Entretien avec Adis Simidzija
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Adis Simidzija est un citoyen de Trois-Rivières fort apprécié pour ses engagements de toutes sortes : écrivain, poète, directeur général d’un OBNL qui a pour objectif l’intégration scolaire et sociale de personnes immigrantes, ex-candidat pour le Parti Vert, etc., etc.
En recevant des menaces de mort, M. Simidzija a réagi ainsi sur Facebook : « J’ai fui la guerre (en Bosnie), j’étais supposé mourir il y a longtemps, en 1992, ce ne sont pas tes menaces Facebook qui vont m’effrayer ».
Dans une entrevue au Huffington Post, M. Simidzija expliquait ce qu’il a dû traverser : « une grenade jetée dans une cour alors qu’il montait un escalier. Ou bien encore celui d’un terrain de jeux duquel il pouvait voir la fenêtre de sa grand-mère » (« De la Bosnie à Trois-Rivières, parcours d’un réfugié devenu poète », 27 juillet).
Suite à la Vague bleue, un certain Michel Palanuihk lui a écrit en privé : « Si un jour tu finis avec une balle dans la tête, tu sauras à quel point on t’apprécie ». Un Daniel Boucher ajoute : « Tu es un terroriste (…) tu es devenu une cible le clown, tu penses pouvoir nous menacer et t’en sortir facilement? ».
Pourquoi ces attaques violentes alors que Simidzija a manifesté pacifiquement et s’oppose à l’intolérance? Le déchaînement de haine fut déclenché dans la foulée d’émissions-web par Mario Roy (Storm Alliance), ainsi que par Alexis Cossette-Trudel (un adepte de Q-Anon, mouvement conspirationniste pro-Trump), publiées le 30 juillet.
Dans cette dernière émission, Cossette-Trudel passe plusieurs minutes à pointer du doigt le jeune homme comme s’il était un monstre (voir capture d’écran ci-dessous). Il l’accuse d’être de mèche avec des antifascistes qui auraient agressé un certain Claude De Roy.
Simidzija est atterré par ces « fake news » : « Je n’ai rien vu car je regardais en bas ce qui se passait. J’ai juste vu Claude Roy frapper des gens avec un bâton et des mouvements de foule ».
Donc non seulement M. Roy n’était pas une pure victime innocente dans cette histoire, mais c’est lui qui tabassait avec un bâton.

« Claude Roy est plus tard venu se planter devant moi et cherchait le trouble. Il me provoquait et me disait de le frapper, que j’étais un chicken. Il manquait juste qu’il me prenne la main pour se frapper avec et dire : « Heyy, il m’a frappé »…
Bref, l’ex-candidat du Parti Vert n’a pas répliqué et n’a rien à se reprocher dans cette histoire. Il ne sait pas comment l’altercation a commencé, c’est M. Roy qui s’est rué vers la contre-manifestation avec un bâton alors que la Vague bleue (organisée par des militants.es d’extrême-droite) se trouvait à près d’un kilomètre de là.
Cossette-Trudel met sa sécurité en danger en déferlant sa rage sur lui lors de l’émission. L’animateur paraphrasa Donald Trump: « Si t’es pas content, y’a de la place ailleurs! » (autrement dit, « Retourne dans ton pays »…).
Adis Simidzija rétorque à ses détracteurs :
« Je me fends le cul en deux pour apporter quelque chose au Québec, parce que oui, dude, je suis reconnaissant (pas envers toi) mais envers celles et ceux qui m’ont aidé à devenir la personne que je suis. Un québécois/bosniaque/musulman (ben oui musulman) et par-dessus tout humaniste ».
Humaniste, Simidzija a d’ailleurs fait la paix avec l’un de ses harceleurs :