Archive 2017 : « Onde de choc à Baie-Comeau: des musulmans auraient été aperçus à la sortie d’une pharmacie »

**Je republie ici ce billet sur La Meute que j’avais écrit en juillet 2017 (il avait été censuré par Facebook).

Vendredi matin le 28 juillet, Ricky V. se rendit à la pharmacie pour s’acheter des antidouleurs. Il venait de revêtir son plus élégant chandail de La Meute à grand-peine, en dépit de ses nombreuses côtes fracturées.

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Descendant de son pickup, deux individus mécontents ayant l’air de «musulmants» se mirent à l’enguirlander en le traitant de « racisme ». Sa réaction fut de les « envoyer chier », puis il s’engouffra dans la pharmacie où il y acheta ses médicaments.

Comble de malheur, les «musulmants» avait eu le temps de se reproduire en quelques minutes : «Quand je suis sorti, ils étaient toujours là mais tabarnak ils se sont multipliés! Ils  étaient rendus 5 les crisse de lâches ont fait venir 2 kids et une femme!».

Bon, il faudrait peut-être expliquer à Ricky V. que lorsqu’il y a une femme et des enfants, ça s’appelle une « famille » et non une milice. Il précisa plus tard qu’il s’agissait probablement de « touristes ». Puis étaient-ils vraiment musulmans?

Toujours est-il que son témoignage déchaîna des émotions des plus fulgurantes chez les «loups» de la Côte-Nord. Plusieurs regrettent qu’il ne les ait pas passés à tabac : «ça t’aurait pris une cagoule pour revenir les voir». Pierre-Alexandre D. : «Si vous en tapper un, assurez-vous qu’il n’y ait pas de témoin».

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Une dénommée Kimberly abonde dans le même sens : «Eux nos femmes et nos enfants ils les violent» (elle reçoit 5 likes). Dominique M. : «Ils font des attouchements et des viols et ils vont même pas en prison».

C’est la consternation générale, la publication est partagée au moins 45 fois, que faisaient ces monstres à Baie-Comeau : «Ça se propage comme une épidémie» estime Sue, un autre ajoute : «Ces bâtards de sous-race, c’est comme la peste, y’en a partout.» Remy B. : « Trop peureux pour protéger leur pays, ils viennent foutre leur mar** dans notre pays» (11 likes).

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Tout ça pour une famille en face d’une pharmacie, dont on ne sait même pas s’ils étaient musulmans. L’histoire de Ricky V. avait-elle été inventée?

Pierrette S. y voit une déclaration de guerre : «Après ils accusent toujours les blancs pour ce QU’ILS FONT. ILS CHERCHENT LA GUERRE. CA VA PÉTER! » (6 likes). Un autre intervenant dépose une vidéo d’armes à feu pour les intéressés-es…

Pour conclure, j’aimerais préciser que j’ai bloqué des centaines de «loups» ces dernières semaines et il reste encore des milliers d’islamophobes comme ceux-ci qui continuent à fourmiller sur les réseaux sociaux. Un groupe comme La Meute est un excellent vecteur de haine, même pour les incidents les plus insignifiants…

Archive 2017 : Djemila Benhabib et le «Safarigate»

**Je republie ici ce billet que j’avais écrit en juillet 2017 sur Facebook (il avait été censuré).

Le 2 juillet dernier, une vidéaste amatrice a semé l’émoi sur les réseaux sociaux en publiant les images de musulmans en train de prier dans le Parc Safari. Elle se disait «choquée» par le son des haut-parleurs qui envahissait l’espace public : «on est trop conciliants!».

Recevant plaintes et commentaires haineux, le Parc Safari a émis un communiqué rectifiant les faits : le groupe avait réservé un espace de pique-nique privé, aucun chemin ne traversait les lieux, et leur système de son devait respecter un certain volume, « tous les normes et règlements ont été respectés» (4 juillet).

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Un second souffle signé Benhabib

L’histoire, somme toute banale, allait être oubliée, jusqu’à ce que Djemila Benhabib vienne jouer les incendiaires. Se posant en experte, elle a rédigé deux billets Facebook affirmant qu’il s’agissait de pure «provocation» de la part d’islamistes qui ne cherchent qu’à alimenter des conflits.

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D’après cette ardente figure de proue de la laïcité, l’attroupement ne visait rien de moins qu’à «provoquer des affrontements entre Québécois et islamistes pour justifier la fumisterie du racisme systémique». Autrement dit, l’événement aurait été orchestré dans le seul but de susciter l’indignation des Québécois, pour ensuite jouer les victimes devant les grands médias. C’est ainsi que la notion de «racisme systémique» serait une construction mentale machiavéliquement moussée par de malins islamistes.

Mme Benhabib ajoute au passage que ceux-ci auraient d’ailleurs des «soutiens politiques (Parti libéral, NPD)» au pays, c’est-à-dire probablement des partis islamo-gauchistes si l’on suit son vocabulaire habituel…

La stratégie de Benhabib fut d’abord de diaboliser le groupe – vaguement lié aux Frères musulmans – les taxant d’ «islamistes», puis d’«organisation classée comme terroriste dans plusieurs pays et qui opère, ici, sur plusieurs niveaux». Non seulement elle ne fait pas la démonstration de leur soi-disant radicalité, mais elle les associe même vicieusement aux mouvances terroristes.

En dernière analyse, elle prétend que leur sortie avait pour but d’islamiser notre espace public – dans un dessein totalitaire –, tout en provoquant les visiteurs qui seraient inéluctablement traités de racistes par les «idiots utiles» que sont les gauchistes «zinclusifs».

Les doctes raisonnements de Mme Benhabib ont été accueillis à bras ouverts par des milliers d’islamophobes qui se partagèrent ses billets en chaque point de la fachosphère. Elle confirmait leurs thèses les plus paranoïaques : nous avions mille fois raison de nous indignés, voilà une bande de proto-terroristes qu’il faudrait bannir de l’espace public!

Voir ce commentaire éloquent (parmi tant d’autres) sous sa publication:

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Réfutation

L’interprétation de Mme Benhabib ne tient toutefois pas la route. Sans la fameuse vidéo, personne n’aurait ouï-dire de cet événement privé.

(1) Leur espace était privé et ce n’est qu’en empruntant une route contiguë que la vidéaste a pu entendre la prière.

(2) La sortie du groupe se faisait dans le sillage de l’Aïd el-Fitr (fin du ramadan), qui s’avère une fête de première importance pour les musulmans. On prévoyait toutes sortes d’activités festives, dont des jeux aquatiques et une célébration du 150e du Canada.

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(3) La prière n’occupait qu’un rôle secondaire dans cet événement. À tel point que le directeur du Centre me confirme qu’ils n’ont exécuté qu’une prière au lieu des deux normalement obligatoires, afin de ne pas entraver leurs activités de la journée! La vidéaste amatrice est donc tombée sur la seule prière (qui en condensait deux) et elle n’a duré que quelques minutes.

Tout cela réfute aisément la thèse de Benhabib selon laquelle on aurait tenté de «provoquer» un débat public. Il suffit de survoler les activités au programme pour se convaincre qu’on ne s’est nullement rendu au Parc pour déranger. En fait, les organisateurs se seraient très bien passé de cette polémique blessante, qui fut gonflée artificiellement par des militants.es xénophobes.

(cette histoire montée en épingle pourrait être vue comme un prélude à la « fake news » du Chantiergate, 5 mois plus tard).

 

Une polémique éperonnée par des xénophobes

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Comme le remarque un article du 5 juillet, la vidéo fut «initialement versée sur Youtube par l’utilisatrice Guindon87». Selon un autre article, il s’agirait d’une raciste notoire, Louise Duval, qui fut à la tête de la triste et intolérante page «Coalition Anti djihadistes» et «AntidjihadQuébec» . Cette dame est réputée pour son acharnement anti-islam sur les réseaux sociaux.

On pourrait aussi souligner que la première à porter plainte formellement au Parc Safari s’est révélé être une enseignante de français qui aurait fait scandale en septembre dernier, alors qu’elle avait pénalisé volontairement des élèves de confession musulmane.

Selon ses propres captures d’écran, elle aurait imposé un travail à ses élèves tout en sachant pertinemment que les absents fêtaient ce jour-là l’«eïd el kbir». L’enseignante s’en vanta même sur Facebook, rappelant ce qu’elle avait répondu à leurs camarades qui s’inquiétaient de la situation :

«Ouais pis ?! Ce n’est pas une journée fériée au Québec. Il y a de l’école, c’est à eux à être présents. Ce n’est pas mon problème et ce n’est ni le tien. Non, mais, un chausson avec ça?».

Suite à la controverse, la direction de l’établissement l’a muté dans une école moins «multiculturelle».

Bref, pour ces islamophobes, c’est l’existence même des musulmans.es qui leur pose problème. Ils ne seront jamais suffisamment discrets à leur goût.

Comment régler ce conflit autrement que par l’éducation et l’ouverture à la réalité d’autrui?

Petit conte de racisme ordinaire au resto

Pour bien des chroniqueurs et une partie de la classe politique : « il n’y en a pas de racisme au Québec! ». Il y en aurait ainsi partout en Occident et en Amérique du Nord, mais pas ici, chez les irréductibles Gaulois que nous sommes…

L’islamophobie en est pourtant l’un des symptômes les plus éloquents et pas seulement dans les cercles fermés de La Meute.

Il y a deux semaines, une dame rapportait innocemment sur Facebook la petite histoire choquante d’une soi-disant « amie » – dont l’identité n’a jamais été révélée – qui aurait calomnié un client d’apparence « musulmane », à son insu.

 

Il avait l’air «arabe»

Par un beau matin de décembre, une serveuse aperçoit son maudit client « arabe » qui commande toujours les mêmes œufs tournés sans demander de « bacon » :

z2 championne du jour - Copie

Était-il vraiment arabe, ou latino, ou d’origine indienne? Peu importe, elle est persuadée qu’il est arabe et musulman pratiquant de surcroît : c’est pourquoi elle le « trolle » à chaque fois en lui offrant du bacon, des saucisses et du jambon…

Cette fois-ci, elle décide de le « souiller » car ici au Québec, les gens qui prennent pas de bacon avec leurs œufs c’est inacceptable :

z3 championne du jour - Copie

 

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Donc après avoir graissé l’assiette entière avec du bacon cru, le client aurait dégusté son repas sans se douter de rien :

z4 championne du jour - fin

Fière de son coup, elle ajoute donc qu’elle « s’est sentie bien toute la journée » et est allée partager son expérience mémorable sur Facebook.

 

Ses proches l’encouragent

On pourrait croire que la serveuse est une « exception », un OVNI gênant dans le paysage québécois, mais les réactions sur Facebook furent tout d’abord fort approbatrices.

Voir par exemple ces premiers commentaires sur le mur de Sara Gagnon :

z5 championne du jour - commentaires

Sans faire partie –  à ma connaissance – de groupes xénophobes organisés, Mme Gagnon partage des vidéos de démagogues islamophobes comme Josée Rivard, Dave Treggett, etc., et a dans ses contacts des gens à l’humour douteux comme une certaine Dupuis :

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Quand le racisme rôde ainsi sur les réseaux sociaux, il n’est guère étonnant d’en trouver aussi des manifestations dans la vie de tous les jours.

Mais on ne peut non plus exclure la possibilité que le récit ait été inventé de toutes pièces par une auteure souhaitant réaliser ses fantasmes anti-musulmans. Cette histoire cathartique pourrait être une autre conséquence collatérale de la « fake news » lancée par TVA Nouvelles, trois jours plus tôt, attisant l’islamophobie ambiante…

Des « fake news » islamophobes à TVA Nouvelles?

Depuis mardi, un reportage-choc de TVA Nouvelles enflamme les réseaux sociaux et déchaîne la colère de tout un chacun contre deux mosquées de Montréal ayant soi-disant exigé qu’un chantier de construction proscrive « les femmes » y travaillant le vendredi, jour de prières.

La journaliste de TVA fut bien claire sur ce point : « Au moins cinq femmes auraient été chassées » du chantier, en ayant été soit déplacée, « soit carrément privées de salaire ». On a aussi évoqué des cas d’intimidation, de menaces et de violence verbale.

Le sous-titre de l’article accusait les leaders religieux : « Les dirigeants de deux mosquées ont fait des pressions sur un entrepreneur pour qu’il n’y ait aucune femme sur des chantiers ».

Ces accusations sans fondement ont mis les responsables de la mosquée en danger, en plus d’alimenter l’islamophobie partout au Québec. Voir ce témoignage de l’avocat de la mosquée :

z2 menaces graves

 

Une histoire démentie

Dès la préparation du reportage, les responsables des mosquées visées ont pourtant clamé haut et fort leur innocence, mais la journaliste ne voulait rien entendre. Elle les interrompit sèchement : « Est-ce que ça vous dérange que je sois une femme pis que je vienne vous poser des questions? ».

Comme elle refusait d’écouter réellement leur version des choses – elle ne prend même pas la peine de mentionner leurs noms dans l’article – ils ont émis un communiqué niant vigoureusement avoir revendiqué quoi que ce soit à propos des femmes : « Nous avions effectivement demandé l’accès au stationnement, sur l’heure du midi les vendredis, mais n’avons jamais demandé l’exclusion de personne ».

CBC et La Presse ont ensuite accédé à l’entente elle-même pour se rendre compte qu’on n’y faisait aucune demande d’accommodement concernant les femmes :

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Même son de cloche de la part de Serge Boileau, qui gère le chantier :z4 boileau

 

Pourquoi TVA a lancé la nouvelle?

On peut très bien imaginer que l’entrepreneur M.-A. Perreault, qui revenait de deux semaines d’absence, ait mal interprété les faits. C’est lui qu’on aperçoit au début du reportage, affirmant qu’une de ses employées fut prise à partie : « on l’intimidait, on lui criait des injures, qu’elle avait pas d’affaire là. »

Mais si elle n’avait « pas d’affaire là », était-ce parce qu’elle se trouvait sur le site du stationnement un jour de prière – contrevenant ainsi à leur entente – ou parce qu’elle était femme?

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L’histoire semble surtout reposer sur la version de ce patron, Mark-Alexandre Perreault, qui avait dit à la journaliste que l’entente écrite existait

Perreault poursuit par un commentaire plutôt xénophobe : « On est chez nous ici pis les femmes ont les mêmes droits que tout le monde ». Le 11 décembre, il avait aussi publié un texte sulfureux dans lequel il paraissait investi d’une mission:

« Les musulmans doivent comprendre qu’ils doivent s’adapter au Canada et au Québec (…). Si vous pensez comme moi, envoyez-le à tous vos contacts. Sinon supprimez-le et laissez-nous envahir. Je respecte et ferai respecter mes racines!!!!!!!!! ».

Du côté de TVA, on s’en remettait aveuglément à la journaliste Cloutier qui laissait entendre qu’elle avait vu ledit contrat, stipulant que les femmes devaient être repoussées des chantiers. La chef d’antenne Julie Marcoux a ainsi déclaré avec conviction:

« Notre journaliste Marie-Pier Cloutier a la preuve du contracteur qu’il y a eu une demande des propriétaires des deux mosquées de retirer les femmes du chantier (…). La journaliste a la preuve papier! »

Que rétorquer à des gens qui ont « la preuve papier »?

 

Backlash islamophobe

Il n’en fallut pas plus au chef de La Meute pour déclarer la guerre à la mosquée en invitant tous ses membres à la manif de vendredi prochain :

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Dans son empressement, Maikan oublia même de fermer la section commentaire sur leur page publique, ce qui nous permet de voir maintes représailles proposées par leurs militants.es. Plusieurs promettent par exemple de concocter un « méchoui au porc » pour provoquer les méchants musulmans :

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Remarquons que dès l’origine (avant l’annonce de La Meute), le reportage TVA annonçait qu’une manifestation s’organisait expressément pour troubler la prière du vendredi : « Les collègues des femmes visées songent à perturber la prière de vendredi en organisant une manifestation devant ces mosquées ».

Quelles conséquences ont les « fakes news » islamophobes sur l’univers mental de certains militants identitaires? Je crois que ce Meuton résume très bien la situation :

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Messieurs les Meutons, vous ne disiez pas que l’islam c’est pas une « race »?

Des paravents pour l’extrême-droite

L’extrême-droite québécoise se dote parfois de jolis paravents pouvant paraître attrayante pour des personnalités publiques pourtant situables au centre-gauche.

Lors d’un événement de rue organisé par Fondation Équipe-Québec le mois dernier, des invités tels Martine Ouellet (cheffe du Bloc québécois) et Jean-François Lessard (ex-candidat au porte-parolat masculin de Québec solidaire) devaient être entendus.

Les paravents dont il sera question dans cet article sont liés à La Meute et la Storm Alliance.

 

Je suis Québécois

Un rassemblement avait donc lieu le 14 octobre, devant le Centre Bell. Nommée « Je suis Québécois », cette manifestation visait à convaincre les propriétaires du CH et les partisans à adopter une politique de discrimination positive envers les joueurs d’origine québécoise : 10 Québécois minimum.

Précisons que l’affiche promotionnelle mettait en exergue une grosse bière et des logos aux allures de Front National. Voici la liste des invités.es telle qu’annoncés à l’origine :

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(Jean-François Lessard, de QS, devait y être à titre de musicien. Je tiens à préciser qu’il était là de bonne foi, tel qu’il me l’a confirmé par la suite)

Une deuxième liste, plus exhaustive, prévoyait la présence de Josée Rivard :

z2b liste des invités

Que viendrait faire Martine Ouellet, sur scène, aux côtés de l’ineffable Josée Rivard?

Décrite ci-dessus avec enthousiasme comme « Youtubeuse la plus populaire du Québec », il conviendrait plutôt de cataloguer Josée Rivard comme authentique agente de haine, dont les vidéos incitent régulièrement à la rébellion des «de souche» contre les «migrants».

En fin de compte, ni Martine Ouellet ni Josée Rivard se sont pointés à l’événement, qui avait été mis sur pied par Fondation Équipe-Québec, appuyé par le Mouvement républicain du Québec (MRQ).

Les organisateurs tenaient à ce que les messages ultranationalistes soient entrecoupés d’orateurs et musiciens.es « issus » de la diversité, comme l’a compris un participant :

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Mais une fois les projecteurs éteints, il n’y avait que des hommes blancs au bar pour fêter ça :

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Fondation Équipe-Québec

L’organisme derrière la soirée était Fondation Équipe-Québec, dont les principaux administrateurs s’avèrent être ces deux hommes :

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Stefan Allinger et Daniel St-Hilaire ont fait partie des six principaux orateurs. L’objectif du collectif est de « promouvoir et défendre les intérêts de notre élite sportive québécoise sur les scènes internationales ». Pour ce faire, on n’hésite pas à tisser des liens avec des organisations fort douteuses.

Les deux larrons sont d’ailleurs membres du groupe secret de La Meute :

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Ne reculant devant rien, M. St-Hilaire avait d’ailleurs porté les couleurs d’Équipe-Québec lors du colloque du Mouvement républicain (MRQ) qui avait lieu cet été, dans une écurie de Saint-Lazare:

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De son côté, M. Allinger tenait une table au milieu de la grange, qui semblait avoir un succès fou :

z3Fondation équipe québec

Rappelons qu’il s’agissait d’un événement ultranationaliste directement lié à La Meute, qui en assurait la sécurité. Des participants.es avaient leur t-shirt avec pattes de loup et Sylvain « Maikan » Brouillette – porte-parole du groupe raciste – avait prononcé l’un des discours de clôture les plus appréciés.

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Caricature par mon ami Alex Fatta

Dans la foulée du colloque, Daniel St-Hilaire deviendra un très grand fan de Guy Boulianne (alias le Prince fou), qui fera lui aussi partie des orateurs ayant performé devant le Centre Bell :

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Ils cultiveront notamment une haine commune sans borne pour les « antifas » et les « burquas », tout en se partageant allégrement des « fake news » provenant du site Infowars d’Alex Jones :

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Le MRQ fut un pilier de la soirée « Je suis Québécois », que nous disions avoir affiché une belle « diversité ». Mais cette ouverture de façade s’écroule aussitôt que l’on retourne devant nos militants.es xénophobes. Voir par exemple cet article odieux partagé par le MRQ la semaine dernière, s’opposant au « métissage des races » :

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Daniel St-Hilaire

Examinons en dernière analyse le cas de Daniel St-Hilaire, qui s’avère le véritable idéologue derrière la Fondation Équipe-Québec.

Il s’agit d’un ex-candidat déçu du Bloc québécois, aux élections d’octobre 2015. C’est donc dire que s’il avait gagné, il serait présentement en train de réaliser son premier mandat de député.

St-Hilaire jouit d’une bonne réputation dans le monde sportif, à tel point qu’il a reçu une médaille de l’Assemblée nationale pour son engagement et son dévouement auprès des athlètes québécois en tant qu’entraîneur.

Ceci dit, il est aussi réputé pour prôner la théorie conspirationniste du « Grand remplacement » avancée par le propagandiste d’extrême-droite identitaire, Renaud Camus. C’est-à-dire que nos élites veilleraient à substituer nos habitants.es « blancs » et « de souche » par une population immigrante :

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Il apparaît aussi favorable aux « milices » citoyennes venant nous défendre contre les méchants migrants :

z6b st-hilaire milices anti migrants

 

Puis quand on jette un rapide coup d’œil à ses abonnements FB, on se rend bien compte que les « milices » de chez nous lui plaisent :

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Notons enfin que Daniel St-Hilaire co-anime aussi une émission radiophonique – avec son camarade Stefan Allinger – sur Radio InfoCité, spécialisée dans les tribunes ultranationalistes et conspirationnistes.

C’est à ce titre qu’il s’est rendu à Saint-Bernard-de-Lacolle, cet été, afin d’applaudir une manifestation de la Storm Alliance, venue contester l’arrivée de migrants.es haïtiens.

L’illustre entraîneur sportif arborait fièrement son chandail d’Équipe-Québec, comme si le contexte s’y prêtait… Il était accompagné de Martin Joseph Lamontagne (chapeau feutre noir), celui-là même qui avait animé la soirée devant le Centre Bell :

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(on peut apercevoir le néonazi Shawn Beauvais-McDonald, à gauche, portant son légendaire casque rouge)

Peu après, St-Hilaire est allé prendre un bon bain de foule :

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« Il y a convergence… La colle commence à prendre! » …

Enfin, l’ex-candidat bloquiste a eu l’immense honneur de rencontrer le chef de la Storm Alliance en personne, le facho Dave Treggett. Ils ont même levé le poing ensemble en guise de réjouissance. Vive Équipe-Québec!

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Une perche tendue aux racistes

L’Alberta annonça récemment qu’elle allait étendre ses programmes linguistiques à de nouvelles langues, telles l’arabe. De la maternelle jusqu’à la fin du secondaire, on pouvait déjà y d’apprendre le chinois (mandarin), l’allemand, l’ukrainien, le cri, la langue des Pieds-Noirs, l’italien, le japonais, le pendjabi, le latin, l’espagnol…

Mais lorsque les grands médias rapportèrent la nouvelle qu’on allait y ajouter l’arabe, cela déclencha un véritable coup de tonnerre dans la droitosphère.

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Analyse d’une histoire montée en épingle (merci à Vigile RS sur la tolérance pour avoir soulevé la problématique en premier).

 

Le titre choisi par les médias traditionnels

À ma connaissance, le premier grand média à en parler fut Global News, dont le siège social se trouve à Toronto. L’annonce fut traitée de manière bienveillante par la journaliste Kim Smith, dont le reportage soulignait clairement que ces programmes de langue bonifiés allaient mieux desservir la communauté arabophone, auparavant laissée pour compte malgré le vaste choix de langues offert aux autres.

CTV, Radio-Canada et TVA Nouvelles ont emboîté le pas en reprenant le même titre à quelques virgules près : « Alberta schools to offer Arabic-language bilingual program in 2018 » / « Des cours d’arabe dans les écoles albertaines dès l’automne prochain ».

Comme les gens ne lisent souvent que les gros titres, il n’en fallut pas plus pour alerter les islamophobes, qui se croient envahis de toutes parts.

 

La réaction des lecteurs de TVA/Journal de Montréal

À la différence de Global News, nos médias francophones ont relayé le titre en le contextualisant de moins en moins. De sorte qu’il fallait lire tout l’article du Journal de Montréal jusqu’à la dernière ligne pour enfin réaliser que d’autres langues étaient offertes en plus de l’arabe, sans plus d’explications.

Comment le lectorat de Québecor a-t-il interprété la nouvelle ? Dans le Journal de Montréal, la section commentaire n’était pas disponible, mais le fil Twitter de TVA nous donne un bon aperçu de quelle fut la réception générale : je compte environ 46 commentaires exprimant l’indignation, et seulement 6 qui tentent de tempérer les autres ou de faire valoir la richesse de connaître plusieurs langues.

Quelques exemples de protestation :

tva abattre

tva coran

tva1 meute

tva islamiser

 

 

La pérégrination de la nouvelle sur la droitosphère

Quand l’article de Global News est paru le 8 octobre, il n’a fallu que quelques minutes pour que la page xénophobe « Canadian Patriots » le partage. Cette page anglophone est suivie par plus de 82 800 personnes… Une heure plus tard, ce fut la page « Québécois pour Donald Trump » qui poussa les hauts cris :

zz 8 oct Qbc pour D Trump

 

Le lendemain, c’était au tour du parti Citoyens au pouvoir de juger qu’il est louche qu’on ait choisi l’arabe au lieu de « l’Espagnol ? l’Allemand ? etc. ». Puis Guy Boulianne (alias le Prince fou) créa un autre boom à partir de la page du Mouvement républicain du Québec. Des gens appelèrent à la révolte :

zz 10 oct révolte

 

Glissant dans la fachosphère, les articles furent partagés par « Pegida Québec », « Québécois debout contre l’islam radical », ainsi que « Non à la Québécophobie et au racisme envers les Québécois » (NAQAREQ), etc.

 

Conclusion

Nos grands médias devraient être plus sensibles au fait qu’il y a une réelle islamophobie galopante au pays. Lorsqu’on titre qu’un programme bilingue d’arabe sera offert en Alberta, sans spécifier que dix autres langues étaient également offertes, alors on génère inutilement de la polémique.

A-t-on parlé de germanisation ou de pendjabisation du pays lorsque les premiers programmes bilingues sont apparus ?

Cette étude de l’arabe (optionnelle) ne passerait même pas avant le français, car ce dernier bénéficie d’un statut privilégié et de cours d’immersion pouvant dépasser les 50% du temps passé en classe.

De plus, ce n’est pas parce qu’un.e élève apprend l’arabe qu’elle « s’islamise » et les musulmans eux-mêmes ne sont pas des « islamistes ».

Les cochons de La Meute

Tel que révélé dans The Gazette il y a deux jours, l’idée de déposer une tête de cochon à l’entrée d’une mosquée avait été lancée dans le groupe secret de La Meute, quatre mois avant l’incident haineux. Simple hasard?

 

Obsession pour les cochons, sur le fil de La Meute

Comparons les faits. Une discussion avait tout d’abord été initiée le 15 février dernier par une dame qui recherchait des suggestions pour « freiner la construction de mosquées à Sherbrooke ».

C’est alors que s’en est suivi un brainstorming de dizaines et dizaines de commentaires tous aussi racistes les uns que les autres, proposant fréquemment des solutions impliquant du sang de cochon, du bacon, des cochons morts, du steak haché de porc, et ainsi de suite. Jusqu’à ce qu’un certain Éric eut cette idée de génie :

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Il reçut 6 «likes», puis une militante importante de La Meute nommée Jo Caya en rajoute. Pour vous donner une bonne idée de quoi ont l’air les discussions dans La Meute, voici un échange édifiant:

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(Bref, ils proposent finalement de filmer des musulmans en train de courir après les cochons…)

Un peu plus loin, ce même Éric louange la «violence extrême si nécessaire» des Sons of Odin (groupe rival de La Meute) contre les «invasions ennemies»:

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L’acte haineux du 19 juin 2016

Quatre mois plus tard, à 2:10 a.m., fut retrouvée une tête de cochon à la Grande Mosquée de Québec, dans un emballage cadeau orné de divers «choux» de couleur et une petite carte souhaitant «bon appétit» :

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Autrement dit, la proposition d’Éric fut appliquée à la lettre, à part le fait que l’emballage cadeau n’était pas «doré» et que le message n’était pas «bienvenue».

Tel que précisé dans l’article de The Gazette, les policiers ont décidé de considérer l’acte comme un simple «incident haineux» – plutôt qu’en tant que crime – puisqu’il n’y avait pas de réels propos menaçants dans la carte, selon eux.

 

Qui a fait ça?

Si l’on se porte sur l’intérieur de la carte, on peut se rendre compte que le coup d’éclat fut revendiqué par Québec Identitaire, un groupuscule d’extrême-droite ayant sévi entre 2014 et 2016, dans la région de Québec :

intérieur de la carte
Les policiers savaient donc que ce groupe récidivait, étant donné qu’il avait fait les manchettes en novembre 2014 dans les grands médias, en placardant des affiches «Islam hors de chez moi», dans trois des cinq mosquées de la région de Québec :

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Quel est ce groupe islamophobe? Sur les réseaux sociaux, ces activistes pouvaient jouir d’une page secrète, dont 8 membres sont encore présents. Le groupe serait toutefois inactif aujourd’hui :

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En conclusion, difficile de trancher la question de savoir si La Meute est directement responsable de ce geste haineux, qui fut revendiqué par un autre groupuscule.

Chose certaine, les discussions que l’on retrouve sur les groupes secrets de La Meute regorgent d’idées de ce genre, qui risquent de se matérialiser un jour. Monsieur et madame tout le monde côtoie les pires idéologues d’extrême-droite et militants violents dans une même conversation.

À voir tous ces gens rager ensemble «en silo», pour mieux détester un ennemi commun, force est de constater que La Meute n’est rien d’autre qu’un accélérateur de haine.

Portrait des Insoumis, groupe d’extrême-droite identitaire

Le mouvement des Insoumis est né en janvier 2012, suite à une scission du Réseau de Résistance du Québécois (RRQ) qui perdait ainsi la plupart de ses plus ardents militants. En tête des premiers leaders, il y avait les activistes agressifs Rhéal Mathieu (ex-felquiste) et Denis Ratté.

À la différence de La Meute – qui se veut pancanadienne – Les Insoumis se positionnent fièrement en faveur de l’indépendance du Québec. Ils se battent principalement pour la défense de la Loi 101, pour la valorisation de «notre histoire nationale» et «nos traditions ancestrales», contre la monarchie et ses symboles, puis contre l’ «islam politique» qui nous menacerait.

Ils affectionnent tout particulièrement les reconstitutions historiques où ils peuvent « shooter » allègrement de méchants britanniques.

zz shooter des britanniques

Leur lutte acharnée au «multiculturalisme», à l’islam et à l’ «immigration massive» en fait une formation ultra-identitaire qui multiplie les dérapages rhétoriques et les actions racistes. Ils avaient par exemple tout fait pour faire barrage à Alexandre Cloutier, candidat à la chefferie du Parti québécois en 2016, qui leur paraissait dangereusement « inclusif » :

zz vs Cloutier copie de Couillard

Leur portée

Le mouvement des Insoumis est un petit groupe de quelques dizaines de radicaux menés actuellement par leur gourou Sylvain Meunier, adepte de Kung Fu et résidant en Estrie.

zMeunier seul Kong fu

Divisée en 17 pages régionales, leur organisation Facebook essaie d’étendre ses tentacules aux quatre coins de la province. Ça fonctionne plus ou moins bien pour l’instant, mais Les Insoumis parviennent tout de même à se rapprocher du parti Citoyens du pouvoir (CAP), dont Rambo Gauthier a été nommé porte-parole, et d’Horizon Québec Actuel d’Alexandre Cormier-Denis et Philippe Plamondon (grand fans de Marine Le Pen au Québec).

C’est ainsi que le 26 août dernier, ils recevaient en grande pompe Cormier-Denis et Yvon Simard (chef effectif de CAP) qui y sont allés d’une performance éblouissante devant une foule en délire :

 

zzcolloque 1er sept1 délire
Le gars de la sécurité surveillait bien les lieux

À noter que l’événement était organisé dans le patelin de M. Meunier, en Estrie, là où les Insoumis rencontrent leurs plus grands succès populaires.

Pour rejoindre davantage de gens, leur première tribune est un site web visant à contrer les méchants médias fédéralistes et les «merdes d’antifas islamistes». Ils ont aussi une page Facebook consacrée à la réinformation – Sentinelle des patriotes – comptant une trentaine d’abonnés. Cette page est essentiellement un véhicule promotionnel des Insoumis, de CAP et du groupe de Cormier-Denis.

Sylvain Meunier peine à faire décoller son mouvement dans un contexte où les groupes d’extrême-droite anti-islam ne cessent de proliférer. C’est pourquoi, dans un communiqué officiel, il a promis de laisser le champ libre à ces groupes comme La Meute, la Storm Alliance et les Soldiers of Odin, sur le terrain identitaire, alors que les Insoumis mettront surtout l’accent – en principe – sur la défense de la langue française et «nos traditions».

Voici deux exemples de tentatives de nouer des liens avec des formations rivales :

zzInsoumis et la meute - Copie
Au Kung Fu avec La Meute
zz Insoumis et SOO - Copie
Ici avec les Soldats d’Odin

Le hic c’est que ça ne lève toujours pas. Sylvain Meunier est alors devenu chroniqueur à Radio InfoCité, un média qui semble raffoler des discours conspirationnistes et réactionnaires. Il a trouvé sa niche à l’émission «Le journal du soir», animé par François Saint-Louis.

Les têtes vont rouler

Pour vérifier si les Insoumis ne s’intéressent désormais qu’à la promotion du français, analysons quelques judicieux extraits à propos du Safarigate en juillet dernier, lors duquel des musulmans avaient été aperçus au Parc Safari.

Le maître spirituel des Insoumis commence tout d’abord par se plaindre de la fermeture de sa page Facebook pour 24 heures, «à cause de 2-3 mangeux de marde» qui l’ont signalé suite à un statut hautement raciste qu’il avait écrit, même si pourtant il n’«incitait pas au meurtre, rien!».

Message à ces antiracistes : «Vous vous faites complices des pires terroristes de notre siècle!».

Selon l’avis de Sylvain Meunier, le fait de prier quelques minutes sur un terrain privé et réservé est clairement un acte de barbarie :

« J’ai toujours été très complaisant (sic) avec toutes les nationalités. Pis ça on parle pas d’une nationalité, on parle d’une idéologie. C’est une idéologie qui est vraiment arriérée. Déficiente, parce que tu recules des centaines d’années en arrière! Pis y’ont rien changé à leur philosophie. Pis si tu dis le contraire de ça, là, tu te fais couper la tête, dans leur religion! »

–L’animateur y va d’une réflexion perspicace: « J’sais pas à Montréal si tu te ferais couper la tête… » .

–M. Meunier relativise les choses: « Bin pas encore. Mais laisse-les gagner du terrain, pis ils vont nous couper la tête à grandeur de la planète! » (…).

–L’animateur concède que les musulmans sont comme ça : « Pour mettre les haut-parleurs, c’est un manque de classe. Pis si ils veulent me couper la tête, ils me couperont la tête ».

–Réponse de M. Meunier : « Un peuple doit se tenir debout contre l’envahisseur quand ils veulent s’imposer ».

Et sur la proposition de QS de donner le droit de vote aux résidents canadiens qui sont au pays depuis plus de 2 ans : « Après ça Québec solidaire essaie de nous faire accroire qu’ils sont nationalistes estie! Ça c’est vraiment le grand remplacement de population ».

 

Leurs actions

À part s’énerver contre les musulmans et les antifas, ils ne paraissent pas très constructifs.

Ils organisent à l’occasion des conférences BBQ, des manifs anti-gouvernement et des rassemblements de patriotes, parfois pour honorer des sites historiques évoquant les héros canadiens-français. Sur la prochaine image, on peut les voir avec un Bernard Landry qui semble plutôt crispé :

 

Insoumis avec Bernard Landry
Pour eux, nous devons combattre les deux grands fléaux de notre époque, soit l’anglicisation et l’islamisation du Québec…  C’est dans cette optique qu’en 2014, ils avaient été accusés de méfait pour avoir posé des pancartes « Oui à la Charte, Non à l’islam », à Sherbrooke, en Estrie.

L’on est forcé de conclure que Les Insoumis forment réellement un groupe d’extrême-droite xénophobe, obsédé par l’islam, comme tant d’autres groupes. Leur originalité tient à leur affirmation indépendantiste claire, mais même sur ce terrain, de nombreux autres groupuscules leur livre une solide concurrence (par exemple le Front patriotique du Québec, qui est plus gros qu’eux).

Souhaitons leur bonne chance (ou pas).

Le colloque Benhabib (encore) sous la protection de militants islamophobes

En juillet dernier, j’avais publié un article dans Ricochet déplorant le fait que le dernier colloque organisé par Mme Djemila Benhabib – ayant eu lieu le 9 mai 2017 – ait fait appel à La Meute pour assurer la sécurité de l’événement.

Comme je l’ai fait valoir à plusieurs reprises, La Meute est un groupe d’extrême-droite raciste qui utilise ce type d’événements pour normaliser sa présence dans l’espace public.

pitre 2 couteaux tournevis

 

Bien que mes articles sur le sujet étaient solidement fondés sur de nombreuses preuves et témoignages, ils provoquèrent un « backlash » d’une sévérité inouïe, culminant avec une lettre de Benhabib elle-même – tout à fait diffamatoire à mon endroit – publiée il y a deux semaines sur Facebook.

Mme Benhabib inventa de toutes pièces une histoire de policiers l’ayant mise en garde contre une éventuelle « casse » de son prochain colloque, dont j’en serais moi-même le « grand manitou »!

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Non seulement elle a menti sur ce point important pour me salir et promouvoir son événement, mais elle laissa aussi entendre toutes sortes d’autres choses scandaleuses…

 

Le nouveau colloque Benhabib, 28 septembre à Montréal

C’est donc avec surprise que j’entendis le témoignage de trois personnes crédibles m’assurant que (1) les policiers ne se sont rendus sur place que pour garder un œil sur «l’extrême-droite et La Meute» (2) le service de sécurité était encore opéré par des amateurs, faisant des fouilles sans permis légaux, et semblaient conseillés par Stéphane Roch en personne, chef des « opérations » de La Meute…

 

Je vous propose donc cet entretien avec Éric Émond, chef du parti politique provincial Changement Intégrité pour Notre Québec (CINQ). Il a aussi pris des photos et vidéos qui prouvent ses dires.

 

Entretien avec un témoin direct, Éric Émond

XC : Bonjour M. Émond. Premier aspect curieux de votre soirée : vous dites que c’est André Pitre lui-même (alias Stu Pitt, propagandiste de La Meute) qui vous a offert des billets gratuits?

M. Émond : Oui, on s’était parlé il y a quelques semaines. Je lui ai dit que je n’irais pas au colloque à mes frais. Je suis féministe et anti-raciste, ça ne m’intéressait pas de payer de ma poche pour investir dans un truc qui ne correspond pas à mes valeurs. Je sais que lui est dans La Meute et je suis anti-Meute. J’ai dit que j’allais accepter les billets si je venais accompagné de deux personnes. Et il l’a fait avec plaisir.

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XC : Cet événement était organisé par Mme Benhabib. Pourquoi Stu Pitt, qui n’a pas l’air riche, offre ainsi des billets à droite pis à gauche?

M. Émond : Lui-même se présentait accompagné de ses deux « bodyguards » de La Meute. Il a ajouté qu’il pouvait m’en avoir à moi aussi et il a un peu insisté. Moi j’avais pas peur pour ma sécurité. Je pense qu’il essaie de se rapprocher d’amis plus progressistes, pour essayer de convaincre le monde que La Meute est plus de centre-gauche (comme mon parti qui est de centre-gauche).

XC : Donc tu étais assis avec lui pendant le colloque, vous avez parlé?

M. Émond : Non, il m’a juste dit « Salut Éric, comment ça va? », mais c’est tout. Il était assis quelques sièges plus loin, avec ses gardes du corps.

XC : Quand tu es arrivé sur les lieux, au départ, avec deux femmes de ton parti, as-tu noté quelque chose d’inhabituel?

M. Émond : Il n’y avait pas de policiers. C’était bizarre car Benhabib disait qu’elle avait reçu des menaces. À l’entrée nous voyons la sécurité, des gens qui semblent de La Meute qui fouillent les sacoches des femmes (sans montrer leurs permis) j’en compte cinq officiels et plus de deux qui entourent la personne qui nous a invités (Stu Pitt).

 

XC : Comment peux-tu savoir que c’étaient des Meutons?

M. Émond : J’ai déjà fait un débat avec Stu Pitt par le passé et je pense les avoir déjà vus. Il y en a même un qui avait un bandana autour de la tête. Ça faisait pas professionnel. Un gars de la sécurité en arrière de moi a dit à ses acolytes: « Hey, le grand avec des lunettes, check-le! ».

XC : Quelle était l’ambiance?

M. Émond : Voir le monde réagir à ceux qui m’accompagnaient était sans prix : une confusion totale. C’étaient deux femmes racisées. Une arabo-musulmane et une d’origine indienne. Les gens dans la salle arrêtaient pas de les regarder croche. D’ailleurs celle qui est musulmane, qui ne porte pas de hijab, s’est quand même sentie inconfortable et a dû quitter le colloque avant la fin. De mon côté, j’avais vu des policiers et j’étais sorti pour aller leur parler.

XC : T’as parlé directement aux policiers?

M. Émond : Oui, ils étaient dehors. Je suis allé à leur rencontre. Après un temps, je leur ai demandé s’ils étaient là pour les menaces (car je sais qu’un de mes contacts avait préalablement appelé le SPVM pour demander s’il y avait eu menace et ils ont répondu par la négative).

XC : Ils t’ont parlé des « méchants antifas »?

M. Émond : Pas du tout! Je cite textuellement leur réponse (car je l’ai notée sur un papier) : « Nous sommes ici à cause de l’extrême-droite et La Meute, il n’y a eu aucune menace envers le colloque ou Benhabib dont nous sommes au courant et donc aucun inspecteur n’y a été assigné »…

XC: Ils t’ont donc dit qu’ils venaient surveiller La Meute?

M. Émond: Oui. L’homme qui était debout avec les services de sécurité (Stéphane Roch) est même venu me parler directement. Il m’a demandé si j’allais faire d’autres débats comme dans le bar (un débat du 28 juin avec Stu Pitt, lors duquel La Meute faisait la sécurité). Son visage me semblait familier. J’ai reconnu plusieurs visages de ce soir-là:

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Le débat opposait M. Émond à Stu Pitt

 

XC : Et aucune trace des antifas durant la soirée?

M. Émond : Rien. La salle était composée principalement d’un public d’un certain âge, très peu diversifiée (sauf pour les amis de Benhabib). Ils se retournaient souvent pour dévisager mes amies racisées à côté de moi. D’ailleurs la salle applaudissait surtout quand il y avait des remarques islamophobes.

XC : Par exemple?

M. Émond : Quand Benhabib a présenté les panélistes, elle a salué leur courage malgré les menaces qu’elle aurait reçues de la part de musulmans. Elle a ajouté en blague qu’ils voulaient la « lapider ». La salle a ri fortement.

Peu après, elle a monté le ton en disant que le hijab est le «voile de la honte et de l’indignation». Là encore la foule l’a acclamée.

Ensuite, après les conférences, un homme s’approche du micro et dit : « Je fais mon coming out, j’étais un islamophobe sous médication et là j’ai arrêté les traitements et je m’assume pleinement » et la salle quasi entière applaudit son islamophobie… Étant en ligne un peu derrière lui j’en profite pour «engeler» les gens qui applaudissent, ne pouvant me contenir devant cette affirmation et acclamation de la haine…

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L’homme fièrement islamophobe en bleu, avec Stu Pitt en arrière qui attend son tour au micro

 

XC : Une fois que tu étais au micro, qu’as-tu dit?

M. Émond : J’ai posé quatre questions. À ma deuxième, j’ai demandé à Benhabib le nom de l’inspecteur qui l’aurait mise en garde contre de supposées menaces, au cas où j’aurais des informations à lui transmettre. La salle a figé. Je suis du genre à attendre les réponses une minute de temps…

Suite à sa non-réponse, j’ai demandé : « Vu que vous ne croyez pas que les parents devraient rentrer les enfants d’un si jeune âge dans la religion (en leur mettant un hijab) est-ce que c’est l’avis de ce panel que nous ne devrions pas faire baptiser nos enfants? Et aucune première communion, confirmation, etc.? ». Les murmures se sont fait entendre dans la salle, la tension était palpable…

XC : Merci pour cet entretien.

M. Émond : Ça fait plaisir. J’aimerais préciser en terminant que je crois toujours que nous devons combattre la peur, la haine et l’ignorance par l’amour, la communication et l’éducation. Je continuerai d’être un allié du féminisme intersectionnel et de défendre les droits à l’égalité de toutes les femmes sans exception.

 

**Les deux personnes ayant accompagné M. Émond au colloque me confirment que son récit est conforme à leur propre version des faits.

 

 

 

 

Galerie de maîtres harceleurs

Je blogue sur Facebook depuis quelques années maintenant. Ce n’est qu’à la fin de juin que je me suis intéressé à un groupe d’extrême-droite nommé La Meute.

À peine ai-je écrit un premier article assez généraliste que des hordes de trolls ont envahi ma page pour m’accuser d’être à la solde de George Soros et faire censurer mes billets Facebook. J’ai décidé de leur tenir tête en écrivant un deuxième article, puis un troisième, qui ont tous été retirés suite à des vagues massives de signalements.

Grâce au soutien de Ricochet, j’ai quand même pu révéler que La Meute avait organisé un « camp du Non à Saint-Apollinaire » pour faire battre un projet de cimetière, qu’un colloque organisé par Benhabib avait bénéficié des services de sécurité de La Meute, et que les dirigeants du parti politique de Rambo Gauthier se rapprochaient de plus en plus du même groupe islamophobe.

Ma page Facebook est la cible de censures systématiques, c’est pourquoi j’ai démarré ce blogue wordpress il y a quelques semaines. Le harcèlement dont je suis la cible s’est tout même intensifié: insultes et menaces en messages privés, de nombreuses campagnes pour me faire perdre mon emploi, placardage de lieux publics pour m’intimider, calomnies dans de grands médias sans possibilité d’y répondre…

 

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Je propose un tour d’horizon des différents types d’harcèlement, sous forme de «galerie d’art».

 

La Meute

L’un des premiers à ouvrir le bal fut le vlogueur André Pitre (alias Stu Pitt), propagandiste de La Meute, qui fit une vidéo de 8 minutes dirigée  contre moi et fut visionnée des milliers de fois:

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Des menaces à mon emploi ont commencé à circuler par la suite:

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La machine à propagande s’est aussi mise en marche. On a tout d’abord fait un photo-montage truqué pour tenter de faire croire aux gens que j’effaçais moi-même mes statuts Facebook. J’ai été contraint de montrer les captures d’écran de mes avis Facebook pour répondre aux rumeurs (surréaliste!).

Les «loups» ont ensuite repêché des photos de moi pour en faire des «mèmes» d’un goût artistique certain:

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M. Lamontagne aime multiplier les mèmes sur la droitosphère

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Une tendance scatologique

D’autres artistes préfèrent exprimer leur préférence pour le scatologique:

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Louise Duval et Marie-Élaine Boucher

Ces deux copines islamophobes comptent parmi les harceleuses les mieux aguerries du web. Dès mes premiers articles, elle se sont mises à organiser de véritables campagnes de menace à mon emploi. On voici quelques preuves flagrantes (j’ai biffé les # de tél.):

z4a Louise Duval et Boucher

z4b louise menaces Marie-Élaine Boucher menaces

Dans le cas de Louise Duval, elle est allée jusqu’à enregistrer la conversation d’une des plaintes logées à mon collège. Non satisfaite de ses démarches déjà odieuses, elle espère également une certaine violence physique à mon endroit:

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NoName est le compte Twitter de Louise Duval

Richard Desnoyers

Bon, je ne connais pas ce M. Desnoyers proche des groupes d’extrême-droite, mais ce gars-là s’acharne sur mon emploi et laisse aussi entendre que je serais lié au terrorisme…

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À noter que M. Grim Hunter est prêt à acheter mes recueils de texte pour prouver que je pervertis la jeunesse…

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François Doyon

La palme du meilleur harceleur revient sans doute à M. Doyon, qui écrit frénétiquement sur moi, en ajoutant de grosses photos de mon visage et parfois en «sponsorisant» ses billets afin de rejoindre le plus de gens possible:

z6a Doyon sponsorisé

Comme il est lui aussi enseignant en philosophie, il a déjà promis de me faire bloquer toute perspective d’emploi future, en interférant dans les comités de sélection:

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Il a aussi essayé de convaincre ses amis de faire fermer mon blogue wordpress en leur montrant la marche à suivre:

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Puis quand sont survenus les actes de vandalisme samedi et dimanche derniers, au métro Joliette, M. Doyon en a fait sa bannière Facebook:

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Non seulement il s’est réjoui de ces méfaits publics – m’associant au terrorisme et me traitant de «pute du Canada» et de «sodomite» – mais il en rajouta même une couche en «likant» un commentaire souhaitant que les méfaits se poursuivent et en demandant si j’étais «bottom»:

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En conclusion, ce n’est là qu’un minuscule échantillon de tout ce que peuvent subir les personnes s’opposant publiquement à la xénophobie ambiante. Et s’il n’y a pas de racisme au Québec, alors pourquoi tous ces «maîtres» de l’indimidation s’acharnent-ils sur les antiracistes de manière aussi virulente?