, au moins 11 membres du III% veillaient à sécuriser la manif du FPQ :
(« Les femmes dans le centre, les hommes autour », pouvait-on entendre)15 avril, en plein centre-ville de Montréal…
Le 1er juillet, les « Threepers » étaient encore là avec des insignes du Canada :
Quand on consulte la page officielle de ce mouvement paramilitaire suprémaciste, on voit immédiatement que le III% prône l’attachement au Canada :
D’autres figures du FPQ
Parmi les leaders de longue date du Front patriotique figure notamment Anne Marie Thibault, qu’on peut apercevoir avec Robert Proulx, chef de la sécurité du III%, et avec Josée Rivard, vedette hyper-islamophobe sur sa chaîne Youtube :
(Qui se ressemble s’assemble…)
Anne Marie Thibault avait fait parler d’elle récemment, en considérant le terroriste Alexandre Bissonnette comme « prisonnier politique » (?!?) :
Elle s’est ensuite scandalisée que sa publication soit retirée par Facebook, près de 200 personnes ont pleuré son sort :
De nombreux autres islamophobes gravitent dans les rangs du FPQ, tel Jean-Yves Vachon. Des témoins m’ont d’ailleurs rapporté avoir vu des manifestants.es crié des insultes aux personnes racisées durant l’événement, du genre « retourne dans ton pays »…
John Hex, ex-codirigeant de Storm Alliance, était aussi sur les lieux :
En plus de détester les immigrants.es et les musulmans.es, le FPQ méprise bien sûr les méchants.es gauchistes, proposant parfois de « leur foncer dedans pour les écraser comme des mouches à m**de » :
Conclusion
Un peu à la manière du mouvement des Insoumis en Estrie, ces « patriotes » s’en prennent aux mauvaises cibles, comme si les minorités culturelles étaient un ennemi à abattre. Ils sombrent dans le nationalisme ethnique, le repli identitaire, plutôt que de rechercher une vraie émancipation populaire où tout le monde pourrait améliorer ses conditions de vie.
Bref, on s’oppose frontalement au vrai progressisme, l’extrême-droite prend diverses formes…
Après Muguette Paillé recrutée la semaine dernière – et qui s’est retirée quelques jours plus tard en raison de ses propos islamophobes – une autre recrue du Parti québécois est reconnue pour ses postures anti-islam.
Jean-François Lisée l’a accueillie à bras ouverts :
En 2013, Mme Blanc s’était surtout fait remarquer, dans le contexte de la Charte des valeurs, par ses opinions intransigeantes vis-à-vis l’islam, pour ne pas dire ses préjugés grossiers…
Dans la foulée du dossier « Mme Paillé », on m’a signalé que, au fond, Michelle Blanc est bien plus vénérée dans les cercles islamophobes, ayant été une membre-fondatrice des « Janettes » et ayant plaidé en pleine « Commission des institutions » pour une Charte des valeurs qui « ne va pas assez loin ».
Pour donner un exemple de cette admiration, on peut voir ici le site d’extrême-droite « Poste de veille » qui avait applaudi sa performance en commission :
Michelle se présente aujourd’hui dans le comté de Mercier, où elle souhaite déloger Québec solidaire. Déjà elle s’est mis les pieds dans le plat en traitant GND de « Grabuge Nadeau-Dubois » :
(Pas sûr que J.-M. Aussant l’ait trouvé drôle, lui qui avait créé Faut qu’on se parle avec GND)
Dans la première partie de ce billet, nous verrons que Michelle Blanc cultivait des préjugés anti-islam évidents en 2013. Dans la seconde partie, il deviendra manifeste qu’elle n’a pas changé d’idées depuis.
À mon avis, nos élus.es ne devraient pas avoir de préjugés aussi discriminatoires. Nos représentants.es ne devraient être ni homophobes, ni islamophobes, ni sexistes ou transphobes. Comment les musulmans en général, et les femmes portant le hidjab en particulier, se sentiront-ils face une élue qui les méprise?
Militante anti-islam à l’époque de la Charte
C’est donc à l’automne 2013 que Michelle Blanc est devenue une star en co-signant la lettre fondatrice des fameuses « Janettes ». Pour Janette Bertrand, il y avait une menace intégriste au Québec, et il fallait rapidement faire passer la « Charte des valeurs » pour défendre l’égalité homme-femme.
On le voit aujourd’hui, cette entreprise était fondée sur des peurs irrationnelles. À tel point que la menace vient davantage de l’extrême-droite identitaire qu’autre chose. Toujours est-il que Mme Blanc était fière de compter parmi les Janettes les plus en vue, aux côtés de Djemila Benhabib et Denise Filiatrault :
C’est probablement son blogue qui l’avait aidé à se propulser sur le devant de la scène. Elle y défendait notamment que la simple vue du « voile islamique » évoquait des pendaisons, lapidations et violences en tout genre. Elle a aussi écrit un billet pour soutenir que ces hidjabs ont la faculté de convertir les petits enfants en garderie :
En janvier 2014, elle déposera un mémoire en Commission des institutions, qui s’avère un collage de ses différents textes de blogue sur le sujet. Le mémoire insiste sur le fait que la Charte devrait aller encore plus loin, être plus restrictive. Je propose d’analyser quatre extraits de son témoignage, illustrant ses peurs infondées.
Tout d’abord, elle associe le « voile » à n’importe quelle image mentale qui lui traverse l’esprit, c’est-à-dire les pires atrocités qu’on puisse imaginer : « des gais qui se font pendre haut et court » et ajoute gratuitement que « c’est un show familial », « on invite les enfants à voir ça »… C’est quoi le rapport avec le hidjab? En plus elle se montre incapable de nommer les pays dont il est question… la musulmanie?
Deuxième extrait. Les voiles seraient contagieux : « Y’en a qui seraient prêts à laisser leurs enfants avec des femmes voilées ». L’enfant va se demander « pourquoi quand mon papa vient me chercher tu le donne pas la main ». Puis à la maison, l’enfant va déclarer : « Maman, moi aussi je veux porter le voile! ».
Est-ce déjà arrivé une seule fois dans l’histoire des CPE du Québec? Dans le passage correspondant de son mémoire, elle laisse même entendre que ces musulmanes font exprès de cibler les CPE pour convertir les enfants : « Ça prend tout de même une formation pour travailler en CPE? Pourquoi semble-t-il qu’elles choisissent en masse d’aller y travailler? ».
Troisième extrait. « Quand je vois le voile, je vois des gays qui sont assassinés, qui sont battus », etc. Bref, elle commet encore l’erreur de transposer les pires horreurs du monde à des femmes d’ici qui n’ont absolument aucun rapport avec cet intégrisme abject. Faire de pareils liens, c’est ce qu’on appelle du racisme, de l’islamophobie :
Dernier extrait. Encore là Mme Blanc mélange plein d’affaires, en généralisant à partir d’un cas particulier rapporté par Lise Payette (personnalité qui a d’ailleurs perdu beaucoup de crédibilité ces dernières années…). On dit qu’une infirmière voilée n’a pas voulu nettoyer Lise Payette : est-ce vrai? Quel est le rapport avec l’égalité homme-femme, Mme Payette est une femme? Puis Mme Blanc dérape dans toutes les directions en parlant des « nouveaux immigrants ».
Au final, son témoignage était à peine plus relevé que celui de la « famille Pineault-Caron ». Michelle Blanc a certes de très grandes qualités, mais sur la question de l’islam, elle dérape totalement. Et c’est cela qui l’a hélas rendu célèbre auprès du Parti québécois…
Toujours anti-islam
Depuis cette époque, elle a toujours conservé la même rancœur au sujet de l’islam, comme en font foi ses prises de position sur les réseaux sociaux.
Alors qu’elle se magasinait un parti il y a une semaine, elle a notamment appuyé une amie lui disait de ne pas opter pour une formation qui souhaite « islamiser » le Québec. C’est quoi ce délire?
Une personne rétorque que le commentaire est « raciste », Mme Blanc persiste et signe, elle répond qu’on se fait vraiment « islamiser » :
Là on parle d’un commentaire islamophobe émis la semaine dernière. Sur la page Facebook de Linda Brosseau, elle partage des vidéos des leaders de la Storm Alliance (Dave Treggett, John Hex). Elle était sérieusement en train d’alléguer qu’on serait envahi par l’islam…
Dans un statut du 13 avril, Michelle Blanc démarre une discussion inopinée sur le « voile » qu’elle déclare « ne pas être religieux » :
(Le voile, c’est le mal…)
Tout comme en 2013, elle appuie des commentaires soutenant que le « voile » est « un symbole d’oppression », un « exhibitionnisme politico-religieux », un « drapeau de l’islam conquérant » :
Sous un autre statut, elle nous explique doctement la doctrine complotiste selon laquelle les « voiles » se trouvent financés et promus au Québec, par l’Arabie saoudite (???) :
On remarque aisément que si elle prétend critiquer toutes les religions, c’est, comme par magie, toujours l’islam qui est visé en premier lieu, et sans cesse représenté comme une religion barbare :
Par la suite on défend que la Bible n’est même pas critiquable car elle ne parle pas de religion (?!?) :
Enfin, en plus d’associer l’islam au comble de la barbarie et de la violence, Mme Blanc se convainc qu’une islamisation est en marche, que l’heure approche où nous perdrons notre liberté…
Elle note en ce sens qu’une publicité Facebook lui propose d’acheter des vêtements islamiques. Une dame réellement terrifiée craint que « par la mode, nos couturiers vont influencer les femmes et les convertir à l’islam! Le pire, ça risque de marcher! ». Au lieu de se moquer du commentaire, Mme Blanc l’appuie! Faut dire que c’est aussi étrange que de soutenir que les gardiennes en CPE souhaitent convertir les tout-petits :
Dans cet autre délire, exprimé il y a deux semaines à peine, un homme nous prévient que « très bientôt l’islam va prendre le dessus ». Ah oui? « Vos prochaines générations vont toutes porter le voile », « vous devrez être soumises à l’Homme ». C’est terrifiant…
Conclusion
Michelle Blanc s’est fait connaître en 2013, dans les cercles nationalistes identitaires, grâce à ses prises de position islamophobes. Maintenant que la psychose entourant la Charte des valeurs est passée, Mme Blanc n’a toujours pas changé d’avis. Ses billets d’autrefois sont d’ailleurs toujours en ligne, elle ne les a pas reniés.
Peu importe le parti, je ne comprends pas l’entêtement à recruter des gens ayant des antécédents islamophobes sur la place publique. Nos élus.es doivent représenter tous les citoyens.es de manière égale et équitable. Comment les musulmans.es pourraient se sentir bien représentés par Mme Blanc?