Johane Cayer, alias Jo Caya, a été membre de La Meute pendant longtemps, presque depuis sa fondation. Si bien qu’elle a grimpé dans la hiérarchie, au point d’atteindre le grade de « commandante » de La Garde.
Mère monoparentale, elle a donc dû diriger une troupe de 35 fiers-à-bras – « de 12h à 17h par jour, 7 jours sur 7 ». Le rôle principal de La Garde consiste à modérer leurs pages Facebook, en utilisant la menace et l’intimidation à l’occasion. Lors des manifs, c’est la cellule de « Sécurité » qui prend le dessus, on y trouve encore moins de femmes. Johane Cayer n’a d’ailleurs jamais accédé au Conseil, malgré tous ses sacrifices pour « la Cause ».
Telle une secte, tous les ordres venaient d’en haut, c’est-à-dire de Sylvain « Maikan » Brouillette qui a la mainmise sur le Conseil (exécutif de La Meute).

Il y a une culture d’omertà au sein d’une structure qui se veut de type « militaire » :
En réalité, tout cet ordre militaire n’est que de la poudre aux yeux pour masquer la véritable nature « sectaire » de l’organisation. Un gourou au sommet, un silence forcé, des menaces faites aux membres et aux gardes, une mission transcendante qu’ils nomment La Cause – c’est-à-dire freiner l’invasion de l’islam dans une perspective apocalyptique – et des enjeux financiers et sexuels au sommet.
Johane Cayer ne fait plus partie de La Meute depuis la dernière crise de décembre 2017. Elle s’est jurée de déballer toute la vérité dans les derniers jours, mais les dirigeants l’ont menacé elle et son enfant, de sorte qu’elle a retiré ses publications. Je les ai sauvegardé à temps, voici un résumé des révélations.
Des ententes de confidentialité
Pour s’assurer le silence absolu des membres, surtout quand ils se hissent aux postes de pouvoir, il existe une « entente légale » qu’ils doivent signer. Celle-ci était tenue dans le plus grand secret. L’ancien co-chef de La Meute, Éric Proulx, qui s’est fait mettre dehors en décembre, est le premier à entrouvrir la porte :
Johane Cayer va alors plus loin et met carrément en ligne ce contrat qu’elle avait été contrainte de signer.
En voici des extraits : « Je reconnais que La Meute Inc. est l’unique propriétaire de ses renseignements confidentiels. Ce qui comprend tous les renseignements, quelle qu’en soit la forme (…). Les méthodes, pratiques et stratégies de travail de La Meute, et les renseignements connexes ». Les renseignements « financiers », les renseignements sur les « ressources humaines y compris les SOP, les techniques d’entrevue et les manuels de formation ». « Tous les secrets, formules et procédés secrets, le savoir-faire, les idées et les processus de La Meute ».
Bref, tout appartient à La Meute ou presque, sous peine de poursuite judiciaire. Les membres doivent s’engager à ne rien divulguer, même s’ils sont exclus de la secte : « Je conviens que, durant mon implication et en tout temps après la cessation de cette implication, je ne ferai pas de copies ni de synthèses des renseignements confidentiels ». « J’accepte de retourner promptement à La Meute toutes les notes de service, les autres notes ».
Dans la Partie II du contrat, les membres exclus doivent ensuite garantir leur loyauté à La Meute « pour une période de 12 mois », durant laquelle ils n’ont pas le droit de faire « concurrence » à La Meute en invitant d’autres membres à quitter eux aussi. C’est une sorte de clause « touche pas à ma secte » : « ne pas directement ou indirectement recruter, solliciter, ou autrement persuader ni tenter de persuader tout membre de La Meute de cesser son implication ».
« Je reconnais que les restrictions contenues dans cette entente sont nécessaires pour la protection et la survaleur de La Meute ». La « survaleur »… « Dans le cas d’une telle violation, je conviens que La Meute (…) est en droit d’exiger une exécution en nature ou d’obtenir une injonction ».
On doit ensuite signer ce document à la fin, nous muselant légalement ou, du moins, par la crainte créée par ledit contrat.
Les dirigeants menacent les familles des membres
Une fois le document divulgué, Johane Cayer n’a pas reçu une mise en demeure, mais bien des menaces tout à fait répugnantes contre son enfant qu’elle élève seule:
Croulant sous la pression, elle a donc effacé ses statuts des derniers jours, mais elle a mis en ligne les menaces qu’elle a reçues de Sébastien Chabot, un exécutant bien connu des ordres provenant du gourou Maikan :
Soit dit en passant, La Meute est réputée pour menacer la famille de ses contradicteurs et de ses membres récalcitrants. Un billet d’On Jase a révélé quelques exemples le mois dernier, et ce n’est que la pointe de l’iceberg car la plupart des victimes n’osent pas parler.
Un putsch en septembre sur des motifs inventés
En septembre 2017, Maikan avait orchestré un putsch contre le dirigeant de l’époque, Patrick Beaudry. C’est Johane Cayer qui était alors « commandante » officielle de La Garde.
Elle révèle que l’organisation sectaire fut manipulée par Maikan pour virer Patrick Beaudry – alias Ptrk – à l’aide de désinformation et de mensonges éhontés. Maikan et son bras droit Stéphane Roch sont les seuls à connaître leurs combines, afin de prendre le contrôle financier de « La Meute Inc. ».
Johane Cayer reçoit l’appui des ex-dirigeants Patrick Beaudry et Éric Proulx, qui confirment que tout ce qu’elle dit est vrai :
La Meute est en purge constante
La crise actuelle avait démarré alors que le Conseil faisait encore preuve d’un autoritarisme aveugle, contrôlant les contacts FB de tous les membres, leur interdisant d’être amis avec telle ou telle personne :
Il paraît que la direction meutonne est rendue pire que le gouvernement, les antifascistes et moi-même, c’est tout dire :

Ce qui ressort le plus des témoignages de Mme Cayer, c’est la structure sectaire et oppressive du groupe d’extrême-droite. Après avoir passé deux ans à se donner corps et âme, elle réalise qu’au bout du compte, toutes les énergies sont dépensées dans les purges internes (ils appellent ça de la « dératisation », une chasse aux rats) plutôt qu’à s’occuper d’une soi-disant islamisation du Québec, ce pour quoi La Meute n’a jamais rien fait de constructif, à part persécuter des personnes racisées par-ci, par-là :
Sur le plan tactique, Johane Cayer révèle également que la direction est outillée d’une dizaine de pages Facebook afin de fomenter et mettre à exécution leurs purges, par mille et un moyens crapuleux :
Dans un énième témoignage, elle explique que c’est exactement comme dans les documentaires où des femmes « sont prises dans des sectes ». En dehors de sa secte, elle est si détruite qu’elle n’arrive plus à manger :
En dernière analyse, j’aimerais rappeler que Johane Cayer, alias Jo Caya, a été au cœur du leadership de La Meute depuis sa fondation. Elle reçoit aussi les appuis de l’ex-gourou et #1 du groupe, Patrick Beaudry, ainsi que d’Éric Proulx – ancien #2 et gourou tout-puissant au Saguenay – qui avait pourtant fait partie du coup d’État contre ce même Beaudry.
La Meute est une organisation fascisante, tout aussi toxique pour ses membres que pour le reste de la société.