Pierre Dion est cet influenceur d’extrême-droite qui sévit sur les réseaux sociaux depuis l’an passé.
Étant farouchement anti-immigration, il s’était démarqué au début de l’été 2018 en initiant un mouvement de « briques bleues », c’est-à-dire qu’il souhaitait que tous les xénophobes du Québec signent des briques qui allaient servir symboliquement à bloquer la frontière à Saint-Bernard-de-Lacolle :

Notre Donald Trump québécois n’a toutefois pas d’influence mainstream. Ce n’est pas avec une dizaine de briques qu’il aurait pu concevoir son majestueux rempart bleu…
À la fin de l’été 2018, il organisa donc une grande manifestation à Laval qui rassembla une vingtaine de personnes. Grand consommateur de drogues, Pierre Dion flottait sur un nuage :
TVA Nouvelles jugea que c’était suffisamment impressionnant pour tendre le micro à ce Jésus de Terrebonne :
Il y a aussi le documentaire « Troller les trolls » qui offrit une certain tribune à Pierre Dion :
Sa tentative d’obtenir la démission de Trudeau, en vidéos
En décembre dernier, Dion s’est mis à paniquer à l’idée que le premier ministre Trudeau puisse signer le Pacte de l’ONU sur les migrants (au Maroc), comme si cela allait mettre fin à la nation québécoise…
Il a donc mis sur pied un plan abracadabrant, qu’il a exposé lors d’une vidéo « live » en direct du Casino de Montréal. D’après Dion, il faudrait qu’une vingtaine de citoyens « de chaque région » aillent harceler leurs députés respectifs pour exiger la démission de Trudeau « pour haute trahison envers son peuple ».
(Toutes modifications des vidéos par Isa Zabb)
Quelques jours plus tard, Dion se dit inquiet que son plan puisse échouer. Il redemande aux « 18 groupes » qui manifesteront contre le Pacte de l’ONU – ils se donnaient rendez-vous le 8 décembre à Ottawa – de continuer à faire pression sur leurs députés.es et d’ « inonder le site à Julie Payette » de messages…
Il faudrait peut-être lui expliquer que la gouverneure-générale n’a qu’un rôle symbolique au Canada…
Dion est désormais « sur la panique » :
3e acte. Monsieur Dion se rend finalement lui-même au bureau du député de sa circonscription, mais il se bute à une porte close. Il réalise que son plan est un échec et que personne n’a rencontré les députés.es fédéraux comme il l’avait prévu. Grosse déception :
4e acte. Dion vient d’apprendre que si le bureau du député lui était fermé, c’est que la Sureté du Québec les avait prévenus qu’il était « une personne dangereuse ».
Manifestation du 8 décembre à Ottawa
Arrive enfin l’événement à Ottawa, qui devait ébranler le gouvernement Trudeau. Dion s’installe devant le Parlement avec un groupuscule de « Gilets jaunes » anti-migrants. Les « 18 groupes » qui devaient participer à la révolte, dont La Meute et Storm Alliance, rassemblèrent à peine 200 personnes.
Le Trump de Terrebonne se met alors à pester contre La Meute et compagnie, qui gonflent leurs chiffres en faisant accroire qu’ils ont 60 000 membres. Ces derniers expulsent Dion manu militari hors de la manif et ordonnent aux Gilets jaunes de retirer leurs vestes.
Après quelques semaines de repos, Dion revient plus requinqué que jamais. Il dit avoir pris « deux cafés chez McDonald’s » :
Le mouvement des Gilets jaunes québécois – axé principalement contre le Pacte de l’ONU – l’enthousiasme follement. Enfin un projet qui sera un grand succès. On les a d’ailleurs apercu la semaine passée dans un centre commercial, en train de faire un tour de carrousel :
La philosophie politique de Pierre Dion
Cet influenceur d’extrême-droite est un pseudo-libertarien qui fait une fixation sur l’islam. Dans de nombreuses publications violentes, il appelle à se rebeller contre les musulmans. Ceux-ci contrôleraient d’ailleurs Facebook :
Dans cet extrait vidéo – mis en ligne en août 2018 – il demande à ses fans de cesser de payer leurs impôts, car ils serviraient à financer rien de moins que l’État islamique…
En conclusion, les frasques de Dion sont peut-être fort divertissantes, mais il ne faut pas oublier qu’il est un réel vecteur de haine, et que s’il n’influence que quelques dizaines de gens, c’est déjà préoccupant.