Réplique à Marc Lebuis de Point de bascule

La semaine dernière, j’écrivais sur la candidate de Québec solidaire, Ève Torres, ayant subi une intense campagne de diffamation tirant son origine d’un texte de Point de bascule, publié en octobre 2017.

Point de bascule est un site d’extrême-droite islamophobe de type complotiste, sévissant depuis 2007. L’homme derrière ces articles, Marc Lebuis — s’il n’écrit pas en son propre nom, c’est probablement pour éviter des poursuites en diffamation — est un véritable parano estimant que toute personne arborant le hidjab est infailliblement radicale : « Le voile représente la radicalisation. C’est un porte-étendard qui représente la radicalisation. Même si c’est un choix de la femme ».

À ce compte-là, aussi bien dire que toute femme voilée est une djihadiste en puissance, surtout que le mode de fonctionnement de Point de bascule est la culpabilité par association.

z1 Marc Lebuis
Bien accueilli par plusieurs médias, Marc Lebuis est surtout prisé chez Québecor

Jamais il n’a pu démontrer qu’Ève Torres est une « islamiste » et/ou valoriserait l’islamisme. En fait, ses valeurs y sont tout à l’opposé : féministe, elle milite à Québec solidaire qui défend les droits LGBTQ+, le droit à l’avortement, l’abolition du financement public des écoles privées confessionnelles, et ainsi de suite. Si des islamistes la connaissent, ils ne l’aiment sûrement pas…

Dans un article récent, Marc Lebuis contre-attaque donc mon billet en essayant de discréditer l’émission Enquête de Radio-Canada et en me traitant de « malhonnête ». C’est bien beau, mais il ne prouvera aucunement qu’Ève Torres serait liée à de dangereux intégristes. Et ses arguments sont du recyclage d’allégations qui avaient été réfutées d’emblée en 2014.

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L’argumentaire de Point de bascule

Selon Lebuis, ma défense d’Ève Torres serait « malhonnête » sous prétexte que je n’ai cité qu’une seule émission Enquête, alors qu’une autre, « deux ans plus tard », la contredirait :

z1b malhonnête

 

C’est farfelu car (1) ces reportages ne concernent pas Ève Torres (2) il est faux d’affirmer qu’Enquête niait la menace islamiste. L’émission a même présenté, à de multiples occasions, des cas récents de terrorisme au Canada, ajoutant que « ce que nous avons clairement établi cependant c’est que cette croissance de l’intégrisme islamiste au Québec comme au Canada est un phénomène très marginal, facilement monté en épingle ici comme partout en Occident » (lettre de Jean Pelletier adressée à Lise Ravary, qui reprend les thèses de Lebuis).

On peut comprendre que Point de bascule fait partie de ces petits médias conspirationnistes grossissant la menace islamiste de manière exponentielle.

Dans sa contre-attaque, M. Lebuis répète sa vieille cassette selon laquelle une recherchiste travaillant sur le reportage de 2014 l’aurait ensuite désavoué :

z1c long passage sur Zouaoui

Rien n’est plus faux. La recherchiste elle-même avait pris la peine d’écrire une lettre pour contredire les machinations de Point de bascule :

« À qui de droit, moi, Nadia Zouaoui, journaliste, réalisatrice et recherchiste, voudrais affirmer que je n’ai jamais commenté ou remis en question l’enquête de Radio-Canada. » « Le site Point de bascule qui prétend que j’ai critiqué Enquête le fait sous de fausses déclarations ». « Je trouve leurs propos diffamatoires. Il est écrit que j’ai critiqué Enquête le 5 novembre alors qu’il n’a été diffusé que le 27 novembre »… « Les commentaires que Point de bascule ont transcrit à mon sujet portaient sur d’autres événements que j’ai commenté bien avant la sortie du reportage, bien avant que je ne le visionne ».

Qui est malhonnête ici, M. Lebuis?

L’objectif du reportage était plutôt d’aller vérifier les étonnantes affirmations d’une autre pyromane, Fatima Houda-Pepin, convaincue que la menace intégriste est pire au Canada qu’au Maroc, où elle dit avoir pu grandir en harmonie avec des gens de toutes les confessions :

« Au Canada lorsque je suis arrivée, c’est ici que j’ai rencontré les groupes les plus endurcis, les plus organisés, les plus structurés, les mieux financés » (Tout le monde en parle, janvier 2014).

z2 Fatima Houda-Pepin

C’est en réponse à cette déclaration incendiaire que Radio-Canada conclura qu’ « après des mois d’enquête, nous n’avons pas trouvé de groupes intégristes organisés qui auraient comme objectif secret de détruire la démocratie et ses valeurs. Existent-ils? ».

Mme Houda-Pepin aurait pu faire connaître ses sources aux journalistes, mais comme par hasard, elle a préféré garder le mystère : « Nous avons tenté de rejoindre Mme Houda-Pepin (…), elle n’a pas répondu à nos nombreuses demandes ». Quelle surprise…

 

L’art de la culpabilité par association

Dans l’univers de Marc Lebuis, tout le monde est lié à un réseau connecté à d’autres réseaux, faisant en sorte qu’on a tous quelque chose à se reprocher, comme il l’a expliqué à la reporter Johanne Faucher, lui demandant pourquoi son site web met des gens et des organisations « à l’index ». Posent-ils problème? :

« Pas nécessairement. Y’a des gens qui posent pas problème. Mais qui ont choisi de s’associer avec d’autres personnes qui posent problème ».

Marc Lebuis est très fort en associations d’idées. Par exemple, lorsqu’il me présente, ça ne lui prendre que deux phrases pour me lier à un réseau financé par des Jésuites (!) :

 

z3 Jésuites

Encore heureux qu’il ne considère pas les Jésuites comme des terroristes sinon je me retrouverais illico « à l’index ». Il poursuit tout de même en traitant n’importe qui de « compagnon de route des islamistes », tel ce prof très respecté de l’UQÀM :

z3b compagnons des islamistes

En ce sens, il laissa donc entendre que la candidate solidaire Ève Torres fréquenterait des gens très dangereux, même s’il est incapable d’en nommer un seul appartenant à son entourage immédiat.

Dans la présentation qu’il en fait en octobre 2017, il l’associe indirectement aux termes « lobby islamiste », « recours à la violence », « offensives militaires islamiques », « attentats-suicides », « organisation terroriste », « kidnapping », « condamnation à mort », « fusils mitrailleurs Uzi afin qu’ils mènent le jihad dans les rues américaines », etc. Bien que Mme Torres n’ait aucun rapport avec tout ça, on peut entendre les bombes sauter en lisant le texte…

Donnons un exemple fictif : « Monsieur X achète un croissant dans une boulangerie. Savez-vous qu’un des fournisseurs de cette boulangerie a déjà eu à son service un musulman dont la belle-mère a fréquenté une mosquée liée aux Frères musulmans. Qui eux-mêmes financent des organisations lançant des roquettes sur des enfants affamés? Monsieur X est donc un compagnon de route des islamistes ».

z3c Caricature d'Alex Fatta

C’est ainsi que M. Lebuis reproche à Ève Torres de ne pas avoir lu la liste de tous les contributeurs passés du Conseil National des Musulmans canadiens (CNMC), avant de travailler pour eux durant quelques mois :

z3d les exégètesb

 

Précisons que la fameuse liste d’exégètes dont il parle remonte à plusieurs années avant l’arrivée en poste d’Ève Torres et qu’il n’a rien à redire des dirigeants.es et employés.es du CNMC. Tout n’est que diffamation gratuite.

 

Marc Lebuis se fait planter trois fois

Passons au contenu même de l’émission Enquête de novembre 2014, qui contredisait les allégations paranoïaques de Fatima Houda-Pepin et Marc Lebuis. Ce dernier est persuadé que de graves menaces planent sur la société québécoise :

« Si la tendance se maintient, ce sera pas facile à vivre dans pas grand temps à Montréal. Y’a des gens qui veulent implanter la charia, ou qui se réfèrent ouvertement à des idéologues qui eux disent qu’à un moment donné, quand les conditions sont favorables, il est justifié d’utiliser la violence et la coercition, pour combattre le Mal. Leur agenda c’est de faire avancer la charia et, ultimement, établir un califat »

Un Califat au Québec? Miloud Chenouffi, professeur au Collège des Forces canadiennes, rejette l’argument du revers de la main : « Ils sont incapables de le faire dans des pays à majorité musulmane. Qui s’oppose à eux? D’autres musulmans. Alors vous imaginez au Canada? ».

D’après les chiffres avancés, au Québec, il y a environ 300 000 musulmans.es, dont 90% d’entre eux vivent à Montréal. Contrairement à la croyance populaire, ils ne sont pas très pratiquants : 60% ne fréquentent jamais les mosquées, 15% y vont sur une base hebdomadaire.

z4 Frédéric Castel

Doit-on s’inquiéter des 15% qui fréquentent les mosquées? Pas du tout, insiste le religiologue Frédéric Castel : « 40% des musulmans.es ont un diplôme universitaire, ce qui les rend peu réceptifs aux discours intégristes. Ce sont des gens qui veulent s’insérer dans leur milieu professionnel ». M. Castel explique aussi que les mosquées ne sont pas des lieux de radicalisation : il y a « une poignée de mosquées qui prônent le repli communautaire », mais « il n’y a pas de discours de violence en général. Si ça advient, ce sera en dehors d’une mosquée ».

Ray Boisvert, ex-directeur adjoint au SCRS, abonde dans le même sens : « souvent c’est un membre du public qui va alerter les agences de renseignement, qu’il y a un problème chez eux, dans leur communauté, leur mosquée, leur Centre culturel ». Agenda caché chez les immigrants.es? « En général, à 99,5%, les gens qui viennent ici ont juste l’idée de s’installer, développer une vie pour eux et leurs enfants ».

Dans le reportage, Marc Lebuis se verra ridiculisé une deuxième fois, alors qu’il compare des musulmans aux nazis.

La reporter lui demande combien sont les Frères musulmans? Réponse de Lebuis : « Ce n’est pas le nombre qui est important. Lorsque les nazis sont arrivés au pouvoir, qu’ils ont commencé, ce n’était pas une majorité ». Réfutation de la journaliste : « Des comparaisons boiteuses, des propos qui choquent ». « Quelle formation académique (ou autre) lui permet de se présenter comme un expert de la question musulmane? Il a refusé de répondre » Ouch…

z5 Lebuis réfuté
Marc Lebuis, contredit durant toute l’émission

Plus loin, le directeur de Point de bascule a l’air fou à une troisième reprise. Enquête nous apprend qu’ « environ 3% des enfants musulmans fréquentent les écoles (confessionnelles privées) ». Lebuis croit que la majorité des musulmans se trouvent dans ces écoles-là : « Mais où avez-vous vos chiffres? », rétorque-t-il, « bin, le Ministère de l’Éducation », oups…

 

Conclusion

Bien que M. Lebuis n’ait aucune crédibilité, il fut l’invité de bien des médias depuis 2007 (LCN, Sun News, TVA, etc.) et même d’un comité sénatorial piloté par Daniel Lang, un conservateur du Yukon.

La crise des accommodements raisonnables, puis la période de la « Charte des valeurs », ont créé un terreau fertile pour ces démagogues comme Marc Lebuis qui vivent de l’ « industrie de l’islamophobie ». À voir aller certains chroniqueurs du Journal de Montréal, d’autres profitent également de ce climat de peur et de suspicion.

Ève Torres est une candidate féministe et progressiste, qui ne choque que par son hidjab, bien malgré elle. Comme l’a philosophé Charles Taylor cette semaine :

« Plusieurs « Québécois de souche » croient à tort que les gens qui portent les signes religieux veulent imposer leurs croyances, alors que ce n’est qu’une pratique inhérente à la religion. « La raison du port des signes est mal comprise. En Occident, on a cette idée que la religion est quelque chose d’intérieur qu’on n’a pas besoin d’afficher », soutient-il. Or, chez certains juifs, la pratique (la kippa, le shabbat, manger casher, etc.) est aussi importante, sinon plus, que la croyance. « Ce malentendu donne l’impression d’une mauvaise volonté ou d’une volonté de s’imposer de la part [des croyants] et c’est cette méprise qui crée beaucoup de difficulté » ».

Les médias ont donc la responsabilité de dissiper les malentendus et les préjugés, et non d’inviter des amplificateurs de haine, endurcissant ces préjugés.

 

Sur la campagne de diffamation contre Ève Torres

Dans les jours suivants l’annonce de la candidature d’Ève Torres, une énergique levée de bouclier s’est faite entendre, des grands médias jusqu’aux réseaux sociaux. Le Québec est-il prêt à accepter qu’une femme arborant le hijab puisse représenter une circonscription?

Tout d’abord, Mme Torres est légalement en droit de se présenter. Ce sera aux électeurs.trices de trancher, sur la base de leurs valeurs. À Ottawa, cinq députés fédéraux portent le turban, dont le ministre de la Défense nationale. Pensons aussi au chef du NPD, Jagmeet Singh, ou au chef de l’opposition à l’hôtel de ville de Montréal, Lionel Perez, qui porte la kippa de son côté.

Pourquoi est-ce Ève Torres en particulier qui suscite des angoisses, alors qu’elle n’est, pour l’instant, que candidate à l’investiture dans Mont-Royal–Outremont.

À mon avis, elle est la cible, d’une part, des groupes islamophobes qui veulent tout faire pour freiner la présence des femmes « voilées » dans l’espace public. Puis elle est également victime de la partisannerie anti-QS, comme s’il était vertueux pour la CAQ et le Parti québécois de fermer leurs portes aux personnes affichant des signes religieux (ce qui serait pourtant contraire à la loi).

Pour mettre en lumière la machine de répression médiatique contre Ève Torres, je proposerais d’y aller en ordre chronologique, du premier article de Point de bascule contre elle en octobre 2017, en passant par les chroniques du Journal de Montréal, jusqu’aux mensonges éhontés circulant copieusement sur les réseaux sociaux.

z2a Point de bascule

Les délires de Point de bascule

Point de bascule est un blogue québécois islamophobe, qui sévit depuis 2006 sur internet. L’homme derrière ce site est Marc Lebuis, qui a en quelque sorte importé le modèle de « Jihad Watch » qui existait aux États-Unis depuis 2003.

z2b1 Marc Lebuis

Le mode de fonctionnement de ces blogues est de présenter des faits ayant plus ou moins rapport les uns avec les autres, pour aboutir à des conclusions toujours catastrophistes.

Ainsi, tout être humain est lié à un.e musulman.e, qui sera lié à un réseau d’individus comptant au moins un « islamiste », ayant lui-même un ou des contacts, à l’étranger, soupçonné d’avoir des liens avec des groupes plus radicaux liés au djihadisme international. Autrement dit, nous sommes toutes et tous coupables par association.

À l’émission Enquête du 27 novembre 2014, Marc Lebuis s’est vu démasqué par toutes les informations complètement fausses qu’il alléguait. À chaque fois ses affirmations étaient contredites par l’épreuve des faits.

L’influence de Lebuis est toutefois réelle, de grands médias l’ont accueilli favorablement, notamment par l’entremise de Mario Dumont qui l’a reçu en entrevue, en tant qu’expert de l’islam radical.

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(Entrevue partagée sur Youtube par nul autre qu’Éric Duhaime)

Richard Martineau est aussi un fan, l’ayant reçu en entrevue et faisant des chroniques l’encensant. Par exemple celle-ci en 2010 :

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Lebuis était aussi considéré comme une référence incontournable sur la défunte Sun News, propriété de Québecor Média :

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Tout ça pour dire que Point de bascule est le site ayant diffamé Ève Torres une première fois en octobre 2017, parce qu’il apprenait qu’elle remplissait un mandat de « coordonnatrice aux affaires publiques » pour l’organisme CNMC / CAIR-Canada (Conseil national des musulmans canadiens). Cet organisme lutte notamment contre l’islamophobie, le racisme et les crimes haineux.

Point de bascule part en peur et va tout faire pour associer le CNMC au « Hamas » et au djihadisme international, alors qu’en réalité l’organisme est canadien, il évite le financement extérieur et est même une référence pour d’autres communautés – notamment juives –qui subissent également des crimes haineux.

Mentionnons d’ailleurs qu’Ève Torres, qui est une amie, m’a confirmé ne connaître aucun des imams évoqués dans l’article, par exemple un certain Sirraj Wahhaj qui serait un amoureux des « fusils mitrailleurs Uzi afin que les jeunes mènent le jihad dans les rues américaines » (!!!). L’article de Point de bascule ne mériterait rien d’autre qu’une poursuite en diffamation.

Comme Ève Torres n’est plus à l’emploi du CNMC depuis janvier, on s’attaque aussi à son passé d’animatrice radio, où elle aurait interviewé les imams Tariq Ramadan et Mahdi Tirkawi. Encore là, par association, Point de bascule y voit des liens lointains avec les Frères musulmans. On néglige tous les autres invités.es, souvent des militantes féministes, ou même une sœur franciscaine, Pierrette Bertrand ou l’excellente chroniqueuse Rima Elkoury.

Notons enfin que les calomnies de Point de bascule ont connu un regain de popularité dans les derniers jours. Marc Lebuis est même allé défendre son brûlot sur les ondes de CHOI Radio-X (émission de Dominic Maurais) :

 

 

 

La reprise de Point de bascule

Plusieurs citoyens apeurés par l’islam ont partagé l’article de Marc Lebuis dans la dernière semaine. Un média xénophobe plus influent l’a aussi relayé récemment, en en proposant une synthèse :

z3 Le Peuple

Le Peuple – Les vrais enjeux est un média émergent à surveiller. On y véhicule de vraies nouvelles à travers le prisme déformant d’une xénophobie décomplexée. Ces publications font le bonheur de l’extrême-droite identitaire, puisqu’elle offre un degré d’intolérance plus élevé que les médias de Québecor, tout en ayant les allures d’un vrai média de qualité.

L’homme derrière Le Peuple est Pascal Bergeron, dont 41 articles ont été retransmis sur Vigile.quebec (de Richard Le Hir). Son billet contre Ève Torres est donc paru le 10 avril et ne fait rien d’autre que résumer la bouette de Point de bascule. Il a ensuite republié son torchon sur le journal web Dixquatre.com, qui, à l’instar de Vigile.quebec, accueille à bras ouverts tous ses articles provenant du Peuple.

L’équipe de blogueurs de Dixquatre.com compte de nombreux idéologues conservateurs tels Pierre-Hugues Boisvenu et l’amoureux des armes à feu Guy Morin :

z3c collaborateurs de dixquatre.com

On y trouve une intéressante description de l’idéologue derrière Le Peuple, Pascal Bergeron :

z3d Le Peuple1 Pascal Bergeron

Bergeron a donc l’intention de mettre sur pied un média sérieux contre « les défis que doivent affronter les sociétés occidentales ». À lire les textes du Peuple, on comprend vite qu’on parle de l’islam et de l’immigration, phobies affectionnées par l’extrême-droite. Pascal Bergeron ambitionne-t-il de devenir une sorte d’Ezra Levant (père de The Rebel Media) à l’échelle québécoise?

 

Dans les grands médias

Les chroniqueurs du Journal de Montréal avoir été particulièrement traumatisés par la candidature d’Ève Torres, comme si le croque-mitaine venait de sonner à leur porte. J’en donnerai quelques exemples.

z4a Bombardier

Dans son billet « Notre sombre avenir », Denise Bombardier tremble devant les demandeurs d’asile qui se présentent à la frontière canadienne, ainsi qu’à la vue du « chef enturbanné du NPD » (Jagmeet Singh) et de la « candidate voilée » (Ève Torres). Elle y voit des « chocs annonciateurs  de notre inquiétant avenir ».

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Mathieu Bock-Côté saute aussi, bien sûr, dans la mêlée, car Mme Torres ferait « la promotion active du multiculturalisme, une idéologie soutenant que la société d’accueil doit s’effacer pour accueillir la diversité ». Doit-on rappeler à MBC qu’elle représente Québec solidaire, un parti indépendantiste opposé au « multiculturalisme fédéraliste » qui nie le caractère distinct de la société québécoise? Pour MBC, la simple vue d’un hijab semble être un affront à l’identité québécoise de tradition chrétienne.

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Parmi tous ces chroniqueurs qui ont critiqué Mme Torres, Lise Ravary avance les arguments qui se rapprochent le plus de Point de bascule. Elle souligne son passage au CNMC et relie ça gratuitement aux Frères musulmans, sans énoncer de preuves:

« Donc, Ève Torres. Ex-coordonnatrice aux affaires publiques pour le Conseil national des musulmans canadiens, un lobby islamiste sympathique aux Frères musulmans, mais peu sympathique au Québec, elle appartient à l’élite médiatique islamiste québécoise ».

Ravary poursuit son article en traînant tout aussi gratuitement dans la boue Haroun Bouazzi, candidat à l’investiture dans Maurice-Richard.

Trois jours plus tard, elle revient à l’assaut avec un titre franchement islamophobe, « Ras le bol de l’islam » :

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Sur les réseaux sociaux

Au Huffington Post, la polémiste islamophobe Djemila Benhabib s’est également mise de la partie. Le titre et le sous-titre de son texte appelle déjà à la révolte contre Ève Torres, à la manière de Point de bascule.

z5a Benhabib

Benhabib traite Mme Torres de « lobbyiste au service de l’islam politique » et Québec solidaire de « parti islamo-gauche, faussement indépendantiste », sans autre forme de procès. Quelle rigueur!

Puis, subtilement, au lieu de citer directement Marc Lebuis, elle s’en remet à la parole de sa  camarade anti-islam, Louise Mailloux : « Comme le rappelle la militante laïque, Louise Mailloux, ses faits d’armes en qualité de lobbyiste sont nombreux. Elle a œuvré comme coordonnatrice aux affaires publiques pour le Conseil national musulman canadien (CNMC) ».

Benhabib a beau ouvrir les guillemets, elle n’indique nulle part d’où viennent ces mots de Mme Mailloux…

Venons-en finalement aux médias sociaux, qui abritent leurs propres relais de propagande. Il y a par exemple un citoyen engagé – contre l’islam et la gauche – nommé Guy Guay. Il présente un statut adjoignant Ève Torres à Jaggi Singh, pour conclure qu’ils appartiennent tous deux à « LA PESTE BRUNE DU QUÉBEC ». Ce statut fut partagé plus de 1120 fois!

z6a Guy Guay
(Remarquons le lien vers Point de bascule qui donne supposément de la profondeur à ces accusations)

Nombre de commentaires trash et violents s’en sont suivis, en voici quelques-uns au hasard (trigger warning):

z6a2 50 000 islamistes et viols

Une dame, pas raciste du tout, affirme que les Arabes aiment les pots-de-vin:

z6a3les arabes

 

z6a33 morts aux rats3

Il y a le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, jamais loin des conversations islamophobes, qui est intervenu pour défendre Guy Guay suite à un quiproquo:

z6a5 boisvenu1

z6a5 morts aux rats2

z6a21 terroriste4

Comment est-ce possible de rejoindre des milliers de gens donnant du crédit à pareilles absurdités? L’islamophobie ambiante? De grands médias cultivant cette phobie? Et la partisanerie anti-QS? Ajoutons qu’il existe également des relais facilitant de la portée de ces publications. Par exemple la page Facebook « Réveillons-nous Québécois », ayant un bassin de plus de 27 000 abonnés.es.

z6c Réveillons-nous Québécois

Le statut de Guy Guay a été mis en ligne sur cette page, accélérant des centaines de partages supplémentaires. Bien entendu, cette page retransmet des tonnes de publications du média Le Peuple et les capsules vidéos de leaders d’extrême-droite comme Dave Treggett (ex-chef de Storm Alliance).

Le gourou derrière « Réveillons-nous Québécois » est un certain François, qui raffole lui-même des égo-vidéos :

z7 François de Réveillons-nous québécois

Petite surprise pour Guy Guay et les quelque 1130 personnes à avoir poussé des hauts cris contre Ève Torres en partageant le statut haineux: ce n’est même pas elle sur la photo! Faut croire que pour les islamophobes, toutes les « femmes voilées » sont du pareil au même…

Ceci dit, il existe une autre photo d’elle aux côtés de Jaggi Singh, qu’elle avait croisé lors d’un festival Hoodstock à Montréal-Nord. Ça n’implique rien, à part qu’elle était à l’événement pour soutenir l’antiracisme.

 

Conclusion

J’espère avoir donné un bon aperçu de comment ces différents réseaux peuvent passer une personne à la moulinette en la harcelant et en s’en prenant de manière ignominieuse à sa réputation. Même le chef péquiste Jean-François Lisée, sur LCN, a sommé la candidate à s’expliquer sur le port de signes religieux dans la fonction publique…

La route sera ardue, mais bon courage à Ève Torres pour la suite des choses!

 

Sur Discernement.net – média anti-progressiste

Le journal en ligne «Discernement.net» fut lancé il y a six mois, par «des gens inquiets» par le monde d’aujourd’hui, que l’on décrit comme une «époque orwellienne» où le «journalisme rigoureux a fait place à de la propagande digne des belles années communistes».

z2 discernement2

On s’attaque par exemple à Radio-Canada, «tour du mensonge» :

z2 radio-can

 

z2 radio-can2

Les premiers textes furent d’abord signés par Marco Leclerc, un ex-membre de La Meute, fier de ses positions radicalement islamophobes :

z3a marco islamophobe

D’autres textes, signés par François Doyon, me visaient directement, en ajoutant des images de mon visage en gros plan. Je me rappelle m’être demandé : «Discernement.net est-ce un nouveau gadget créé par Doyon pour mieux me harceler?».

Force est de constater, six mois plus tard, que trois autres articles m’ont ciblé personnellement dans les dernières semaines, incluant une campagne de dénigrement auprès de Radio-Canada.

 

Doyon, un harceleur

Bien que François Doyon admette qu’on ne s’est jamais parlé, il a affirmé au journal Le Soleil qu’il n’a jamais digéré que j’aie pu critiquer la polémiste Djemila Benhabib par le passé. Faut croire que critiquer Benhabib ça ne se fait pas, c’est tout à fait interdit au Québec!

Donc voilà pourquoi il s’acharne sur mon cas et essaie de me faire perdre des occasions d’emploi et d’éventuelles tribunes dans les médias.

Il sponsorise ainsi ses articles contre moi et fait appel à des caricaturistes :

z3 doyon

Il promet de me faire bloquer toute perspective d’emploi, en interférant dans les comités de sélection:

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Puis il partage des images d’actes de vandalisme au métro Joliette, me traitant de «pute du Canada», «sodomite» et «terroriste», en en faisant sa bannière Facebook :

z5a Doyon

Il s’est réjoui de ces méfaits publics, il en rajouta même une couche en «likant» un commentaire souhaitant que les méfaits se poursuivent et en demandant si j’étais «bottom»:

z5b Doyon

z5c

Ça donne déjà une assez bonne idée de quel personnage se trouve derrière Discernement.net.

Passons maintenant à Marco Leclerc, co-administrateur de la page Facebook et ex-Meuton.

 

Marco Leclerc, l’Érudit

Leclerc est l’un des trois co-signataires de la lettre ouverte contre moi, adressée à Radio-Canada. Il est aussi un incontournable contributeur de Discernement.net, ayant rédigé 17 articles, dont le tout premier, intitulé : «L’islamophobie est un humanisme» (Sartre doit se retourner dans sa tombe).

En voici un résumé, affirmant notamment que l’islam «encourage le sexe avec les enfants» :

z6 Marco Leclerc2

Mais d’où vient ce Marco Leclerc? D’après sa présentation, il semble que ce soit un «érudit» admirable :

z6b Marco érudit

Mais chez les antiracistes, il est mieux connu pour ses interventions stupéfiantes sur le groupe secret de La Meute.

Le 15 février 2017, par exemple, une militante islamophobe recherchait des suggestions pour «freiner la construction de mosquées à Sherbrooke». Marco Leclerc répondit qu’il faudrait aller «poser du sang de cochon sur terrain (et qu’ils le sachent)». Il compare aussi l’islam en Occident à la montée d’Hitler :

z6c Marco Le clerc La Meute

Il faut croire que l’horrible attentat d’Alexandre Bissonnette contre une mosquée ne l’avait pas ému outre mesure, car ces commentaires avaient été rédigés peu après…

Par ailleurs, au lendemain de l’attentat, il minimisa l’attentat de Bissonnette en épousant la thèse des deux tireurs et en les qualifiant de simples «citoyens écoeurés» :

z6d marco leclerc3

 

Conclusion

Quand on parcourt les articles du journal Discernement.net, on peut rapidement observer qu’on y fait une fixation sur l’islam, comme l’illustre cette réflexion qui fut partagée 54 fois: «Monde à l’envers. Cette photo est le symbole par excellence de ce qui ne va pas dans notre société»:

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On parle d’un blogue qui se réclame de l’islamophobie comme une vertu:

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Parfois on y prend de courtes pauses pour condamner le féminisme d’aujourd’hui, ou dénigrer des individus comme Anarchopanda, ou associer Québec solidaire à «l’islamisme» :

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J’aurais une petite suggestion : pourquoi ne pas changer le titre du journal pour Harcèlement.net – Place aux préjugés?

Archive 2017 : Djemila Benhabib et le «Safarigate»

**Je republie ici ce billet que j’avais écrit en juillet 2017 sur Facebook (il avait été censuré).

Le 2 juillet dernier, une vidéaste amatrice a semé l’émoi sur les réseaux sociaux en publiant les images de musulmans en train de prier dans le Parc Safari. Elle se disait «choquée» par le son des haut-parleurs qui envahissait l’espace public : «on est trop conciliants!».

Recevant plaintes et commentaires haineux, le Parc Safari a émis un communiqué rectifiant les faits : le groupe avait réservé un espace de pique-nique privé, aucun chemin ne traversait les lieux, et leur système de son devait respecter un certain volume, « tous les normes et règlements ont été respectés» (4 juillet).

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Un second souffle signé Benhabib

L’histoire, somme toute banale, allait être oubliée, jusqu’à ce que Djemila Benhabib vienne jouer les incendiaires. Se posant en experte, elle a rédigé deux billets Facebook affirmant qu’il s’agissait de pure «provocation» de la part d’islamistes qui ne cherchent qu’à alimenter des conflits.

z2 Benhabib2

D’après cette ardente figure de proue de la laïcité, l’attroupement ne visait rien de moins qu’à «provoquer des affrontements entre Québécois et islamistes pour justifier la fumisterie du racisme systémique». Autrement dit, l’événement aurait été orchestré dans le seul but de susciter l’indignation des Québécois, pour ensuite jouer les victimes devant les grands médias. C’est ainsi que la notion de «racisme systémique» serait une construction mentale machiavéliquement moussée par de malins islamistes.

Mme Benhabib ajoute au passage que ceux-ci auraient d’ailleurs des «soutiens politiques (Parti libéral, NPD)» au pays, c’est-à-dire probablement des partis islamo-gauchistes si l’on suit son vocabulaire habituel…

La stratégie de Benhabib fut d’abord de diaboliser le groupe – vaguement lié aux Frères musulmans – les taxant d’ «islamistes», puis d’«organisation classée comme terroriste dans plusieurs pays et qui opère, ici, sur plusieurs niveaux». Non seulement elle ne fait pas la démonstration de leur soi-disant radicalité, mais elle les associe même vicieusement aux mouvances terroristes.

En dernière analyse, elle prétend que leur sortie avait pour but d’islamiser notre espace public – dans un dessein totalitaire –, tout en provoquant les visiteurs qui seraient inéluctablement traités de racistes par les «idiots utiles» que sont les gauchistes «zinclusifs».

Les doctes raisonnements de Mme Benhabib ont été accueillis à bras ouverts par des milliers d’islamophobes qui se partagèrent ses billets en chaque point de la fachosphère. Elle confirmait leurs thèses les plus paranoïaques : nous avions mille fois raison de nous indignés, voilà une bande de proto-terroristes qu’il faudrait bannir de l’espace public!

Voir ce commentaire éloquent (parmi tant d’autres) sous sa publication:

zcommentaire

 

Réfutation

L’interprétation de Mme Benhabib ne tient toutefois pas la route. Sans la fameuse vidéo, personne n’aurait ouï-dire de cet événement privé.

(1) Leur espace était privé et ce n’est qu’en empruntant une route contiguë que la vidéaste a pu entendre la prière.

(2) La sortie du groupe se faisait dans le sillage de l’Aïd el-Fitr (fin du ramadan), qui s’avère une fête de première importance pour les musulmans. On prévoyait toutes sortes d’activités festives, dont des jeux aquatiques et une célébration du 150e du Canada.

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(3) La prière n’occupait qu’un rôle secondaire dans cet événement. À tel point que le directeur du Centre me confirme qu’ils n’ont exécuté qu’une prière au lieu des deux normalement obligatoires, afin de ne pas entraver leurs activités de la journée! La vidéaste amatrice est donc tombée sur la seule prière (qui en condensait deux) et elle n’a duré que quelques minutes.

Tout cela réfute aisément la thèse de Benhabib selon laquelle on aurait tenté de «provoquer» un débat public. Il suffit de survoler les activités au programme pour se convaincre qu’on ne s’est nullement rendu au Parc pour déranger. En fait, les organisateurs se seraient très bien passé de cette polémique blessante, qui fut gonflée artificiellement par des militants.es xénophobes.

(cette histoire montée en épingle pourrait être vue comme un prélude à la « fake news » du Chantiergate, 5 mois plus tard).

 

Une polémique éperonnée par des xénophobes

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Comme le remarque un article du 5 juillet, la vidéo fut «initialement versée sur Youtube par l’utilisatrice Guindon87». Selon un autre article, il s’agirait d’une raciste notoire, Louise Duval, qui fut à la tête de la triste et intolérante page «Coalition Anti djihadistes» et «AntidjihadQuébec» . Cette dame est réputée pour son acharnement anti-islam sur les réseaux sociaux.

On pourrait aussi souligner que la première à porter plainte formellement au Parc Safari s’est révélé être une enseignante de français qui aurait fait scandale en septembre dernier, alors qu’elle avait pénalisé volontairement des élèves de confession musulmane.

Selon ses propres captures d’écran, elle aurait imposé un travail à ses élèves tout en sachant pertinemment que les absents fêtaient ce jour-là l’«eïd el kbir». L’enseignante s’en vanta même sur Facebook, rappelant ce qu’elle avait répondu à leurs camarades qui s’inquiétaient de la situation :

«Ouais pis ?! Ce n’est pas une journée fériée au Québec. Il y a de l’école, c’est à eux à être présents. Ce n’est pas mon problème et ce n’est ni le tien. Non, mais, un chausson avec ça?».

Suite à la controverse, la direction de l’établissement l’a muté dans une école moins «multiculturelle».

Bref, pour ces islamophobes, c’est l’existence même des musulmans.es qui leur pose problème. Ils ne seront jamais suffisamment discrets à leur goût.

Comment régler ce conflit autrement que par l’éducation et l’ouverture à la réalité d’autrui?

Galerie de maîtres harceleurs

Je blogue sur Facebook depuis quelques années maintenant. Ce n’est qu’à la fin de juin que je me suis intéressé à un groupe d’extrême-droite nommé La Meute.

À peine ai-je écrit un premier article assez généraliste que des hordes de trolls ont envahi ma page pour m’accuser d’être à la solde de George Soros et faire censurer mes billets Facebook. J’ai décidé de leur tenir tête en écrivant un deuxième article, puis un troisième, qui ont tous été retirés suite à des vagues massives de signalements.

Grâce au soutien de Ricochet, j’ai quand même pu révéler que La Meute avait organisé un « camp du Non à Saint-Apollinaire » pour faire battre un projet de cimetière, qu’un colloque organisé par Benhabib avait bénéficié des services de sécurité de La Meute, et que les dirigeants du parti politique de Rambo Gauthier se rapprochaient de plus en plus du même groupe islamophobe.

Ma page Facebook est la cible de censures systématiques, c’est pourquoi j’ai démarré ce blogue wordpress il y a quelques semaines. Le harcèlement dont je suis la cible s’est tout même intensifié: insultes et menaces en messages privés, de nombreuses campagnes pour me faire perdre mon emploi, placardage de lieux publics pour m’intimider, calomnies dans de grands médias sans possibilité d’y répondre…

 

campagne d'affichages

Je propose un tour d’horizon des différents types d’harcèlement, sous forme de «galerie d’art».

 

La Meute

L’un des premiers à ouvrir le bal fut le vlogueur André Pitre (alias Stu Pitt), propagandiste de La Meute, qui fit une vidéo de 8 minutes dirigée  contre moi et fut visionnée des milliers de fois:

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Des menaces à mon emploi ont commencé à circuler par la suite:

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La machine à propagande s’est aussi mise en marche. On a tout d’abord fait un photo-montage truqué pour tenter de faire croire aux gens que j’effaçais moi-même mes statuts Facebook. J’ai été contraint de montrer les captures d’écran de mes avis Facebook pour répondre aux rumeurs (surréaliste!).

Les «loups» ont ensuite repêché des photos de moi pour en faire des «mèmes» d’un goût artistique certain:

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M. Lamontagne aime multiplier les mèmes sur la droitosphère

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Une tendance scatologique

D’autres artistes préfèrent exprimer leur préférence pour le scatologique:

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Louise Duval et Marie-Élaine Boucher

Ces deux copines islamophobes comptent parmi les harceleuses les mieux aguerries du web. Dès mes premiers articles, elle se sont mises à organiser de véritables campagnes de menace à mon emploi. On voici quelques preuves flagrantes (j’ai biffé les # de tél.):

z4a Louise Duval et Boucher

z4b louise menaces Marie-Élaine Boucher menaces

Dans le cas de Louise Duval, elle est allée jusqu’à enregistrer la conversation d’une des plaintes logées à mon collège. Non satisfaite de ses démarches déjà odieuses, elle espère également une certaine violence physique à mon endroit:

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NoName est le compte Twitter de Louise Duval

Richard Desnoyers

Bon, je ne connais pas ce M. Desnoyers proche des groupes d’extrême-droite, mais ce gars-là s’acharne sur mon emploi et laisse aussi entendre que je serais lié au terrorisme…

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À noter que M. Grim Hunter est prêt à acheter mes recueils de texte pour prouver que je pervertis la jeunesse…

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François Doyon

La palme du meilleur harceleur revient sans doute à M. Doyon, qui écrit frénétiquement sur moi, en ajoutant de grosses photos de mon visage et parfois en «sponsorisant» ses billets afin de rejoindre le plus de gens possible:

z6a Doyon sponsorisé

Comme il est lui aussi enseignant en philosophie, il a déjà promis de me faire bloquer toute perspective d’emploi future, en interférant dans les comités de sélection:

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Il a aussi essayé de convaincre ses amis de faire fermer mon blogue wordpress en leur montrant la marche à suivre:

Doyon 2

 

Puis quand sont survenus les actes de vandalisme samedi et dimanche derniers, au métro Joliette, M. Doyon en a fait sa bannière Facebook:

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Non seulement il s’est réjoui de ces méfaits publics – m’associant au terrorisme et me traitant de «pute du Canada» et de «sodomite» – mais il en rajouta même une couche en «likant» un commentaire souhaitant que les méfaits se poursuivent et en demandant si j’étais «bottom»:

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En conclusion, ce n’est là qu’un minuscule échantillon de tout ce que peuvent subir les personnes s’opposant publiquement à la xénophobie ambiante. Et s’il n’y a pas de racisme au Québec, alors pourquoi tous ces «maîtres» de l’indimidation s’acharnent-ils sur les antiracistes de manière aussi virulente?

Réponse à la campagne de diffamation lancée par Mme Benhabib

Dans un pamphlet catapulté sur sa page Facebook, la célèbre polémiste Djemila Benhabib prend prétexte d’un règlement de compte contre moi pour tenter de mousser la vente des billets de son prochain colloque.

Par tous les moyens possibles, elle me traîne dans la boue, m’accusant de tout et de rien, mais surtout de tout: je fomenterais des sabotages de l’événement qu’elle organise, en plus d’être à la tête de groupes antifas et islamistes, puis de prôner la violence faite aux femmes, et ainsi de suite.

Bien que son texte dresse un portrait de moi tout à fait abominable, je répondrai comme je le fais toujours, c’est-à-dire de manière posée, transparente et avec preuves à l’appui. Allons-y en examinant chacune des accusations.

 

1. Incritiquable parce qu’elle est une femme

L’ouverture de son texte se veut déjà hallucinante. Elle sous-entend que si je l’ai critiquée par le passé, ce serait en raison de son genre. Elle évoque même la violence faite aux femmes:

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À cette accusation je ne peux que répondre que je suis 100% solidaire avec elle. L’égalité hommes-femmes n’est pas encore atteinte dans notre société et nous avons encore bien des progrès à réaliser. Ceci dit, l’islamophobie est également un problème de société, dans la mesure où la discrimination à l’égard de concitoyens.nes ne doit pas être prise à la légère.

Les messages haineux envers les musulmans.es abondent sur les réseaux sociaux, et visent parfois tout immigrant en général. Pourquoi ne pas se liguer contre toutes ces formes de discrimination? Pour une position féministe en ce sens, qui conjugue anti-racisme et anti-sexisme, voir le point de vue de Camille Robert (R.-C., 15 sept.).

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2. Le SPVM la met en garde contre moi (?)

Mme Benhabib soutient que le 5 septembre dernier, un «enquêteur du SPVM» l’aurait prévenue que des «casseurs» songeaient à perturber son prochain colloque. Elle ajoute du même souffle – sans rire – que j’en serais la tête dirigeante, le «grand manitou», selon le SPVM:

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z Capture2b spvm - Copie

Cette déclaration est tout à fait trompeuse, scandaleuse, diffamatoire. Voici les faits:

Le 4 septembre dernier, j’ai bel et bien écrit un billet reprochant à Benhabib ses positions tranchées vis-à-vis l’islam et surtout le fait que, selon les dirigeants de La Meute eux-mêmes, ce sont des membres de ce groupe d’extrême-droite qui avaient assuré la sécurité de son dernier colloque. Ils se sont d’ailleurs vanté d’avoir saisi deux couteaux et un tournevis aiguisé durant leurs fouilles (sans permis légal):

zz Pitre 2 couteaux et tournevis

Pour le reste, je n’ai jamais encouragé d’initiatives pour contrer le colloque à venir, pas même des appels au boycott. Tout au contraire, une amie m’avait proposé de me procurer des billets pour qu’on puisse aller y écouter les idées exposées et les critiquer dans mon blogue, si je le souhaitais.

Deux semaines ont passé depuis ce billet du 4 septembre et je n’ai plus entendu parlé de l’événement, ni en public, ni en privé. Si quelqu’un m’avait dit qu’il avait déjà eu lieu, je l’aurais cru…

 

3. Mes textes incitent à la violence

D’après Benhabib, il y aurait des appels à la violence dans mes textes:

z Capture3 incite à la violence - Copie

Ceux et celles qui me connaissent savent qu’on y retrouve surtout des appels à la tolérance, que je défends fermement l’égalité sous toutes ses formes, dans une perspective progressiste. Et ceux et celles qui me connaissent encore mieux savent que je suis pacifiste et antimilitariste jusqu’au bout des doigts.

Certes, mes billets déconstruisent des discours haineux et xénophobes. Est-ce cela qu’elle trouve violent?

 

4. Complaisant à l’égard des Frères musulmans

Là c’est vraiment du grand m’importe quoi:

Je ne connais absolument rien des Frères musulmans au Québec, en tout cas, pas suffisamment pour m’en faire une opinion. À ma connaissance, c’est elle qui en fait une fixation…

zz des islamistes
Mes amis.es islamistes?

 

5. Complice de théories qui défendent la violence envers les femmes

Encore une fois, on atteint les bas-fonds de l’indécence. Elle soutient qu’une personne parmi mes 6000 amis.es facebookiens – laquelle? elle ne le mentionne pas – serait favorable aux châtiments corporels sur les femmes:

z Capture5afrapper au visage - Copie

Come on! Bien sûr que je m’y oppose vivement! Je m’oppose d’ailleurs à tout châtiment corporel et à la peine de mort également. Mme Benhabib a-t-elle décidé qu’elle me faisait le même procès qu’elle réserve habituellement aux « méchants » islamistes?

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Lex Luthor (Superman)

6. Je tirerais les ficelles des antifas et des islamistes au Québec

Bon, est-il possible de paranoïer encore plus fort? Elle avance que je n’ai qu’à claquer des doigts pour déchaîner mes troupes d’antifas et d’islamistes à ma guise, contre mes proies:

z Capture6 lancer 2 meutes - Copie

Du côté des anarchistes, ils n’ont pas de chef – lisez la définition d’anarchisme si vous ne me croyez pas – quant aux islamistes, je ne sais pas du tout de quoi elle parle: des Frères musulmans qu’elle hallucine partout?

 

7. Infopub

Après m’avoir rudement pilonné d’accusations mesquines et mensongères, elle lance cette publicité qui n’a aucun rapport avec le reste:

z Capture7 infopub - Copie

M’a-t-elle instrumentalisé – par le biais de 1001 coups bas – rien que pour promouvoir son événement?

Quoi qu’il en soit, je lui souhaite paix et bonheur, qu’elle fasse ce qu’elle veut, et moi, de mon côté, je continuerai à critiquer l’intolérance et la montée de l’extrême-droite, de par mes textes.

 

Josée Rivard, agente de radicalisation?

Josée Rivard est une figure incontournable de l’extrême-droite québécoise, toujours férue de théories conspirationnistes : nos gouvernements islamiques, George Soros, les reptiliens, les Chemtrails, le «grand remplacement» (orchestré ici par les libéraux), etc.

Sa page Facebook est suivie par plus de 24 000 personnes, ses vidéos atteignent plusieurs milliers de visionnements.

nombre de fans

Certes, on peut imaginer qu’une bonne partie de son auditoire ne l’écoute que pour se moquer d’elle, mais son influence demeure significative: ses vidéos se retrouvent régulièrement partagées dans les cercles ultranationalistes.

 

La patriote à la défense des «de souche»

Par-delà ses références éclectiques au paranormal, son motif principal est la haine des immigrants.es. Sa xénophobie achevée transparaît dans la quasi-totalité de ses vidéos, qu’elle dépose notamment sur Youtube. Elle y appelle à l’action, à la rébellion contre nos gouvernements pro-immigration et contre les nouveaux arrivants.

Elle a d’ailleurs été membre du groupe de droite radicale La Meute – qui l’a vite rejetée – ensuite elle s’est tournée vers les Soldiers of Odin, puis la Storm Alliance, sa nouvelle complice :

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Étant donné sa forte tête, Josée Rivard semble mal cadrer avec les structures hiérarchiques d’extrême-droite. Elle démarre donc ses propres projets.

En 2015, elle lança notamment la page raciste «NON aux migrants», où les opinions les plus abjectes pouvaient être applaudies.

En commentaires, par exemple, des lecteurs islamophobes ont proposé d’«égorger» des musulmans à la place des moutons durant la fête de l’Aïd. Josée Rivard a «liké» la blague haineuse en tant qu’administratrice de la page :

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Elle a aussi appuyé l’idée de lancer une bombe au napalm sur la foule:Napalm1

Un autre projet de page, mené par Josée Rivard, s’avère être UPLQ (Union Patriotique pour la liberté du Québec). Cette nouvelle initiative est elle aussi à saveur raciste. On nous y invite à «protéger nos us et coutumes» de manière paranoïaque, quitte à s’armer.

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Dans une section consacrée à la survie en situation de guerre civile, ce lecteur explique comment l’on peut se procurer armes et munitions, sans laisser «aucune trace» :Armes et munitions.jpg

Le brassard blanc

Le succès de Josée Rivard tient surtout à ses capsules vidéos dans lesquelles on la voit piquer des crises à propos de tout et de rien. À vrai dire, ses monologues agressifs en viennent toujours à cibler l’immigration et la communauté musulmane.

Dans une vidéo éloquente, elle utilise par exemple le terme «guenilles» pour traduire «hijab», et tient des propos parfaitement odieux:

«quand c’est des côlisses de musulmans, (…) ostie de fauteurs de trouble (…) retournez dans le côlisse de désert, c’est tu clair?» (octobre 2016).

Voulant transmettre sa rage fascisante à l’ensemble du peuple québécois, elle a récemment lancé l’idée du port d’un «brassard blanc», qui enverrait ce message à nos gouvernements : «Commencez par gérer le pays comme du monde avant de nous envoyer des gens».

Enthousiasmés, des dizaines de fans ont affirmé vouloir se joindre au mouvement :

z brassards best

Officiellement, elle prétend que le brassard «blanc» est synonyme de paix, mais dans la même vidéo, elle véhicule un message de pureté raciale, car nos gouvernements nous forceraient à nous «mélanger» avec des étrangers :

«Le brassard blanc, là, je dis : Non à une immigration massive!». « Plus qu’ils nous envoient des mélanges de même, mieux que c’est pour nous faire oublier notre patrie».

Il faut noter qu’elle s’oppose à tous les immigrants sans exception. Comme par exemple dans ce commentaire où l’intervenant traite les immigrants originaires du Honduras d’«indésirables».

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Enfin, soulignons aussi que Josée Rivard aime jouer les instigatrices de révolte réactionnaire, reprochant constamment à ses auditeurs leur lâcheté face à l’invasion étrangère: «Vous avez toujours une ostie de défaite pour pas vous investir!», «on parle d’une immigration massive sans aucun sens pendant que nous ici on n’est pas nourris» (26 août).

Telle une gourou, elle puise sa sagesse dans un univers paranormal – celui des thèses conspirationnistes – puis elle redescend sur Terre nous révéler notre condition d’esclave qui serait causée par de méchants «banksters» nous imposant l’immigration. Elle finit, en pratique, par nous braquer contre des minorités vulnérables.
La harceleuse

Comme bien des personnalités narcissiques d’extrême-droite, elle adore persécuter ses détracteurs.

L’une de ses proies favorites est une militante progressiste qu’elle traite de toutes sortes de noms méprisants. Comme cette dernière porte le hijab, elle la traite sans cesse de «grosse charrue» qui «s’habille en guenilles», etc. Elle utilise constamment des noms grossiers et blessants pour intimider ses critiques.

Dans cette capture d’écran, elle annonce que ladite militante sera présente à un événement comme contre-manifestante. Une amie de Josée Rivard – la très xénophobe Louise Duval (Guindon87) – lui rétorque : «Si elle te crie dessus, crisse-lui une droite de ma part».

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AntidjihadQuébec = Louise Duval

Pour la petite histoire, elles se sont réellement rencontrées dans la manif : la militante est restée silencieuse pendant que Josée Rivard criait tellement qu’elle a perdu le sens de l’orientation et est rentrée tête première dans la cigarette d’une dame…

Pour l’heure, Mme Rivard a vu son compte Facebook fermé pour 30 jours. Elle a contre-attaqué publiquement que les coupables finiront en «bœuf haché»…

Qu’elle en soit consciente ou non, Mme Rivard apparaît bien être une agente de radicalisation: lâche ces immigrants qui ne t’ont rien fait!

Djemila Benhabib et l’islamophobie

Mme Benhabib s’est fait connaître en 2009 par son premier essai, Ma vie à contre-coran. Elle y annonçait déjà ses couleurs de troll anti-islam, en quelque sorte, car elle consacrera les années suivantes à dénigrer cette religion de mille et une manières, pour le plus grand bonheur des militants islamophobes.

Dans le sillage de la Charte des valeurs (2012), elle deviendra une incontournable héroïne pour ceux et celles qui estiment que la seule façon de sauver l’identité québécoise doit se résumer à casser du sucre sur le dos de la communauté musulmane, étant donné les forces obscures qui s’y cacheraient pour nous imposer un éventuel agenda totalitaire.

Islamophobe

Dans une entrevue récente, elle expliquait notamment que les méchants «libéraux» auraient volontairement érigé certains sujets en «tabous» : «les accommodements religieux, la laïcité, l’immigration (sic) et la langue. Le déni permanent de notre québécitude, conjugué à la québécophobie ambiante» (25 août).

Au fil des années, Mme Benhabib s’est ainsi démarquée comme ardente défenderesse de l’identité québécoise, pro-charte, anti-islam, anti-commission sur le racisme systémique, etc., répétant ad nauseam exactement ce que les xénophobes veulent entendre.

Elle va jusqu’à remettre en cause, six mois après la tragédie, que le meurtrier de la Grande Mosquée de Québec, Alexandre Bissonnette, ait commis un acte islamophobe, préférant se réfugier dans de possibles théories du complot :

Bissonnette1

Bissonnette2

Bissonnette4

«Opacité dans les procédures», deux tireurs plutôt qu’un? Comment Mme Benhabib peut-elle avoir l’effronterie de nier le pire acte terroriste des dernières années au Québec? N’est-ce pas censé être l’une de ses principales expertises, la question du terrorisme?

Cet été, elle fit aussi les délices des islamophobes en accusant les Frères musulmans d’avoir organisé des prières provocatrices au Parc Safari, dans le dessein machiavélique d’humilier les Québécois.es et faire avancer leurs objectifs totalitaires. Elle évoqua leur islamisme et même leur terrorisme larvé.

Safarigate
Les interventions paranoïaques de Benhabib sur la Safarigate avaient été partagées près de 2000 fois.

Or, tout cela n’était qu’un tissu de divagations sournoises : les faits ont démontré que le groupe musulman en question avait réservé un espace privé en bonne et due forme afin de s’amuser. Leurs activités festives étaient leur réelle motivation, si bien que le responsable religieux avait permis qu’on puisse regrouper deux prières en une, pour que ce soit plus bref (moins de 10 minutes au total).

Puis que pense-t-elle de ses détracteurs, ceux qui tenteront de faire valoir les faits ou la tolérance en général? Elle juge que ce sont des «idiots utiles» de l’islamisme, mieux encore : des «crétins de la gauche régressive» :

gauche régressive

 

Les colloques Benhabib

Le 28 septembre prochain, aura lieu un colloque mis sur pied par Mme Benhabib, dont le thème d’ensemble sera le rapport entre féminisme et religion.

En invitant des militantes zélées «anti-voile» telles que Louise Mailloux, Nadia El-Mabrouk et Annie-Ève Collin, on sait d’ores et déjà que les discussions prendront une tournure islamophobe.

Le Panel

En ce sens, le programme rédigé par Benhabib annonce, entre autres, une critique du «soi-disant féminisme islamique». Et on se questionne : «Devient-on raciste dès lors que l’on remet en cause la condition des femmes inhérente à l’ensemble des religions monothéistes?».

Lors du colloque précédent, le 9 mai à Montréal, La Meute s’était targué d’avoir pris en charge le service de sécurité (voir mon bilan dans Ricochet).

Le propagandiste du groupe d’extrême-droite, André Pitre, affirmait que leur sympathisant, Farid Salem, avait fait appel à d’autres «loups» selon le souhait des organisateurs du colloque. C’est dans ce contexte que tous les chefs de La Meute se sont déplacés pour assister au colloque et garantir une sécurité sans faute :

Conf2 - Spotted
On peut apercevoir le chef de La Meute en train de dormir sur l’une des conférences

 

Farid Salem et Denis Ratté, tous deux des partisans de La Meute, étaient au départ des bénévoles engagés par Mme Benhabib. On la voit ici accepter un câlin de ces deux activistes ultranationalistes :

Farid Salem 2 Denis Ratté le 9 mai
On voit Farid Salem (à gauche) et Denis Ratté (à droite) qui ont leur étiquette « sécurité »

D’après la version défendue par La Meute, l’organisation craignait pour la sécurité, on a donc demandé à Farid Salem d’appeler du renfort, c’est-à-dire des forces para-policières amatrices – sans permis légal – qui ont opéré des fouilles au détecteur de métal, si bien qu’elles auraient saisi deux couteaux et un tournevis «aiguisé» sur les visiteurs:

Farid Salem confirme les fouilles

zz Pitre 2 couteaux et tournevis

 

Les dirigeants de La Meute ont accrédité cette version présentée par André Pitre (alias Stu Pitt) :

Confirmation des chefs

Chose certaine, Mme Benhabib était l’organisatrice en chef de ce colloque. Elle devait donc savoir que des gardes amateurs étaient postés tout autour de la salle pour les défendre contre une éventuelle invasion extérieure (surtout qu’on dit que les gens n’ont pas trop apprécié se faire fouiller sur le coup).

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En rouge, les gardes de sécurité qui se tiennent debout

 

Mme Benhabib a semblé participer de cette paranoïa sécuritaire. Par exemple lorsqu’elle a réclamé qu’on minimise l’usage de caméras (car Dieu sait que les actes terroristes islamistes fusent de partout au Québec…) :

z Rmerciments Benhabib précautions

Quels risques? Les risques qu’on se rende compte que La Meute faisait la sécurité?

Le flirt du sénateur Boisvenu avec l’extrême-droite

Le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu s’est fait surprendre en tant que «membre du groupe privé de PEGIDA Québec sur Facebook».

Pourquoi fréquentait-il l’extrême-droite? Il s’est dit tout étonné de la situation : «C’est peut-être un accident. Je n’ai aucune connaissance de ce groupe-là. Je n’adhère à aucun groupe qui s’oppose à l’immigration» (La Presse, 16 août).

Inexact : si l’on creuse un tout petit peu, on peut remarquer qu’il est toujours abonné à la page d’un groupe xénophobe intitulé «Amis patriotes de Marine Le Pen». On nous y appelle à tous nous unir derrière Mme Le Pen, à combattre l’immigration et les terroristes sur notre propre sol.

Deux autres pages politiques auxquelles il est abonné sont des groupes d’idéologie radicale comme «Réseaux liberté Québec, région du grand Montréal/Laval» et «Non aux accommodements religieux», dont la description éloquente fait rêver : «Nous sommes la résistace (sic) face à l’islamiste (sic)»

La résistace face èa l'islamiste

Quant à M. Boisvenu lui-même, il s’est déjà démarqué en 2012 en proposant d’encourager les criminels pour meurtre à se pendre : «Moi, je dis toujours, dans le fond, il faudrait que chaque assassin aurait (sic) le droit à sa corde dans sa cellule, il décidera de sa vie.» Il s’imaginait doctement que le rétablissement de la peine de mort au Canada serait une excellente idée pour nous faire épargner des sous (février 2012).

L’année suivante, il place le Parti conservateur dans l’embarras alors que sont divulguées des allégations graves de conflits d’intérêt et de multiples tentatives de favoritisme envers une employée du Sénat avec laquelle il entretenait une liaison amoureuse.

Il s’est aussi vivement opposé au «registre des armes à feu» en préconisant son abolition, par un raisonnement bizarre prétextant qu’il faudrait plutôt un «registre des prédateurs sexuels» (décembre 2015).

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Notons en outre qu’il siège comme sénateur indépendant depuis juin 2015, car il a été visé par une enquête de la GRC pour des dépenses inadmissibles de plus de 61 000$.

Selon La Presse, ces dépenses auraient concerné des indemnités de logement, des frais de voyage, sa fondation et la publication de son livre Survivre à l’innommable. En avril 2016, un juge à la retraite «a fixé à 20 467 $ la somme que M. Boisvenu devait finalement rembourser à la chambre haute (…) il s’est maintenant acquitté de cette dette».

En dernière analyse, M. Boisvenu s’est-il retrouvé sur toutes ces pages Facebook par accident? Ou c’est plutôt lui qui s’est accidentellement retrouvé au Sénat?

André Pitre (alias Stu Pitt): le troll professionnel

Le propagandiste en chef du groupe xénophobe La Meute – Stu Pitt – a toujours été un troll de droite.

Aujourd’hui animateur de vlog-poubelle, autrefois drummer dans un band métal dont il était le principal parolier. Il s’est démarqué, dans les deux cas, par sa volonté de choquer en défendant l’indéfendable.

Commençons par ses diplômes. Son C.V. LinkedIn a déjà l’air d’une farce : après des études en sciences humaines au cégep, il prétend avoir mérité des certificats en «Nutrition féline» (1996) et «Comportement félin» (1998) de la prestigieuse Cornell University. Ces certificats ne semblent pas exister à Cornell : les a-t-il inventés?

Il faut dire qu’il a principalement œuvré dans le domaine de la vente et que, à cette époque, il vendait de la nourriture pour chat chez Nutreco.

Durant les 12 années suivantes, il affirme avoir suivi des cours de science de la micro-magie (?), pour finalement apprendre la thérapie par l’hypnose en 2012 (?).

Ce qui le fera connaître d’un certain public est sa participation au groupe métal Urban Aliens, se spécialisant dans les propos orduriers. Stu Pitt en fut le drummer de 2006 à 2012, écrivant la plupart des textes. C’est là qu’on peut voir qu’il a développé son talent pour les propos homophobes, misogynes, violents, appelant parfois au viol et à la négation du consentement (voir p.ex. leur succès «Finis ta job»…).

Urbans aliens

Parallèlement à ça, Stu Pitt lança sa chaîne Youtube Timinou Noir il y a sept ans, y faisant valoir les opinions les plus réactionnaires. En 2012, il invectivait les carrés rouges en les taxant de malades mentaux, puis prenant le parti de l’honorable Jean Charest, au nom de la majorité silencieuse : «Jean Charest a sauvé la vie de milliers de Québécois» grâce à sa politique contre le tabagisme, un vrai héros, pourquoi on est incapables d’admettre ça

L’employeur de Stu Pitt le somma de fermer sa chaîne Youtube en janvier 2013, ce qu’il fit pour un temps. Mais il revint peu après, et s’impliqua de plain-pied dans d’autres projets anti-progressistes tels le show de vlog « Le pit à Stu Pitt« , pour Douteux.tv, puis, bien sûr, pour Gauchedroitistan, qui présente des web-émissions réactionnaires.

Donc Stu Pitt est toujours vlogeur pour sur sa chaîne Youtube et pour Gauchedroitistan, mais il aimerait en faire plus, c’est-à-dire élargir son public et réellement participer à un changement social. C’est ainsi que le 27 mai, on le retrouve à un Garden Party organisé par le Clan 15 de La Meute à Sainte-Sophie, dans les Laurentides.

z Stu Pitt sainte-sophie

Selon un article du Collectif Emma Goldman, Stu Pitt venait de sceller une alliance avec les chefs de La Meute: les loups allaient désormais défendre la liberté d’expression (ou plutôt une « liberté d’oppression » pour citer un ami) et ils allaient devenir une force de sécurité incontournable, pour tabasser les méchants gauchistes qui oseraient s’opposer à eux. Sur la photo ci-dessus, on peut apercevoir Guy Boulianne à gauche, qui s’est lui aussi entendu avec La Meute pour les embaucher en vue du colloque à venir le 17 juin suivant.

Stu Pitt se trouve dorénavant être un idéologue de choix pour La Meute, sous les auspices de leur président Patrick Beaudry. Ils ont même fait ensemble une vidéo de propagande pour expliquer le nouveau rôle de La Meute qui souhaite davantage investir l’espace public.

Et alors? Vous ne comprenez donc pas que Stu Pitt est un humoriste? Tout cela n’est qu’une blague! À la vérité, Stu Pitt partage réellement les valeurs rétrogrades de La Meute, à tel point qu’il en est même membre à part entière:

z Pitre Boulianne la meute

Stu Pitt est ensuite parti en tournée à travers tout le Québec et fut accueilli à bras ouverts par les divers clans régionaux de La Meute. Ses conférences ont eu peu de succès, attirant de 20 à 50 curieux en moyenne, principalement les «loups» et des partisans de la Storm Alliance (tout aussi radicaux).

Cette tournée devait tout de même être prise au sérieux car elle permettait un renforcement organisationnel de La Meute, car leurs membres pouvaient ainsi se rencontrer en public affublés de leurs logos, se donner une idéologie et des objectifs communs (des chefs de La Meute participaient d’ailleurs à la tournée).

En outre, il y avait une dizaine de gardes de sécurité postés tout autour des salles de conférence ou lors des performances en plein air, développant leur expertise de fouilles au détecteur de métal.

rimouski5

Bref, Stu Pitt – avec sa mine sympathique – joue le rôle-clé de colombe pour les loups, ce qui les rend encore plus redoutables…