Dimanche 1er juillet, la manifestation organisée par La Meute fut un échec historique, autant par son incapacité à rassembler plus de 150 membres, que par son impuissance à marcher un seul coin de rue; La Meute ayant été paralysée par le surnombre des contre-manifestants.es.
Le chef du groupuscule, Sylvain « Maikan » Brouillette, reconnaît d’ailleurs explicitement le fiasco monumental, en condamnant notamment le corps policier du SPVM :
L’extrême-droite émergente est toutefois toujours en pleine forme.
Au même moment où La Meute et Storm Alliance donnaient leur triste spectacle anti-immigration sur Saint-Antoine, une autre manif d’extrême-droite se tenait à quelques rues de là, au centre-ville, sous la protection de la milice paramilitaire des III% :
Qu’est-ce que le Front patriotique du Québec?
Ce groupe ultranationaliste existe depuis environ mars 2016. En général, ils parviennent à rassembler de 50 à 150 personnes lors de leurs événements, faisant appel aux services de sécurité des pires milices autoproclamées telles les Soldiers of Odin, Storm Alliance ou les III%.
On peut les voir p.ex. ici avec des néonazis :
Le chef du Front patriotique est Denis Boulanger, un type qui semble se prendre pour le capitaine de L’île de Gilligan. Il mène la barre avec son fils Guy Boulanger :
L’idéologie défendue par Boulanger consiste en ce que les élites libérales nous imposeraient une immigration incompatible avec la culture québécoise, cette immigration serait un véritable « fléau » pour le Québec et son économie :
Denis Boulanger réclame rien de moins que la peine de mort pour les « traîtres » :
Il est aussi évidemment un fan de Trump et de Mathieu Bock-Côté :
Qui en sont les militants.es?
Le 1er juillet, les partisans du Front patriotique (FPQ) se sont réunis au Carré Saint-Louis, afin de plaider pour une « République du Québec » en pleine fête nationale du Canada :
Ils ont refusé de se joindre à la manif de La Meute pour la simple et bonne raison que leur objectif est l’indépendance du Québec, tandis que La Meute et Storm Alliance sont des formations pancanadiennes, binationales, comme en fait foi, p.ex., la page FB de La Meute :

Ces « patriotes » souhaitent se battre pour l’indépendance, mais en utilisant la xénophobie et l’islamophobie comme moteurs de leurs actions. On retrouve parmi leurs co-dirigeants Michel Malik Éthier, un type qui se prend pour un pirate pour sa part :


Si Malik Éthier est un fervent indépendantiste, ça ne l’empêche pas d’aller manifester à Lacolle contre les réfugiés.es, en arborant les couleurs de la Storm Alliance…
Le FPQ est donc un peu mélangé : parfois on se flatte d’être de vrais indépendantistes purs et durs, parfois on se mélange complètement aux autres groupes radicaux pour simplement chialer contre les minorités culturelles.
Une de leurs leaders, Marie-Élaine Boucher, explique qu’elle n’accepte aucun Stormer ou Meuton dans ses contacts Facebook :
Va-t-elle donc bloquer son fidèle ami Malik Éthier qui portait un bouclier de Storm Alliance?
Qui plus est, le FPQ manifeste désormais en partenariat avec le III%, qui est tout aussi pancanadien que les autres groupes. Le 15 avril, dans un événement au cœur de Montréal pour sortir les libéraux, au moins 11 membres du III% veillaient à sécuriser la manif du FPQ :


Le 1er juillet, les « Threepers » étaient encore là avec des insignes du Canada :
Quand on consulte la page officielle de ce mouvement paramilitaire suprémaciste, on voit immédiatement que le III% prône l’attachement au Canada :
D’autres figures du FPQ
Parmi les leaders de longue date du Front patriotique figure notamment Anne Marie Thibault, qu’on peut apercevoir avec Robert Proulx, chef de la sécurité du III%, et avec Josée Rivard, vedette hyper-islamophobe sur sa chaîne Youtube :

Anne Marie Thibault avait fait parler d’elle récemment, en considérant le terroriste Alexandre Bissonnette comme « prisonnier politique » (?!?) :
Elle s’est ensuite scandalisée que sa publication soit retirée par Facebook, près de 200 personnes ont pleuré son sort :
De nombreux autres islamophobes gravitent dans les rangs du FPQ, tel Jean-Yves Vachon. Des témoins m’ont d’ailleurs rapporté avoir vu des manifestants.es crié des insultes aux personnes racisées durant l’événement, du genre « retourne dans ton pays »…
John Hex, ex-codirigeant de Storm Alliance, était aussi sur les lieux :
En plus de détester les immigrants.es et les musulmans.es, le FPQ méprise bien sûr les méchants.es gauchistes, proposant parfois de « leur foncer dedans pour les écraser comme des mouches à m**de » :
Conclusion
Un peu à la manière du mouvement des Insoumis en Estrie, ces « patriotes » s’en prennent aux mauvaises cibles, comme si les minorités culturelles étaient un ennemi à abattre. Ils sombrent dans le nationalisme ethnique, le repli identitaire, plutôt que de rechercher une vraie émancipation populaire où tout le monde pourrait améliorer ses conditions de vie.
Bref, on s’oppose frontalement au vrai progressisme, l’extrême-droite prend diverses formes…