Ricardo Duchesne est un professeur de sociologie de l’histoire à l’Université du Nouveau-Brunswick et éminent défenseur de la suprématie blanche. D’après lui, l’immigration et le « multiculturalisme » seraient la cause d’un vaste ethnocide anti-blanc.
Ironiquement, il est lui-même issu de l’immigration, étant d’origine portoricaine. Il serait arrivé au Canada à 15 ans, et fera ses études universitaires de premiers cycles à Montréal : il a tout d’abord étudié l’Histoire à McGill, pour ensuite faire une maîtrise à Concordia, sous la direction de George Rudé.
Duchesne ira par la suite à l’Université de York, à Toronto, pour compléter un doctorat dans le prestigieux programme de « Social & Political Thought » (1994). L’année suivante, il se trouve un poste d’assistant à l’Université du Nouveau-Brunswick (Saint-Jean), où il vit toujours.
Le Pr Duchesne a gardé des liens amicaux avec certains Québécois, notamment la Fédération des Québécois de Souche (FQS), qui lui a accordé une entrevue en avril 2014. Des membres du Council of European Canadians aurait « d’ailleurs organisé une conférence privée de Ricardo Duchesne à Montréal en juin 2017, dans un dans un lieu gardé secret ».
Auteur de livres classiques (pour l’extrême-droite)
Son premier ouvrage qui lui donnera une certaine notoriété s’intitule The Uniqueness of Western Civilization (2011). Selon la description Wikipédia : « il y critique, depuis une perspective raciste et fascisante, les effets destructeurs du multiculturalisme sur la Culture occidentale ».
Dans la pensée de M. Duchesne, l’Occident, principalement les mâles occidentaux, seraient à la source d’à peu près tout ce qu’il y a de génial sur Terre. C’est pourquoi il multiplie les articles soulignant que tous les grands philosophes de l’Histoire étaient des hommes et dans les beaux-arts aussi :
En grand intellectuel qu’il est, il ne lui viendrait pas à l’esprit que les structures patriarcales des sociétés occidentales ne permettaient aux femmes la liberté publique de pouvoir s’éduquer et s’exprimer tant en philosophie que dans les beaux-arts…
Avec les années, Ricardo Duchesne se radicalise toujours davantage, ayant rejoint les idéologues de l’Alt-right. Son dernier ouvrage majeur est Canada In Decay: Mass Immigration, Diversity, and the Ethnocide of Euro-Canadians (2017). Comme le titre l’indique, il réfère explicitement à la problématique xénophobe d’un soi-disant « ethnocide » des « Euro-canadiens ».

Par « Euro-canadiens », il entend bien sûr les gens de « race blanche ». Pour celles et ceux qui en douteraient, il n’hésite pas à parler d’ethnocide anti-blancs sur son blogue :
Les articles de blogue du professeur raciste sont traduits en français par la gracieuseté d’un certain Alex, proche de la Fédération des Québécois de Souche. L’impact de ses messages peut se faire ressentir jusqu’au Québec, comme en fait foi par exemple ce sous-commentaire dans le Journal de Montréal :
La création d’un blogue extrémiste
En 2014, il fonde un blogue influent du nom de « Council of European Canadians », dont le diminutif est Eurocanadian.ca. Il est ainsi le créateur, le principal contributeur et un modérateur de ce site web dédié à la promotion et la défense des droits « ethniques » des « Eurocanadiens ».
En d’autres termes, c’est une sorte d’équivalent canadien de la Fédération des Québécois de Souche (FQS). La FQS participe d’ailleurs allégrement à cette tribune. Rémi Tremblay, porte-parole officiel de la FQS, n’hésite pas lui-même à y soutenir la « race blanche ». En voici deux exemples :
Ricardo Duchesne s’en donne donc à cœur joie, sur cette tribune retransmise aussi sur Facebook et Twitter. Ici, il défend notamment que les politiques d’« identité blanche » seraient enchâssées dans la constitution du Canada :
Ou bien il est convaincu que le modèle multiculturaliste encourage l’« ethnocide des peuples européens » :
En plus de défendre ces idées ahurissantes, la plateforme promeut l’essor d’un groupe identitaire organisé « ID Canada », qu’elle vante comme étant le principal mouvement identitaire au pays :
En somme, le blogue de Ricardo Duchesne, « Council of European Canadians », n’est pas seulement une tribune de propagande, mais également une passerelle vers des groupes d’extrême-droite.
Controverses
Bien que ses idées racistes soient connues depuis au moins 2011, ça a pris un bras de fer avec un élu de Vancouver, Kerry Jang, pour que les médias portent les projecteurs sur cet idéologue réactionnaire.
En janvier 2015, M. Jang avait porté plainte à l’Université du Nouveau-Brunswick pour ses propos à caractère haineux. Duchesne s’offusquait de ce que les communautés chinoises de Vancouver fassent valoir leurs droits. Comme l’avait rapporté Radio-Canada :
Duchesne avait « établi des comparaisons entre le fait qu’à Hong Kong et au Japon, les mégapoles sont sales et des choses comme ça pour dire que tous les Asiatiques sont sales », affirme le conseiller Kerry Jang. « Le professeur Duchesne plaide qu’il invite les étudiants à repenser les valeurs du multiculturalisme. Il soutient que les blancs se font dominer dans leurs propres pays ».
« La Suède n’avait pratiquement pas de cas de viol. Soudainement, ils ouvrent leurs frontières et ont un des plus hauts taux de viol au monde. En Norvège, il se passe la même chose », affirme Ricardo Duchesne.
Quelques mois plus tard, ce sont 10 de ses propres collègues sociologues qui sont sortis dans les médias pour dénoncer le fait que M. Duchesne encourageait la formation d’associations étudiantes suprémacistes blanches :
« La lettre a été publiée lundi à la suite de la publication d’une entrevue avec le professeur Ricardo Duchesne par des étudiants suprémacistes blancs de l’Université Ryerson à Toronto » (Radio-Canada, 24 septembre 2015).
Le docteur Duchesne avait effectivement accordé une entrevue vidéo à des étudiants souhaitant former une association qui devint « Students for Western Civilisation ». Ce groupe d’activistes est ensuite allé poser des posters revendiquant leur blanchitude « White Students »!
M. Duchesne ne les désavoue pas. Il réplique simplement qu’il aurait préféré le terme « Euro-canadien » à « blancs ». C’est bien sûr de la poudre aux yeux considérant le fait qu’il parle constamment d’« ethnocide blanc » sur ses divers forums. Voir, entre mille, ce billet traduit en français :
Notons qu’il a aisément traversé ces épisodes tumultueux de 2015, car son syndicat l’a défendu bec et ongles en invoquant le « principe de la liberté académique » (principe fort légitime, mais le syndicat sait-il à quel point son combat raciste est permanent?).
Duchesne cumule aussi de nombreuses entrevues par Skype, notamment en visant des publics jeunes ouverts à l’Alt-right, p.ex. ici chez Alex Van Hamme, Henrik Palmgren, puis Stefan Molyneux:


Conclusion
Ricardo Duchesne est un penseur et un militant d’extrême-droite.
Ses articles, livres et conférences font constamment référence à la race blanche (et au pouvoir des mâles), supposément menacée par le multiculturalisme. Pour esquiver l’étiquette de « raciste », il utilisera le terme « Euro-canadien » qui n’est pour lui qu’un synonyme de race blanche.
Actuellement, il est plus actif que jamais. Récemment, il a par exemple joué les victimes en voulant faire une conférence à l’Université de Waterloo avec Faith Goldy, une commentatrice polémique (anciennement à Rebel Media) reconnue pour ses positions d’extrême-droite. Il a annulé sa conférence car l’université leur exigeait 28 000$ en frais de sécurité. À la manière de Richard Spencer qui fait des conférences sur les campus américains, il va pousser les limites de la liberté d’expression académique à son maximum…