Il y a un an, en décembre 2017, TVA Nouvelles déchaînait la ferveur des islamophobes en lançant le fameux « Chantiergate », c’est-à-dire un reportage-choc selon lequel deux mosquées de Montréal auraient soi-disant exigé qu’un chantier de construction proscrive « les femmes » y travaillant le vendredi, jour de prières.
Des menaces sérieuses avaient été lancées dans les jours suivants contre les mosquées et des groupes radicaux avaient organisé une manif le vendredi pendant les prières.
Il n’avait fallu que 48 heures pour mes amis.es d’On Jase et moi pour remettre en question la version de TVA et cibler cet individu dont les propos versaient dans la xénophobie :
TVA Nouvelles a ouvert une « enquête interne » et ce n’est qu’un an plus tard que cette vérification s’est conclue… absurde :
JANVIER 2018
Les groupes extrémistes ayant connu leur apogée en 2017, tels La Meute et Storm Alliance connaissent un ralentissement durant l’hiver. L’équipe d’On Jase – un journal web amateur bénévole qui plaide en faveur de la tolérance – met en branle le travail de moine qui consiste à calculer le nombre réel de participants au groupe secret de La Meute.
Les conclusions sont renversantes : alors que les chefs de La Meute prétendent pouvoir compter sur 40 000 à 60 000 membres, on apprend qu’ils sont moins de 4000 et à peine quelques centaines de loups sont réellement actifs sur le groupe secret. Ce résultat se confirme aussi à l’occasion de leurs manifestations dans la vie réelle, où ils peinent à rassembler plus de 200 personnes.
Le 10 janvier, une organisation néonazie de Québec – Atalante – cherche à m’intimider en raison d’une entrevue sur le groupuscule que j’avais accordée à Radio-Canada trois semaines plus tôt. Ils posent des bannières durant toute une nuit :
Atalante vise également des célébrités comme Guy A. Lepage. Les « de souche » sont taxés de « traîtres », tandis qu’Amir Khadir et Jaggi Singh sont taxés de « parasites ». Il ne semble pas que la police les ait embêtés par la suite. Il a fallu que les militants d’Atalante intimident les locaux du média « VICE » pour que la police intervienne enfin.

FÉVRIER 2018
Dans le sillage de mon entrevue sur Atalante, d’autres militants anti-islam cherchent eux aussi à me nuire à leur manière, en portant plainte contre Radio-Canada car je ne serais pas suffisamment « expert » à leur goût.
L’ombudsman rejette leur plainte sans hésiter, estimant que je serais tout à fait crédible et que c’est plutôt eux qui font de l’acharnement. Le principal plaignant, François Doyon, perd ainsi la face et décide de quitter Facebook dans les semaines subséquentes :

Coup dur pour l’extrême-droite, la Storm Alliance perdra son leader Dave Treggett pour une sombre histoire de scandales sexuels. Le pauvre « Treg » était pourtant à son apogée. Quand il y eut le « chantiergate », une vidéo de lui en train de piétiner dans la neige avait été partagée plus de 10 000 fois.

MARS 2018
En février et mars, des chroniqueurs comme Mathieu Bock-Côté et Lise Ravary se mettent à marteler que les antiracistes sont les vrais racistes. Voir cette fine analyse de Ravary :
Pendant ce temps, une chroniqueuse française révèle à MBC qu’il est vénéré à l’extrême-droite. Ce dernier réplique : « On ne peut empêcher un cœur d’aimer » ;
AVRIL 2018
Des tensions politiques commencent à se faire sentir. Il y a par exemple Vincent Marissal qui fait le saut à Québec solidaire et se présentera dans Rosemont. J’avais eu la chance de couvrir l’événement pour Ricochet.
Quelques mois plus tard, Marissal causera la surprise en défaisant Lisée, chef du parti québécois, dans ce comté.
Au même moment, une vague de haine déferle contre la candidate solidaire Ève Torres, pour la simple raison qu’elle porte le voile. Même si elle est progressiste et féministe, rien n’y fait. Ce serait une méchante « islamiste », selon Ravary et Benhabib. Denise Bombardier nous prédit « un sombre avenir »…
En avril, il y a aussi eu le « Manifeste » de La Meute, qui était une niaiserie rédigée par leur gourou Sylvain « Maikan » Brouillette. Ç’a avait pour but d’attirer les médias dans son patelin de Saint-Agapit. Quelques femmes avaient été mises à l’avant-scène pour faire accroire que La Meute – machiste – était paritaire :
MAI 2018
On apprend qu’un des plus influents néonazis au monde est le Québécois Gabriel Sohier Chaput, résident du quartier Rosemont. Il était le #2 du site suprémaciste blanc « Daily Stormer »
Sur le plan politique, une amie me fait remarquer qu’une nouvelle candidate du Parti québécois, Mme Muguette Paillé, partage de drôles de choses sur sa page Facebook.
En poussant mes recherches plus loin, je me rends compte qu’elle participe carrément à des forums d’extrême-droite et qu’elle tient des propos tout à fait choquants. Suite à mes deux billets sur le sujet, la direction du Parti québécois décide de retirer sa candidature, même si Lisée l’avait accueilli à bras ouverts en disant qu’elle était « la voix de la sagesse populaire » :
La même semaine, des amis.es insistent pour me signaler qu’au fond, une autre candidate, Michelle Blanc, serait tout autant islamophobe. J’écris donc un billet qui est aussitôt repris par le « Journal de Montréal » :
Mme Blanc ne me pardonnera jamais ce billet. Elle tentera de se venger plus tard.
JUIN 2018
La Meute fait une assemblée officielle à la Brasserie Gueule de loup, à Sainte-Adèle. Non seulement la propriétaire ferme les yeux sur leur racisme, mais va jusqu’à les appuyer, puis des membres de sa famille et du personnel joignent les groupes Facebook de La Meute. Une guerre d’« avis » s’en est suivie sur les médias sociaux, entre racistes qui accordaient une note de 5/5 à la microbrasserie et les antiracistes qui donnaient 0/5.
Sommet du G7 à Québec : les grands médias craignaient les manifestants.es, mais ce sont plutôt les forces de l’ordre qui ont abusé…
Un nouveau groupuscule d’extrême-droite émerge, « Independance Day ». L’un des co-dirigeants est l’ancien chef du volet québécois du KKK dans les années 90’…
JUILLET 2018
Le 1er du mois, La Meute ose se présenter à Montréal, pour un événement « historique ». Les xénophobes seront finalement moins de 100 et seront encerclés par les contre-manifestants antiracistes.
Je publie un billet sur le Front patriotique du Québec qui tient une marche le même jour. Il s’agit d’un groupe d’extrême-droite souverainiste qui s’est lié à la milice du III%.
Ce groupe me menacera avec toujours plus d’intensité, souhaitant même organiser une manif devant un cégep où j’enseigne :
AOÛT 2018
Diane Blain se fait connaître en interrompant une allocution partisane de Justin Trudeau. Elle l’accusait de favoriser l’immigration « illégale », ce qui est faux. Il réplique que les discours d’intolérance n’ont pas leur place au Canada, ce qui va choquer les chroniqueurs identitaires. On révélera peu après qu’elle était intimement liée à l’extrême-droite québécoise :

Une nouvelle figure apparaît dans les rangs xénophobes, Pierre Dion, qui tient des propos racistes et confus. Il organise une manif à Laval contre l’immigration. De grands médias décident de couvrir l’événement et lui tendent le micro même s’ils sont tout juste une vingtaine.
La campagne électorale est officiellement lancée le 23 août. Une personne me contacte pour m’informer qu’un autre candidat du PQ aurait multiplié des commentaires inappropriés sur les réseaux sociaux : Pierre Marcotte, dans Drummond-Bois-Francs.
J’écris un billet le soir même et je vais me coucher. Ç’a pris moins de 5 heures que déjà Jean-François Lisée annonçait en point de presse que son candidat était viré.
C’était donc le troisième candidat péquiste qui se trouvait dans l’eau chaude à cause de moi. Mais en réalité j’avais à peine enquêté sur eux, leurs publications Facebook étaient publiques, à la portée de tous.
J’ai toujours l’intime conviction que la CAQ est un parti plus à droite que le PQ, c’est juste un hasard si on ne m’a signalé aucun de leurs candidats ayant de telles traces islamophobes sur les réseaux sociaux…
SEPTEMBRE 2018
Des chroniqueurs comme Steve E. Fortin, Denise Bombardier, etc., essaient de me traîner dans la boue en me traitant de diffamateur professionnel, etc. Lisée reconnaissait pourtant que mes textes étaient justes et factuels puisqu’ils disaient la vérité.
C’est alors qu’est intervenue la candidate Michelle Blanc – experte en réseaux sociaux – qui m’a diffamé en soutenant que si moi je laissais entendre qu’elle est islamophobe, donc ça lui donne le droit de laisser entendre que j’aimerais « les petites filles de 15 ans ». What??? Elle répéta la même chose dans deux Tweets.
Un avocat m’a contacté rapidement pour me faire part qu’il faudrait la mettre en demeure pour exiger une rétractation, ce que nous avons fait et obtenu :
Tout au long de la campagne électorale, La Meute est allée intimider partis politiques, députés.es, en faisant du vandalisme, avec une certaine tolérance des corps policiers. Ils ont même vandalisé un lieu où je travaille. J’ai dû porter plainte :
OCTOBRE 2018
Québec solidaire remporte dix sièges, autant que le Parti québécois. Philippe Couillard et Lisée quittent la politique. François Legault triomphe et ne trouve rien de mieux à faire que d’annoncer que sa priorité sera d’interdire le port du voile dans la fonction publique.
Manifestation le 7 octobre contre le racisme et les positions intransigeantes de la CAQ. La chroniqueuse Lise Ravary tentera de diaboliser les manifestatants.es en inventant de toutes pièces la présence de drapeaux de Daesh (l’État islamique), puis des bannières du Hamas et du Hezbollah :
Elle se justifiera en invoquant une « source béton » :
Le 20 octobre, je publie un article à propos d’une enseignante remplaçante du nom d’Anne-Marie Thibault, ayant tenu des propos racistes à l’endroit de ses propres élèves, en plus de considérer qu’Alexandre Bissonnette est un « prisonnier politique ». Elle sera démise de ses fonctions 3 jours plus tard :
Cet événement me vaudra tout un backlash. D’une part Pierre Dion qui menaça « de me rendre une petite visite » :
Ainsi que des proches du Front patriotique du Québec qui mettront sur pied un stratagème criminel pour me diffamer auprès de mes employeurs :
J’ai porté plainte à la police pour ces différentes manigances.
NOVEMBRE et DÉCEMBRE 2018
Les différents groupes d’extrême-droite sont toujours en perte de vitesse, bien que la CAQ motive plusieurs à exprimer des opinions décomplexées sur le web.
Au moins deux hommes différents sont entrés dans des MAXI en se filmant, afin de se plaindre des comptoirs « halal » :
La solidaire Catherine Dorion fait l’objet d’une réelle fixation de la part des chroniqueurs réactionnaires et des radio-poubelles. Québec solidaire la soutient heureusement et se définit comme la réelle alternative progressiste au conservatisme ambiant.
21 décembre, je publie un court billet sur le trésorier du Bloc québécois dans Papineau, Jean-François Racine, qui remercie l’aide d’une milice d’extrême-droite durant ses manifs :
Quelques heures plus tard, un faux profil du nom de « Gilles Paquin » se met à me diffamer sous une dizaine de mes publications, par des affirmations scandaleuses à la Michelle Blanc :
Qui est ce mystérieux « Gilles Paquin »? Une recherche sur son compte permet de découvrir que ses deux seules interactions le lient directement à Jean-François Racine, le fameux trésorier bloquiste.
J’ai porté plainte à la police pour confirmer son adresse IP.
CONCLUSION
Merci à toutes celles et ceux qui m’ont soutenu durant l’année 2018. Il s’agit en fait d’un travail collectif, je n’aurais jamais pu écrire 10% de ce que j’ai écrit sans l’aide des dizaines de gens qui m’ont épaulé chaque jour.
Le but de mon blogue est simple, prôner une société plus juste, équitable et inclusive, en critiquant et déconstruisant les discours d’intolérance.
Merci encore à Alex Fatta, pour ses caricatures.
Bonne et heureuse année 2019!