Excellente nouvelle, Martineau a « choké » et abandonne sa poursuite contre Ricochet et ses contributeurs Marc-André Cyr et Alexandre Fatta.
Voir la réaction du côté de Ricochet :
Alex Fatta est un ami personnel, nous avons fait plusieurs articles ensemble depuis 2 ans. La poursuite-bâillon de Martineau a toujours pesé très lourd sur ses épaules. Je lui ai proposé cette entrevue pour un bilan de la situation
L’entrevue
—Pour commencer, peut-être nous rappeler brièvement pourquoi Martineau vous a intenté une poursuite?
—Alex Fatta : « Martineau nous poursuivait pour un texte satirique de Marc-André Cyr dans le journal Ricochet. Une fausse chronique nécrologique de son « oeuvre » ou de sa pensée qui serait morte. Mes dessins illustraient à peu près le texte avec des trucs puérils qui ont fait capoter Martineau. On l’aurait cru plus difficile à choquer ».
—Lui qui défendait en principe la liberté d’expression la plus totale, et se disait « Je suis Charlie », ne contrevenait-il pas à ses propres principes? « Riez de tout sauf de moi »?
—Alex Fatta : « C’est ça qui est drôle. Quand Charlie Hebdo a été décimé par deux fanatiques « islamistes », Martineau s’était lancé dans une série de plusieurs dizaines de chroniques dont le titre était « Je suis Charlie 1, 2, 3, 4 » et ainsi de suite. Il s’était carrément fait le porte-voix au Québec de « l’esprit Charlie » ».
« Charlie Hebdo est ce journal satirique trash qui a évolué, sous la direction de Philippe Val, ami du couple Sarkozy, vers une obsession déplorable envers l’Islam. C’est sans doute cette obsession qu’a retenue Martineau de « l’esprit Charlie », plutôt que son côté trash ».
« J’ai dessiné un chien qui pisse sur la tombe de Martineau. Mais Charlie Hebdo rigole de l’éventuelle mort de Chirac (vieux et malade) en titrant que sa femme, bientôt veuve, sera « bientôt un cœur à prendre ». Charlie Hebdo montre Macron sous la guillotine, Trump la tête coupée, Sarkozy dans un broyeur à viande. Charlie Hebdo se moque de la mort du père de Stromae, découpé en morceaux dans le génocide Rwandais en 1994 ».
« J’imagine que Richard n’avait jamais ouvert un Charlie Hebdo. Martineau a raison quand il dit que les gens sont des « ti-lapins ». Mais il fait partie du clapier ».
—Selon toi, est-ce qu’on pouvait parler d’une « poursuite-bâillon »? Ricochet n’a pas de moyens. Ricochet n’a pas 350 000$ d’actifs, vous non plus, essayait-il de vous ruiner?
—Alex Fatta : « J’ai jamais vraiment cherché la définition exacte, légale, de « poursuite-bâillon » pour être franc. Mais le but est évidemment de faire taire. Tu remarqueras que la droite passe son temps à se plaindre de censure quand elle est seulement critiquée. D’après moi, ce que j’ai vécu depuis 2016 est pas mal plus proche de la censure que de se faire dire qu’on écrit des chroniques de marde.
Il devait bien se douter qu’en allant en cours il risquait d’être critiqué de tous les côtés, même par des gens de droite avec une idée plus conséquente de la liberté d’expression (ça existe). Donc, je pense que son but était probablement de nous faire taire le plus longtemps possible, de nous traumatiser pour qu’on marche sur des œufs la prochaine fois… c’est le privilège des riches de pouvoir faire planer une menace comme celle-là au-dessus de ses adversaires idéologiques ».
—Ce périple a duré près de 3 ans. Comment as-tu vécu cette période? Te sens-tu enfin libéré? Pourras-tu davantage t’exprimer librement?
—Alex Fatta : « Bonne question. Je suis libéré de cette poursuite depuis quelques heures à peine. Être poursuivi a quelque chose de kafkaïen. On se sent toujours observé, on se sent coupable, indigné, révolté, à nouveau coupable… Il y a un chapitre là-dessus dans « Le droit du plus fort », un livre concernant la poursuite-bâillon dont a été victime Alain Denault et Écosociété. La liberté d’expression est un droit et on devrait pouvoir l’exercer sans vivre sous la menace ».
—Bravo encore pour cette victoire, au plaisir de contribuer ensemble à nouveau!
Caricature par Alex Fatta :