En Italie, quatrième puissance économique d’Europe, les partis d’extrême-droite connaissent un fort gain de popularité grâce aux vagues xénophobes anti-migrants. Le phénomène excite quelques-uns de nos groupes racistes locaux, d’autant plus qu’ils ont tissé des liens avec l’Italie au cours des dix dernières années, berceau historique du fascisme.
Au centre de cette toile se trouve la Fédération des Québécois de souche (FQS), véritable organisatrice « culturelle » des échanges entre groupuscules québécois et idéologues européens.
Dans une sortie récente, la FQS espère la victoire du néofascisme, mais craint que le controversé Silvio Berlusconi s’avère un « boulet » dans cette marche vers la « reconquête » identitaire :
Casapound, un modèle pour néofascistes québécois
La FQS jette en fait son dévolu sur une formation ouvertement « fasciste » nommée Casapound Italia. Par deux fois elle a invité des représentants à venir présenter leurs idéologies lors de conférences à Québec (2015, 2016).
C’est en imitant ce modèle qu’Atalante Québec a été formé entre-temps en fédérant plusieurs groupuscules de boneheads néonazis. Atalante soutient d’ailleurs explicitement leurs « amis » de Casapound sur Facebook :
Des dizaines de partisans de Casapound ont « liké » le statut qui fut aussi partagé par leur organisation :
Qu’est-ce que Casapound? Il s’agit d’un mouvement rassemblant plus de 5000 dévots.es répartis dans une centaine de villes d’Italie. Ses membres prônent un modèle socio-économique indépendant de l’État, qui aurait tendance à négliger les « de souche », en particulier ceux des classes populaires.
Les partisans de Casapound affectionnent tout spécialement les rassemblements où l’on peut déployer des saluts fascistes en public :

Casapound est né de l’occupation d’un immeuble à Rome, en 2003, qui deviendra leur quartier général. 23 familles y sont relogées. Les premiers occupants avaient baptisé l’immeuble « casa » pour maison, et « Pound » en l’honneur du poète américain Ezra Pound, qui admirait tellement le fascisme qu’il était allé s’installer en Italie (1924 à 1943) durant les belles années de Mussolini.
Le mouvement Casapound essaie de contenir de nombreux paradoxes, du fait qu’on a intégré les idéaux « socialistes » de logements appartenant à tous, d’une monnaie alternative et d’une banque parallèle sans but lucratif, de la distribution de denrées aux sans-abris, des médecins bénévoles qui offrent des soins gratuits, etc. Leur pseudo-socialisme ne vaut toutefois que pour les Italiens pure laine.

Premiers échanges avec Casapound
Un des premiers fervents québécois de Casapound semble avoir été Maxime Taverna, leader du groupuscule d’extrême-droite La Bannière Noire. D’après des sites antiracistes, son groupe musical Trouble Makers aurait eu une émission de radio sur la chaîne de Casapound, « Radio Bandiera Nera » (RBN).
Dès septembre 2007, on pouvait voir cette annonce d’une performance de Trouble Makers sur les ondes de RBN :
Quant à Maxime Taverna lui-même, il s’affiche avec le t-shirt du groupe musical officiel de Casapound, Zetazeroalfa :
Devenant le chef de La Bannière Noire (fondée en 2012), ce n’est sûrement pas un hasard s’il s’agit de la traduction littérale de « Bandiera Nera » en français, chaîne radiophonique de Casapound.
C’est donc cette même Bannière Noire qui organisera une conférence de Casapound au Québec, en février 2015, avec la collaboration de la Fédération des Québécois de souche (FQS) :

À noter que d’après d’autres sources antiracistes, Maxime Taverna aurait formé son jeune protégé Félix Crusson, qui l’a ensuite suivi à la Bannière Noire et même au sein de l’équipe de la FQS, où ils contribueraient à la revue de propagande, Harfang. On peut apercevoir ici Crusson en Europe, en compagnie d’un membre de Casapound d’origine ukrainienne (d’ailleurs lié au Bataillon Azoz, milice d’extrême-droite) :

Atalante et la FQS
Au cours des dernières années, la Bannière Noire semble s’être effacée au profit d’Atalante Québec, qui a notamment fédéré les Québec Stompers, le plus important groupe bonehead de Québec.
Comme le porte-parole d’Atalante l’affirma en entrevue, les voyages culturels entre Québec et l’Italie sont monnaie courante chez leurs militants.es :
« Atalante est née il y a environ trois ans, lorsqu’un groupe d’amis pris conscience du mouvement politique grandissant de plus en plus actif en Europe, bâtissant des projets idéalistes et mettant en pratique des actions sérieuses. Quelques-uns parmi nous (…) ont visité Rome et en sont revenus très motivés par leur expérience auprès de Casapound (…). Nous avons eu de nombreux militants qui sont d’ailleurs allés à la rencontre de Casapound en mai dernier, et nous y avons vu aussi un grand nombre de membres de Blocco Studentesco ».
Voici par exemple des images du leader d’Atalante « Raf Stomper » (chanteur de Légitime Violence), lors de pérégrinations en Italie :

Enfin, remarquons que le théoricien fasciste Gabriele Adinolfi, grand inspirateur des membres de Casapound, était de passage dans le quartier Limoilou, à Québec, en août 2016, pour éduquer les boneheads d’Atalante Québec :

En conclusion, nous avons donc pu voir à quel point Atalante et la Fédération des Québécois de souche (FQS) sont des formations complémentaires, voire interreliées, et qu’elles font beaucoup d’efforts pour raccorder le Québec aux mouvements fascistes internationaux. Le cas Casapound en constitue un exemple frappant.