Daniel Laprès est un influent intellectuel identitaire, fort actif et agressif sur les réseaux sociaux. Parmi ses prouesses, on peut compter sa contribution à la victoire de Jean-François Lisée dans la course à la chefferie péquiste, en répandant toutes sortes de rumeurs contre le «zinzinclusif» Alexandre Cloutier dans divers groupes Facebook.
Tel que révélé sur Vigile rs sur la tolérance, M. Laprès est pourtant un ex-fédéraliste convaincu, qui fut conseiller aux Affaires étrangères pour le compte du gouvernement canadien, de 1998 à 2004. Il fonda également le Réseau Démocratique Canadien, qui prônait les belles valeurs fédéralistes, « multiculturalistes », sur nombre de tribunes, incluant La Presse.
Laprès le harceleur
Une fois devenu brusquement militant islamophobe sur Facebook – par exemple, il gère tout seul un groupe public intitulé « Québec Anti-Charia » – il se métamorphose soudain en ardent indépendantiste, et un intimidateur radical. Parmi ses victimes, l’on pourrait citer en exemple les témoignages d’un certain Steven sur Youtube.

Pour ma part, bien que je n’aie jamais discuté avec ce M. Laprès et qu’aucun de mes textes ne l’ait jamais mentionné, il s’est acharné sur mon cas durant le mois de septembre, me traînant dans la boue de mille et une manières.
Tout d’abord, le 11 septembre dernier, il lança contre moi une rumeur tout à fait diffamatoire affirmant que je fomenterais des actes de violence envers des « femmes racisées ». Quel est ce délire?
En guise d’explication, il se montra incapable de citer une seule ligne de mes articles. Tout ce qu’il a fait, c’est m’insulter en me traitant de facho, en taxant mes amis.es facebookiens de tarés sociopathes, puis en donnant des informations sur mon emploi au passage :
Étrangement, ces accusations referont surface une semaine plus tard, dans un brûlot mensonger signé par son amie Djemila Benhabib : elle y déclarait faussement qu’une source policière l’avait mise en garde du fait que je préparais la «casse» de son prochain colloque. Devant l’énormité de sa diffamation, elle retira le billet de son blogue le lendemain. Mais Laprès, entre-temps, me calomniait encore sur ses tribunes :
Pourquoi cet acharnement haineux?
La seule chose qui m’était reprochée, en réalité, c’était d’avoir révélé, dans Ricochet, que La Meute avait fait la sécurité de l’événement Benhabib au mois de mai dernier. Liberté d’expression? De surcroît, ce sont des leaders de La Meute eux-mêmes qui s’en étaient vantés sur les réseaux sociaux…
Suite au colloque Benhabib du 28 septembre, un ami m’a rejoint pour partager son témoignage : des gardes de sécurité amateurs faisaient toujours des fouilles à l’entrée de la salle, et des policiers lui ont confié qu’ils n’étaient pas là pour surveiller les antifas, mais bien des groupes d’extrême-droite…
Après avoir publié mon entretien avec M. Émond, Daniel Laprès l’assiégea sur son mur, en le taxant de tous les noms. Il fit alors un aveu étonnant : il assure connaître personnellement chacun des goons en poste ce soir-là et même connaître leur idéologie.
Comment diable a-t-il mis la main sur la liste des gardiens de sécurité? Comment sait-il qu’ils s’opposent à La Meute?
Dans une autre conversation, un dénommé Steve Graindlair assure que c’est lui qui était responsable de la sécurité sur le terrain.
On le voit effectivement ici, à droite, non loin de Stéphane Roch (numéro 2 de La Meute), qui se tient debout à gauche.
Un autre à s’être démasqué est Pier-michel Pelo Tardif, qui clame haut et fort avoir joué au « Garda » amateur, tout en détestant La Meute :
Mais bon, si ce M. Tardif réprouve tant La Meute, c’est peut-être parce qu’il porte les couleurs d’un groupe d’extrême-droite rival, les Insoumis, comme l’indique sa photo de profil :
Le Mouvement des Insoumis
La différence entre les Insoumis et les rivaux que sont La Meute, la Storm Alliance et les Soldiers of Odin, réside en ce qu’ils sont farouchement pro-souverainistes, tandis que les autres sont pan-canadiens.
Pour le reste, les Insoumis forment tout de même un regroupement d’extrême-droite identitaire, activiste, obsédé par la supposée « islamisation » du Québec (voir le bref portrait que j’en ai tracé).
Ceci dit, les membres se rencontrent habituellement à Noël, afin de festoyer en bonne compagnie. Sur la prochaine photo, on peut voir leur rencontre de Noël 2016, où Daniel Laprès, Pier-michel Pelo Tardif et Steve Graindlair sont en train de banqueter ensemble :
On comprend ainsi un peu mieux pourquoi Daniel Laprès prétend les connaître personnellement, et pourquoi il sait pertinemment que ces gens ne sont pas dans La Meute (M. Laprès était aussi sur place lors du Noël 2014).
Sur les autres photos, M. Laprès multiplie les commentaires familiers, démontrant qu’il les connaît de près. Ici il encense le chef ultra-xénophobe des Insoumis, Sylvain Meunier, en l’appelant « Sieur Sylvain » :
La prochaine remarque est encore plus intrigante : Daniel Laprès reconnaît la valeur d’un certain Jack Gosselin en tant qu’excellent responsable de la région Mauricie.
Comment peut-il savoir que Gosselin fait un bon job comme leader des Insoumis en Mauricie? Notons aussi tous les égards qu’il prend à leur endroit, en les appelant toujours « Sieurs ».
Enfin, observons une dernière fois avec quelle camaraderie il commente la soirée:
Quelques parallèles
Nous avions dit en introduction que M. Laprès s’était démarqué durant la course à la chefferie du Parti québécois en faisant une campagne de salissage en règle contre Alexandre Cloutier.
Comme par hasard, Les Insoumis avaient mis la main à la pâte, faisant circuler l’une des affiches les plus efficaces pour effectuer ce travail de sape :

Autre coïncidence. M. Laprès fit une sortie stupéfiante le 4 août dernier en annonçant qu’après « mûres réflexions » il prenait sa « retraite » du combat anti-islam – est-ce possible de congédier son islamophobie comme ça? – pour se préoccuper d’autres choses à l’avenir, dont ses capsules historiques qui aident à mieux faire connaître nos héros nationaux.
Or, quatre jours plus tôt, le Mouvement des Insoumis fit une annonce fort similaire, stipulant qu’après une « longue réflexion », il abandonnait « la lutte à l’islam politique » pour se consacrer à la promotion de la culture québécoise.
Comment cet homme, en une seule décennie, a-t-il pu passer d’ardent défenseur du «multiculturalisme canadien» à partisan du nationalisme identitaire le plus fermé? Mystère, mystère, mystère…