Mme Benhabib s’est fait connaître en 2009 par son premier essai, Ma vie à contre-coran. Elle y annonçait déjà ses couleurs de troll anti-islam, en quelque sorte, car elle consacrera les années suivantes à dénigrer cette religion de mille et une manières, pour le plus grand bonheur des militants islamophobes.
Dans le sillage de la Charte des valeurs (2012), elle deviendra une incontournable héroïne pour ceux et celles qui estiment que la seule façon de sauver l’identité québécoise doit se résumer à casser du sucre sur le dos de la communauté musulmane, étant donné les forces obscures qui s’y cacheraient pour nous imposer un éventuel agenda totalitaire.
Dans une entrevue récente, elle expliquait notamment que les méchants «libéraux» auraient volontairement érigé certains sujets en «tabous» : «les accommodements religieux, la laïcité, l’immigration (sic) et la langue. Le déni permanent de notre québécitude, conjugué à la québécophobie ambiante» (25 août).
Au fil des années, Mme Benhabib s’est ainsi démarquée comme ardente défenderesse de l’identité québécoise, pro-charte, anti-islam, anti-commission sur le racisme systémique, etc., répétant ad nauseam exactement ce que les xénophobes veulent entendre.
Elle va jusqu’à remettre en cause, six mois après la tragédie, que le meurtrier de la Grande Mosquée de Québec, Alexandre Bissonnette, ait commis un acte islamophobe, préférant se réfugier dans de possibles théories du complot :
«Opacité dans les procédures», deux tireurs plutôt qu’un? Comment Mme Benhabib peut-elle avoir l’effronterie de nier le pire acte terroriste des dernières années au Québec? N’est-ce pas censé être l’une de ses principales expertises, la question du terrorisme?
Cet été, elle fit aussi les délices des islamophobes en accusant les Frères musulmans d’avoir organisé des prières provocatrices au Parc Safari, dans le dessein machiavélique d’humilier les Québécois.es et faire avancer leurs objectifs totalitaires. Elle évoqua leur islamisme et même leur terrorisme larvé.

Or, tout cela n’était qu’un tissu de divagations sournoises : les faits ont démontré que le groupe musulman en question avait réservé un espace privé en bonne et due forme afin de s’amuser. Leurs activités festives étaient leur réelle motivation, si bien que le responsable religieux avait permis qu’on puisse regrouper deux prières en une, pour que ce soit plus bref (moins de 10 minutes au total).
Puis que pense-t-elle de ses détracteurs, ceux qui tenteront de faire valoir les faits ou la tolérance en général? Elle juge que ce sont des «idiots utiles» de l’islamisme, mieux encore : des «crétins de la gauche régressive» :
Les colloques Benhabib
Le 28 septembre prochain, aura lieu un colloque mis sur pied par Mme Benhabib, dont le thème d’ensemble sera le rapport entre féminisme et religion.
En invitant des militantes zélées «anti-voile» telles que Louise Mailloux, Nadia El-Mabrouk et Annie-Ève Collin, on sait d’ores et déjà que les discussions prendront une tournure islamophobe.
En ce sens, le programme rédigé par Benhabib annonce, entre autres, une critique du «soi-disant féminisme islamique». Et on se questionne : «Devient-on raciste dès lors que l’on remet en cause la condition des femmes inhérente à l’ensemble des religions monothéistes?».
Lors du colloque précédent, le 9 mai à Montréal, La Meute s’était targué d’avoir pris en charge le service de sécurité (voir mon bilan dans Ricochet).
Le propagandiste du groupe d’extrême-droite, André Pitre, affirmait que leur sympathisant, Farid Salem, avait fait appel à d’autres «loups» selon le souhait des organisateurs du colloque. C’est dans ce contexte que tous les chefs de La Meute se sont déplacés pour assister au colloque et garantir une sécurité sans faute :

Farid Salem et Denis Ratté, tous deux des partisans de La Meute, étaient au départ des bénévoles engagés par Mme Benhabib. On la voit ici accepter un câlin de ces deux activistes ultranationalistes :

D’après la version défendue par La Meute, l’organisation craignait pour la sécurité, on a donc demandé à Farid Salem d’appeler du renfort, c’est-à-dire des forces para-policières amatrices – sans permis légal – qui ont opéré des fouilles au détecteur de métal, si bien qu’elles auraient saisi deux couteaux et un tournevis «aiguisé» sur les visiteurs:
Les dirigeants de La Meute ont accrédité cette version présentée par André Pitre (alias Stu Pitt) :
Chose certaine, Mme Benhabib était l’organisatrice en chef de ce colloque. Elle devait donc savoir que des gardes amateurs étaient postés tout autour de la salle pour les défendre contre une éventuelle invasion extérieure (surtout qu’on dit que les gens n’ont pas trop apprécié se faire fouiller sur le coup).

Mme Benhabib a semblé participer de cette paranoïa sécuritaire. Par exemple lorsqu’elle a réclamé qu’on minimise l’usage de caméras (car Dieu sait que les actes terroristes islamistes fusent de partout au Québec…) :
Quels risques? Les risques qu’on se rende compte que La Meute faisait la sécurité?