Mardi dernier, quand j’ai vu la « une » du Journal de Montréal qui titrait : « Fugueuse. Comme à la télé », je me suis dit que cet angle était de mauvais goût, car on entremêlait un drame réel – la disparition de la jeune Kelly Martin Nolet – et une série populaire.

Le journaliste de La Presse, Mario Girard, a bien fait de rappeler que l’émission « Fugueuse » est un produit de Québecor, puisqu’elle est diffusée sur le réseau TVA. On a donc instrumentalisé un drame humain réel pour faire la promotion de la série et vendre des journaux…
Le chroniqueur télé Stéphane Morneau a aussi exprimé son malaise. Il ajoute que « J.E. nous présentera cette semaine une émission sur le proxénétisme et, encore ici, on fait le lien avec la popularité de la fiction pour couvrir un enjeu réel et inquiétant. »

PKP et la double faute
Non seulement PKP ne reconnaît aucun opportunisme de la part de Québecor, mais il contre-attaque par un Tweet à la Donald Trump, accusant le journaliste de travailler pour un média lointainement lié à l’État islamique!
Il s’agit d’un sophisme de la double faute, qui vise à rendre moralement acceptable n’importe quel comportement : tu nous reproches de promouvoir nos produits à travers nos réseaux d’information, mais vous vous avez des liens avec des gens qui ont peut-être eu des liens avec l’État islamique…
Il y a bel et bien un fond de vérité dans la réplique de PKP : PowerCorp possède des actions dans Ciment Lafarge, une entreprise française qui aurait fait des versements – « à l’initiative de la direction locale et régionale » – au groupe armé État islamique entre 2012 et 2014. Mais rien n’indique que M. Paul Desmarais Jr était au courant. Il s’est même dit « terrorisé » en apprenant la nouvelle deux ans plus tard.
Et surtout, la riposte de PKP n’est qu’une diversion, elle n’a aucun rapport avec le présent sujet.
Il y a un mois, tout juste après les commémorations du massacre de la Mosquée de Québec, M. Péladeau a lancé des tweets contre Justin Trudeau, l’accusant d’être le vrai «nono». Plutôt que d’exprimer ses sympathies aux familles des victimes de la tragédie, il a senti le besoin de critiquer Trudeau qui avait qualifié les Meutons de «nonos» :
Il utilise là aussi le sophisme de la double faute : tu traites les racistes de «nonos», mais regarde-toi avec ton entente Netflix!
PKP peut bien critiquer l’entente Netflix, c’est tout à fait légitime, et il l’a fait abondamment, mais ça n’avait aucun rapport avec le phénomène de l’islamophobie et le drame qui était commémoré.
Autres tweets
L’attitude vindicative de PKP s’est aussi fait voir en janvier, dans une réplique au journaliste Yves Boisvert de La Presse, qu’il accusa d’être à la solde des Desmarais :
Tout à l’inverse, il ne rate jamais une occasion d’encenser les chroniqueurs de sa tribu, tel Richard Martineau, cet «iconoclaste» qui nous fait «sérieusement réfléchir» :
Ou Denise Bombarbier, avec qui nous prenons «du plaisir dans la lecture», «en permanence» (surtout quand ça tape sur Radio-Canada et Trudeau…) :
Maints autres tweets de PKP servent carrément à mousser les produits de Québecor. Par exemple celui-ci entre mille :
Pierre Karl Péladeau le politicien serait-il vraiment capable de distinguer ses intérêts personnels de l’intérêt général?