Depuis quelques jours, trois dissidents y vont de révélations fracassantes sur l’organisation de La Meute, qui s’avère le plus important groupe d’extrême-droite au Québec. Ils souhaitent faire tomber le chef Sylvain « Maikan » Brouillette, qui se comporte en véritable petit dictateur.
Par le biais de ces dénonciations, nous découvrons la structure interne du groupe, des documents secrets, une culture de menaces et d’intimidation. « Maikan » se trouve au cœur de ce système répressif. L’ex-chef de La Meute, Patrick Beaudry, le surnomme d’ailleurs « Mein Kampf » :
Dans une lettre qu’Éric Proulx vient de publier – ex #2 de La Meute – il témoigne de la vraie nature de Maikan, en plus de dévoiler des informations compromettantes à son sujet. Commençons par un résumé de cette lettre, pour ensuite passer aux nouveaux documents rendus publics.

Le gourou Maikan
Dès les premières lignes, Éric Proulx accuse son ancien chef d’avoir toujours abusé de son pouvoir et d’être un ex-Témoin de Jéhovah :
En septembre dernier, Maikan avait orchestré un putsch contre Patrick Beaudry, qui s’est soldé par l’expulsion de 400 membres mécontents. Puisque l’organisation est de type anti-démocratique, seuls les coups d’État permettent de renverser le pouvoir :
Éric Proulx ajoute que le bras droit de Maikan – Stéphane Roch – serait une sorte d’abruti facile à manipuler, ce qui simplifie la dictature du chef :

Depuis le putsch, Maikan règne surtout par l’entremise d’une surveillance constante de ses membres et par les menaces, qu’il transmet via ses « messagers » WolfRic Ouellet et Sébastien Chabot :
Les langues commencent à se délier, une dame affirme avoir subi le même sort (ce n’est que la pointe de l’iceberg, voir cet article d’On Jase):
L’organisation interne dévoilée
Parallèlement à cette lettre ouverte, les dissidents ont publié des documents secrets, qui se trouvent normalement entre les mains des plus hauts dirigeants. L’une des dissidentes les possède, puisqu’elle était commandante de La Garde :
On apprend d’ailleurs que ces documents étaient classés « RIC » :
C’est-à-dire que la commandante en chef a formé ses 35 « gardes » à prendre des captures d’écran à l’aide de « drones », qui accumulent les informations dans des fichiers en moins de 4 minutes.

Ce travail rigoureux, qui exige ainsi des centaines et des centaines d’heures de bénévolat chaque semaine, sert-il à freiner l’« islam radical »? Les documents démontrent plutôt qu’il ne semble y avoir aucun islamiste dans leur mire. Sur cette capture, entre mille autres, je compte 42 noms qui font l’objet d’une surveillance obsessive, dont 1 seul à consonance arabe, et absolument aucun « islamiste ».
La Meute sert d’abord et avant tout à contrôler ses propres membres et se protéger des médias et des militants.es antiracistes. Un autre document explique pourtant que la fameuse « Cause » défendue par l’organisation était censée être la guerre à la Charia : « L’essence du mandat de La Meute, soit empêcher l’islam radical de s’implanter au Canada et d’y établir la Charia ».
Les Standard Operating Procedure (SOP)
Pour maquiller la structure totalitaire de l’organisation, La Meute se réclame des hiérarchies militaires, alors que les chefs actuels n’ont jamais fait l’armée. L’ex-dirigeant déclare à cet égard :
Une première capture d’écran explique comment les ordres viennent d’en haut – donc de Maikan – et ne peuvent être contestés :
« Chaîne de commandement (CC) : Les cellules de La Meute fonctionnent comme une structure militaire. Le Conseil décide des objectifs et la direction que doit prendre La Meute. Il transmet ses instructions au Commandement de la Garde, qui de son côté donne instruction aux capitaines de chaque cellule qui eux donneront instruction à leurs subalternes ». « Souvenez-vous que nous sommes unis par une même Cause et qu’en temps normal, peu d’entre nous auraient des affinités ».
On ajoute ensuite qu’il faut beaucoup de mérite pour devenir un « garde » (en d’autres termes, un modérateur de pages FB qui donne sa vie à suivre les ordres du Conseil) : « Chaque nouveau Garde doit traverser une période de 30 jours avant de recevoir ses privilèges respectifs ».
Pour bien remplir ses fonctions, à chaque grade de La Meute, l’on doit suivre à la lettre les « SOP ». Au lieu d’avoir une charte ou une constitution qui explicite les règles communes de La Meute, ces SOP s’imposent à toutes et à tous, par dictat militaire. Une ex-membre éclaircit ce que sont les SOP :
Évidemment, ces règles internes ne peuvent être discutées, on obéit aveuglément, tandis que les chefs peuvent se permettre de les changer quand ça ne fait plus leur affaire : « Les SOP sont en évolution constante en fonction des expériences vécues (…). Tout manque de respect envers un Garde ou un membre du Conseil doit résulter en une expulsion immédiate ».
Conclusion
La Meute est une patente qui fut créée pour pouvoir exercer un contrôle total sur les membres, en permanence. Plusieurs l’ont noté, y compris la militante xénophobe Josée Rivard :
Comme nous l’avons vu dans mon précédent billet, tous les officiels, petits et grands, doivent signer une « entente de confidentialité » qui les musèlent légalement, autant lorsqu’ils sont membres, qu’après avoir quitté (pour une période de 12 mois).
Même la cheffe du commandement ne comprenait pas vraiment ce qu’elle signait :
La « Cause » qui rassemble cette communauté de croyants.es est une fumisterie : aucun « islamiste radical » n’est dans la mire de La Meute et le Québec n’est pas du tout en danger d’être sous l’emprise de la Charia.
En fait, il n’y a que 3% de musulmans.es au Québec et ils ne parlent même pas de « charia » entre eux. De plus, ils ne sont pas portés au prosélytisme, aucune chance qu’ils puissent convertir « nos enfants » à la charia.
Combien de temps encore Maikan maintiendra-t-il sa secte nommée La Meute?