M. Roméo Bouchard, grand apôtre de l’agriculture paysanne, a déjà été une référence pour la gauche, mais a plutôt évolué, depuis quelques années, vers une position identitaire de repli sur soi.
Nouvelle polémique
Sur Facebook le 22 octobre, M. Bouchard a publié une carte des résultats électoraux montrant Montréal en rouge : « Le cancer qui ronge le Québec… », s’exclame-t-il.
Pire encore, en commentaires, il précisera sa pensée, en pointant du doigt ces « immigrants qui ne s’intègrent plus à leur société d’accueil » :
C’est la faute aux immigrants
Par la suite, M. Bouchard reviendra à la charge en soutenant toujours que le « cancer » aurait pour principale source ces « immigrants » mal intégrés, qui refusent d’embrasser sa vision du nationalisme québécois :
Il banalise également le fait qu’il est en train de parler d’immigrants en termes de « cancer », en lançant qu’il s’agit d’une « analyse sociologique » :
Réactions xénophobes suscitées par son statut
Le statut Facebook de M. Bouchard eut un succès instantané dans la droitosphère, en étant partagé plus de 300 fois.
Autant sur le mur Facebook de Roméo que sur les différents partages, on s’en est pris vigoureusement aux méchants « immigrants » :
Les commentaires sont très agressifs et évoquent parfois la théorie du « Grand remplacement » :
Un commentaire prévoit la guerre civile :
On se défoule encore sur les musulmans
Les musulmans sont évidemment les boucs émissaires favoris des xénophobes d’aujourd’hui :
Même l’excellent chroniqueur Houssein Ben-Ameur se voit attaquer – directement sur le mur Facebook de Roméo Bouchard – sous un angle islamophobe (« Fatwa », « Tunisien » qui a une « rage envers le Québec ») :
Réactions de Roméo Bouchard
Bouchard a ensuite effacé son statut Facebook en clamant être la victime d’un complot provenant de l’Université Concordia (?) et laissant entendre que les captures d’écran avaient été « fabriquées » (non : elles sont 100% authentiques).
Ce faisant, il essaie de noyer le poisson en faisant oublier que la véritable controverse vient du fait qu’il compare une grande partie de la population québécoise à un « cancer », pour le plus grand bonheur des xénophobes.
Quand une dame l’a confronté sur son mur en lui disant qu’il alimente ainsi la division, il rétorquera qu’elle ne semble pas avoir un nom d’origine québécoise :
Conclusion
Roméo Bouchard n’en est pas à sa première controverse. En juillet dernier, il écrivait par exemple que « la gauche diversitaire » est « comme un virus » qui s’infiltre partout à travers Québec solidaire (Journal de Montréal, 14 juillet):
À force de taxer ses opposants de « cancer » et de « virus », M. Bouchard se décrédibilise en empruntant un lexique abject.
Autrefois un grand homme, il se replie dans l’identitarisme le plus fermé.