En refusant de toucher au crucifix de l’Assemblée nationale et aux 17 crucifix se trouvant dans 11 palais de justice du Québec, la CAQ démontre bien qu’elle détourne le principe de « laïcité de l’État » à des fins identitaires : les minorités culturelles sont appelées à s’invisibiliser, à s’assimiler.
L’État continue à porter le visage du catholicisme, mais les employés.es devront cacher leur appartenance religieuse au prétexte que les référents musulmans choquent des gens.
On a beau clamer que les nouvelles règles s’appliqueront à toutes et tous, personne n’est dupe du fait que les symboles ostentatoires dont il est question concernent des femmes musulmanes, des juifs et des personnes de confession sikhe.
On « libère » des musulmanes en les ostracisant.
La neutralité de l’État est-elle mise en péril par ces minorités?
Les statistiques démontrent que les musulmans.es sont moins de 4% au Québec, les juifs sont 1,1%, tandis que les sikhs forment 0,1% de la population. Ces trois groupes confessionnels forment donc environ 5% du poids démographique.
Le Québec est déjà laïque et harmonieux. D’aucune façon ce 5% pourrait dicter quoi que ce soit à la majorité, d’ailleurs chrétienne à 80%, à moins de vivre dans un univers paranoïaque selon lequel l’Occident serait en voie d’« islamisation ».
Parlant d’islam, le spécialiste Frédéric Castel estimait en 2014 que de 10 à 12% des musulmanes arborent le voile. Donc moins de 0,2% du Québec. Et encore là, rappelons que l’écrasante majorité de celles-ci ont le visage découvert, pourquoi la panique? Pourquoi la CAQ en fait-elle sa priorité?
Depuis le 11 septembre 2001, les médias occidentaux ont fait leurs choux gras de la peur de l’islamisme et du terrorisme, martelant des images de femmes voilées en la « Une » de leurs journaux et de n’importe quel topo. Cela a marqué les imaginaires et amplifié démesurément l’inquiétude vis-à-vis l’islam.
Après la « crise » des accommodements raisonnables, la Charte des valeurs, la panique autour du chemin Roxham, nous revoilà avec un projet de fausse laïcité. La roue tourne et aucune loi discriminatoire ne l’arrêtera. Il faudrait plutôt mettre fin à la démagogie.
Caricature par Alex Fatta :