Il est d’emblée périlleux d’inviter le ratoureux porte-parole de La Meute – Sylvain «Maikan» Brouillette – à une émission de grande écoute comme 100% Normandeau, sachant que l’animatrice est plutôt anti-progressiste et plus ou moins experte sur le sujet.
Même si Mme Normandeau avait préparé de bonnes questions embarrassantes pour Maikan (des amis lui avaient envoyé des informations troublantes sur La Meute) elle s’est quand même laissé berner, de manière à ce que l’organisation d’extrême-droite s’en tire à bon compte.

Sur le nombre
Normandeau commence l’entrevue en proposant que la formation possède 63 000 membres, Maikan acquiesce. Pour le coincer, elle demande s’il y a toujours des personnalités qui sont membres sans leur consentement, telle Colette Provencher, spécialiste de la météo à TVA. Il lui dit simplement que c’est réglé, et elle accepte tout bonnement la réponse.
Elle poursuit en reprenant les chiffres trompeurs comme si c’était une réalité : «63 000 personnes, c’est beaucoup de monde, comment vous vous décrivez comme groupe?».
En fait, La Meute compte à peine de 3000 à 4000 vrais membres faisant partie des «clans» régionaux. Parmi ces membres, certains leaders comptent pour 17 membres, puisqu’ils font partie de tous les clans. Il faudrait aussi soustraire les clans qui sont présentement en sédition, car ils appuient l’ancien gourou Patrick Beaudry, qui a subi un putsch le mois dernier.
Mme Normandeau ne posera aucune question sur le sujet.
Le mot en « i »
Le propre d’une mauvaise entrevue sur les Meutons est de ne jamais les talonner à propos de leur islamophobie, qui est leur seule raison d’être.

L’animatrice a ainsi laissé Maikan nous raconter que La Meute est un groupe de pression politique voulant changer les choses au Québec. «C’est sûr qu’on va approcher les candidats pour voir ce qu’ils ont à nous offrir, localement».
Pour changer quoi, ça n’intéresse pas Normandeau? Elle s’est contentée de le questionner quant à la «neutralité religieuse de l’État».
Sur les accommodements religieux
Maikan soutient que les partis politiques négligent la population depuis trop longtemps, en laissant des minorités prendre trop de place aux dépens de la majorité. Mme Normandeau ne le réfute pas.
Il faut dire que de son côté, elle a étonné cette semaine en invitant les Québécois à voter pour la CAQ, alors qu’elle était vice-première ministre sous les Libéraux, il y a peu de temps. Elle s’opposerait justement à ce positionnement des libéraux quant aux minorités :
«Il y a une affaire qui ne me rentre pas dans la tête, c’est cette fameuse commission [sic] sur le racisme systémique : Philippe Couillard qui tente de nous faire croire, nous Québécois, qu’on est racistes, qu’on est xénophobes. Les immigrants choisissent le Québec comme terre d’accueil, « fine », parfait, mais les immigrants doivent s’intégrer au Québec, doivent se conformer à nos valeurs d’égalité homme-femme», a-t-elle ajouté (TVA Nouvelles).
Sur les motards dans La Meute
La question la plus lourde que posa Normandeau fut à propos de Patrick Guilbault, un ex-membre des Dark Souls – affiliés aux Hells Angels – qui s’est ensuite trouvé une niche dans La Meute.
Maikan rétorqua qu’il ne s’agit que d’un «simple membre» sans pouvoir décisionnel, puis qu’il est libre même s’il attend un procès. Donc pas question de l’expulser tant qu’il ne sera pas condamné formellement. « Nous on représente la population, il y a des criminels, ex-criminels, dans La Meute, comme dans toute organisation ». « On a 63 000 membres! ».
Un chef de La Meute, ex-policier
L’animatrice taraude ensuite le porte-parole lupin sur le cas de Jacques Gagné, membre de l’exécutif de La Meute (Le Conseil) qui avait fait une blague à l’effet qu’il aimerait avoir « l’adresse de députés » pour mettre à profit son nouveau « permis de chasse ».
Maikan esquive habilement la question en parlant du cas Luc Lavoie, puis en ajoutant que Jacques Gagné est un gars très propre, un « ex-policier ».
Conclusion
En somme, l’entrevue s’est avérée complaisante, un autre coup de pub pour La Meute, malgré les questions pseudo-épineuses. Les administrateurs de la page secrète ne se sont pas gênés pour partager l’entrevue, qui fut fort appréciée par les militants.es.
Voici leurs réactions enthousiastes :